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« Le réchauffement climatique a entraîné une augmentation des incidents dans les transports en commun »

@ Renaud CHODKOWSKI (Creative commons - Flickr)
La gare du Nord à Paris / © Renaud CHODKOWSKI (Creative commons – Flickr)

Après une année 2024 record dans les transports en commun franciliens du fait des Jeux olympiques de Paris, Amandine Martin, secrétaire générale de SNCF Transilien, passe en revue quelques-uns des défis pour 2025.

2024 a été une année record, été olympique oblige, dans les transports franciliens. Combien de voyageurs utilisent le réseau Transilien chaque jour ?

Amandine Martin : Environ 3 millions de voyageurs utilisent le réseau Transilien chaque jour. C’est l’un des réseaux ferroviaires les plus denses au monde après celui de Tokyo. Nous sommes dans une gestion à la seconde ; c’est un défi majeur. Contrairement au métro, nous devons gérer les RER et les trains de banlieue sur des voies partagées avec les TGV, les TER, les Intercités et les trains de fret. Chaque seconde compte et un retard a priori anodin de quelques instants dans une gare peut entraîner des retards de 30 minutes en bout de ligne. Nous devons également gérer les incidents en temps réel pour minimiser les perturbations – bagages oubliés, incivilités, aléas météorologiques, et bien sûr incidents techniques sur le matériel ou les voies.

En parlant d’aléas météorologiques, est-ce que vous constatez un impact du réchauffement climatique sur le réseau ?

Le réchauffement climatique a clairement entraîné une augmentation des incidents liés aux conditions météorologiques extrêmes, comme les tempêtes et les fortes chaleurs. Entre 2022 et 2023 par exemple, ces incidents ont doublé, et ils augmentent un peu plus chaque année en nombre et en ampleur. Concrètement, on parle de branches tombées sur les voies ou encore de problèmes liés à la chaleur qui affectent les rails. Ce sujet de notre adaptation au changement climatique est pris très au sérieux et fait l’objet d’un plan d’action au sein de Transilien SNCF Voyageurs.

Quel a été le bilan des Jeux olympiques et paralympiques pour le réseau ? Comment cet événement a-t-il impacté le réseau francilien ?

Les Jeux olympiques ont été un défi logistique majeur. Nous avons réussi à gérer l’afflux massif de voyageurs grâce à une planification et une préparation minutieuse, ainsi qu’à des renforcements de notre offre de transport ; sans oublier nos équipes sur le terrain. Nous avons également mis en place des systèmes d’information en temps réel pour guider les visiteurs venus du monde entier. Nous pouvons dire que nous avons contribué au succès des Jeux en offrant un service fiable et efficace. On parle de plus de 95 % de ponctualité et surtout, ce qui nous rend le plus fiers, de 97 % de satisfaction client.

Justement, parmi les innovations majeures de 2024, on compte le prolongement du RER E vers Nanterre. Où en est cette ligne ?

Nous avons réussi à ouvrir la ligne en mai 2024 malgré les différents retards dus au covid, qui a par exemple impacté la livraison de trains par Alstom. Désormais, les voyageurs peuvent aller de La Défense à Gare du Nord–Magenta en seulement 10 minutes, ce qui fait de cette ligne le RER le plus rapide même s’il y a encore un rodage technique qui entraîne parfois des problèmes de ponctualité.

Quelle est l’actualité du réseau Transilien depuis début 2025 ?

Nous avons inauguré le 19 février le technicentre ultramoderne de Val Notre-Dame destiné à la maintenance des trains de la ligne J. Il offre de meilleures conditions de travail pour nos salariés et permet de traiter beaucoup plus de trains en maintenance. C’est une avancée significative pour la ponctualité de la ligne. Ce printemps, Île-de-France Mobilités choisira son futur opérateur pour la ligne L, exploitée actuellement par Transilien jusqu’à fin 2026. L’ouverture à la concurrence se met en place sur le réseau francilien et Transilien répondra présent.

Quelles sont les nouveautés pour les voyageurs ?

Nous introduisons des trains financés par Île-de-France Mobilités plus modernes et plus confortables, climatisés, équipés de prises USB. Sachant qu’un train neuf subit moins de pannes. Nous avons mis en place un système d’information sur l’affluence à bord des trains en temps réel sur les écrans en gare. Cela permet aux voyageurs de savoir où s’installer confortablement. Les nouveaux trains sont équipés pour cela de compteurs qui enregistrent les entrées et sorties des passagers. Dans les trains non équipés, nous utilisons des caméras pour estimer l’affluence. C’est une innovation en partie conçue par le Lab de la Mass Transit Academy.

Qu’est-ce que cette académie ?

Il s’agit d’un programme de la SNCF pour former les cadres à tous les aspects du transport collectif en association avec SNCF Réseau, Gares & Connexion, Transilien et Keolis. L’idée est d’améliorer la coordination entre les différents acteurs du transport en Île-de-France, car gérer un réseau en zone très dense, où tout se joue à la seconde près, requiert des compétences uniques. Cela nécessite de se former en permanence à de nouvelles techniques.

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