Comment l’agriculture bio en Île-de-France se porte-t-elle ?
Fanny Héros : Nous nous basons sur les chiffres parus le 31 décembre 2022. Il en ressort que, à cette date, il existait 661 fermes bios en Île-de-France pour 38 300 hectares cultivés. Depuis 1997, année où nous avons commencé à collecter ces données, le nombre de fermes bios et d’hectares cultivés est en augmentation. Mais nous nous attendons pour 2023-2024 à ce que cette hausse soit moindre. En effet, nous redoutons des « déconversions », c’est-à-dire des retours d’agriculteurs bios vers le conventionnel. Ils ne le font pas de gaieté de cœur. Mais, notamment dans les grandes cultures, le blé bio doit s’aligner sur le prix du conventionnel alors que son coût de production est supérieur. Nous nourrissons donc quelques inquiétudes à ce sujet.
Y a-t-il des spécificités de l’agriculture bio en Île-de-France ?
Il s’agit aux 3/4 de légumes ou de grandes cultures. Parmi les agriculteurs, il y a beaucoup de personnes en reconversion, qui sont devenues agriculteurs hors cadre familial. L’un des gros problèmes est que les zones de production se situent en grande couronne, or les consommateurs habitent en petite couronne. En effet, le Bassin parisien est le plus gros bassin de consommation bio en Europe. Mais, avec les embouteillages, cela complique la logistique. Il faut réussir à combiner les deux. Nous contribuons à chercher les ponts entre l’offre et la demande.
Le président du GAB, Jacques Frings, souligne que le bio connaît une baisse de la demande chez les consommateurs. Comment l’expliquez-vous ?
C’est multifactoriel. Pendant le covid, nous avons pu constater, de la part des consommateurs, un engouement pour le bio et un retour vers l’achat à la ferme. Nous estimons qu’à l’heure actuelle cette baisse est conjoncturelle et que cela va repartir. Le problème est que des croyances demeurent, par exemple que le bio est plus cher. Certes, il est un peu plus cher à produire mais, surtout, les marges des distributeurs sont plus élevées car ils partent du principe que les consommateurs de bio sont plus aisés. Nous avons aussi pâti de la concurrence des labels. Du coup, le label AB a pu perdre un peu en éclat. Et puis il ne faut pas oublier le rôle des médias qui peuvent parfois mettre le ver dans le fruit en insistant sur cette cherté du bio, mais aussi sur des thématiques du type « est-ce que c’est du vrai bio ? »
En même temps, la question du prix du bio est un vrai sujet…
Si on parle de produits bios, non transformés, locaux et de saison, non, les prix ne sont pas si élevés. D’autant qu’on en vient à consommer moins de viande. Ce qui réduit encore les dépenses.
Mais alors comment le travail de pédagogie auprès du consommateur se fait-il ?
Par le palais, par l’assiette. Il s’agit de retrouver le plaisir de cuisiner. C’est pourquoi, au Groupement des agriculteurs bios d’Île-de-France, nous proposons des visites de fermes, des rencontres avec les agriculteurs. Parce que c’est important de montrer l’humain derrière le produit, de faire parler les producteurs de ce qu’ils font. De prendre conscience du service qu’ils rendent, sur le plan de la nutrition mais aussi de l’emploi et du lien social.
Infos pratiques : vous pouvez consulter en ligne le guide « Où acheter bio en Ile-de-France » proposé par le GAB Île-de-France / Salon international de l’agriculture, du 24 février au 3 mars, Paris Expo Porte de Versailles, 1, place de la Porte de Versailles, Paris (15e). Accès : Porte de Versailles (métro ligne 12, tram T2 et T3a). Ouvert de 9 h à 19 h tous les jours. Tarif : de 9 à 16 €. Gratuit pour les moins de 6 ansPlus d’infos sur salon-agriculture.com
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24 février 2024