Avec sa micro-brasserie Toussaint dans les Yvelines, Clément, ingénieur agronome, est en train de faire d'une bière deux coups : monter sa boîte et vivre de sa passion. Nous l'avons rencontré.
Quel a été le début de l’histoire ?
Clément Toussaint : Lors d’un Noël il y a 4 ans, mes frères et sœurs m’ont offert un kit pour apprendre à faire de la bière soi-même. J’ai adoré. Je suis ingénieur agronome de formation donc j’ai toujours aimé la biologie. Je me suis donc pris au jeu. Je me suis énormément renseigné sur la technique et les méthodes de production. Aujourd’hui, j’ai décidé de passer à la vitesse supérieure.
Nous sommes dans ta future brasserie à Louveciennes, pourquoi ce choix ?
Le 78, c’est là où j’ai grandi et fais mes études. Je suis du Chesnay exactement. Mon souhait était de créer une entreprise familiale. Mes parents sont dans le 78, un de mes frères aussi. Deux autres sont dans le 92 donc il fallait que cela reste dans le périmètre.
La ville de Louveciennes est-elle au courant de ton entreprise ? Va-t-elle t’aider ?
Je vais bientôt rencontrer la mairie. Ils m’ont déjà proposé quelques partenariats dont un avec l’apiculteur de la ville. Une de mes bières est à base de miel et je serais ravi de pouvoir utiliser le miel de Louveciennes pour mes prochaines recettes. Aujourd’hui, il vient de Picardie.
Quel est ton objectif en créant cette micro-brasserie ?
Mon objectif premier est de faire découvrir et partager ma passion. J’ai choisi de faire des bières grand public par rapport à certaines micro-brasseries qui ont des bières parfois très marquées qui ne plaisent pas forcément à tout le monde. Je compte également mettre en place des opérations portes ouvertes pour faire découvrir mes ingrédients, leurs origines ainsi que le processus de fabrication pour être totalement transparent vis-à-vis du consommateur. C’est quelque chose de très important pour moi.
Quelle est ta définition du micro-brasseur ?
Pour moi, c’est une brasserie à taille humaine, avec quelqu’un qui fabrique, qui aime son produit et qui ne le crée pas forcément pour d’autres marques. Tu dois rester proche de tes clients en privilégiant des circuits courts. Si je vends à des distributeurs, cela se fera en petite quantité, et, surtout, je veux savoir à qui je vends et si cela s’inscrit dans ma démarche. Je veux rester maître du circuit de distribution malgré tout.
Peux-tu nous décrire tes bières phares ?
Il y en a 3. La Miel est une bière avec des touches fleuries et caramélisées. La Blonde est désaltérante, un peu houblonnée avec une petite touche d’amertume et de fleurs. Enfin l’Houblonnée s’adresse à un public plus spécifique, habitué à ce genre de goût.
Quelle est ta première réussite ?
C’est d’être ici ! J’ai quitté mon travail pour monter cette entreprise, pour y aller à fond et en tout cas jusqu’au bout.
Et pourquoi avoir décidé de te lancer dans une campagne de crowdfunding ?
Cela me permet de ne pas être complètement dépendant de mes parents. J’ai 27 ans, c’est ma première entreprise, et je ne voulais pas que la caution parentale soit primordiale. J’ai donc réussi à emprunter auprès des banques et le crowdfunding va me permettre de financer les 10% de risques que tu prends généralement lors de la création d’une entreprise. Cela me donne aussi l’opportunité de diffuser la marque, de développer le marketing et d’aller plus loin dans mes procédés de production et d’économie d’énergie.
Un mot de la fin ?
Il ne faut pas avoir peur d’entreprendre. Pour l’instant, j’ai plutôt de la chance. J’ai été très bien accompagné que ce soit par les banques, ou encore l’Etat. Il faut arrêter de dire qu’en France, entreprendre est trop difficile, je pense même que c’est plutôt le contraire. Quand le projet tient la route, les banques ne s’y trompent pas. Et entreprendre en banlieue c’est encore mieux car tout reste à faire, les loyers sont moins chers, le niveau de vie est meilleur.
Si vous voulez enrichir la carte des bières franciliennes, vous avez jusqu’à dimanche pour participer au crowdfunding de Clément sur Ulule.
15 mars 2016