Les hommes ont-il conscience du harcèlement que subissent les femmes dans les transports ? Chloé, alias La Raileuse, est allée leur demander.
On entend, et on lit, quasi-quotidiennement, des témoignages de femmes, harcelées dans les transports en commun. Mais qu’en est-il des hommes ? Ont-ils conscience de ce fléau ? Comment le perçoivent-ils ? Se sentent-ils concernés ? J’ai voulu en avoir le coeur net. J’ai donc lancé, il y a maintenant quelques mois, sur internet, un sondage, pour avoir l’avis de ces messieurs sur le sujet. Grâce à l’aide de Stop harcèlement de rue, qui a relayé ce questionnaire sur les réseaux sociaux, j’ai réussi à récolter 1194 réponses.
Des réponses à prendre, bien entendu, avec des pincettes : je n’ai en effet pas pu vérifier l’identité de tous les internautes ayant participé au questionnaire, et les réponses proposées étaient plutôt restrictives (j’ai bien pris en compte vos remarques et commentaires, je vous en remercie). Je publie tout de même un aperçu des résultats de cette enquête. Histoire qu’on sache, à peu près, ce que pensent les hommes du harcèlement.
Ce sont principalement des usagers réguliers des transports en commun qui ont répondu à ce questionnaire (61,4%), âgés entre 20 et 30 ans (64,3%), et habitant en province (52,8%).
59,8% des hommes qui ont répondu à ce sondage se sentent concernés par le problème du harcèlement dans les transports en commun. 35% d’entre eux ont entendu parler du sujet lors de conversations avec leurs amies, dans les médias (31,8%) ou parce qu’ils ont été témoins de situations de harcèlement (30,5%).
Plus de la moitié des hommes ayant répondu au questionnaire n’a jamais été confrontée à une scène de harcèlement dans les transports (55,3%). Pour ceux qui l’ont été, 50,9% d’entre eux ont déclaré avoir réagi. Et 26,3% auraient aimé s’interposer mais n’ont pas osé.
Enfin, 95,1% des hommes ayant répondu à cette enquête pensent qu’il faut agir contre le harcèlement dans les transports en commun. Parmi les solutions plébiscitées : une meilleure sensibilisation du public (pour 67,4% d’entre eux), plus d’équipes de sécurité dans les transports (pour 51,5%) et une meilleure communication de la RATP et de la SNCF sur le sujet (pour 47,6%).
J’ai également demandé à ces messieurs ce que leur inspirait le harcèlement dans les transports. Voici les mots qui sont principalement revenus dans leurs réponses :
Je rappelle que toutes ces réponses sont à prendre avec précaution, puisqu’elles proviennent d’un questionnaire Google Form, qui n’est pas fiable à 100%.
Ah, et pour info : le gouvernement a lancé, le 9 juillet dernier, son plan national de lutte contre le harcèlement dans les transports. Douze engagements, censés permettre d’éradiquer ce fléau. Parmi les mesures annoncées (dans les grandes lignes) :
– l’expérimentation de marches participatives au cours desquelles les usagères pourront visiter des stations, des gares et des trains pour identifier les problèmes existants et les solutions à mettre en place (comme un meilleur éclairage, la nécessité d’une présence humaine, ou de vidéoprotection).
– une campagne de sensibilisation via des espaces publicitaires, pour rappeler que le harcèlement est puni par la loi et inviter les témoins à se montrer solidaires. Les publicités sexistes dans les transports devraient en outre disparaître.
– la possibilité de faire usage du numéro d’urgence de la SNCF (3117), pour signaler toute situation de harcèlement, et ainsi déclencher l’intervention des forces de l’ordre. D’autres outils numériques d’alerte et de signalement devraient aussi voir le jour.
– une formation pour les opérateurs de transport, pour leur permettre d’améliorer l’accompagnement des victimes.
Vous en pensez quoi ?
Retrouvez les chroniques de Chloé dans les transports franciliens sur son blog La Raileuse
28 juillet 2015