
Saint-Ouen, Pantin, Guyancourt… Le nombre de municipalités qui instaurent le congé menstruel pour leurs agentes augmente doucement. Dans les Hauts-de-Seine, Sceaux a été la première à le mettre en place en juin dernier. Philippe Laurent, le maire de la ville, nous explique pourquoi.
En juin 2024, le conseil municipal a acté la mise en place du congé menstruel pour les agentes de la ville. Qu’est-ce qui l’a conduit à instaurer cette mesure ?
Philippe Laurent : Nous en parlions depuis quelque temps avec les représentants du personnel municipal. Au sein de la DRH, nous avons un service dévolu à la qualité de vie au travail. Et nous échangeons régulièrement avec les représentants syndicaux. Le sujet a émergé au cours de ces discussions et a ensuite été voté. Il existe une responsabilité sociale de l’employeur. Il nous faut donc proposer la meilleure qualité de vie possible au travail. Or il me semble que les maires n’ont pas toujours cette conscience qu’ils sont effectivement des employeurs. Par conséquent, il faut montrer que la fonction publique sait s’adapter aux évolutions de la société.
Concrètement, que signifie le congé menstruel ?
Le terme n’est pas exact car il ne s’agit pas d’un congé, mais plutôt d’une adaptation du temps de travail. Les agentes doivent fournir un certificat médical et il y a ensuite un système de gradation. Cela commence par des jours de télétravail, puis cela peut être un aménagement du temps de travail, pour, par exemple, favoriser une réduction des efforts physiques. Enfin, si nécessaire, les agentes peuvent bénéficier d’une autorisation spéciale d’absence. Pour l’instant, deux agentes ont plébiscité ces autorisations spéciales. Sur 430 agents, cela s’autorégule. Nous parions sur la responsabilité de chacun.
Justement, que diriez-vous à vos collègues maires qui rechignent à mettre ce système en place ?
Je suis moi-même maire depuis 23 ans. Cela consiste notamment en un dialogue permanent avec les agents et en la volonté de lutter contre les risques psychosociaux. Il me semble que l’important est de faire confiance au sens de la responsabilité de nos agents. N’oublions pas que, dans les collectivités territoriales, nous pâtissons d’un manque d’attractivité qui débouche sur une pénurie de recrutement. Enfin, mettre en place le congé menstruel, cela contribue à l’image globale de la ville.
« Congés menstruels : quels retours des différentes expérimentations ? » à lire sur theconversation.com
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18 mars 2025 - Sceaux