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La Bergerie nationale de Rambouillet, pédagogique et écologique

Le troupeau de Mérinos de la Bergerie nationale à Rambouillet / © Bergerie nationale
Le troupeau de béliers mérinos de la Bergerie nationale à Rambouillet / © Bergerie nationale

Elle a traversé les siècles, plus de deux en tout. Créée par Louis XVI, la Bergerie nationale de Rambouillet a pris le tournant de l'agriculture durable dans les années 1990 et s'est également muée en ferme pédagogique pour permettre à chacun de comprendre les enjeux agricoles de façon ludique. Journaliste pour Enlarge your Paris, Virginie Jannière s'y est rendue.

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Selon certains, l’expression « laissez pisser (le mérinos) » aurait été inventée par Louis XVI en personne pour faire comprendre de laisser faire. Voici l’origine de cette anecdote historique : après avoir racheté et fait défricher un domaine à Rambouillet (Yvelines), le jeune roi passionné de nature et de chasse veut développer l’innovation en matière d’agriculture et d’élevage en créant la Bergerie nationale en 1783. Pour cela, il fait importer 366 moutons mérinos d’Espagne afin de produire une laine exceptionnelle. Après quatre mois de marche, lorsque les bêtes arrivent à destination le 12 octobre 1786, le bélier de tête se met à uriner devant le roi, provoquant la panique des bergers, vite calmés par cette phrase du jeune monarque.

Quoi qu’il en soit, un peu plus de deux siècles plus tard, les moutons sont toujours là (enfin, leurs descendants). La Bergerie nationale est devenue à la fois une ferme pédagogique, une exploitation agroécologique favorisant les circuits courts et le bien-être animal, ainsi qu’un pôle de recherche et de formation. Complètement délaissé après la Seconde Guerre mondiale pour des raisons productivistes, le domaine, qui s’étend sur plus de 1 000 hectares (dont 250 hectares pour la Bergerie), a pris le tournant de l’agriculture durable dans les années 1990. « Le terme d’agroécologie n’est pas si connu donc pas très vendeur pour la découverte de la ferme, mais cela veut tout simplement dire qu’est pratiquée ici une agriculture bio, durable et en accord avec le territoire », explique Frédéric Drieux, le responsable de la ferme pédagogique qui travaille au sein de la Bergerie nationale depuis près de trente ans.

Bonjour veaux, vaches, cochons

On commence notre découverte des lieux par les béliers mérinos. Ceux-ci constituent une curiosité scientifique puisque le troupeau d’environ 200 têtes est conservé en « consanguinité contrôlée » (une tâche dont se charge l’INRAE). Si aujourd’hui ils ne sont plus revendus, ils continuent en revanche d’être élevés pour leur laine. Plus loin, on découvre des agneaux qui sautillent près de leurs génitrices et qui sont élevés pour leur viande. Au fil de notre promenade, on croise aussi de splendides chevaux de trait, des cochons, des chèvres angoras, des poules et une soixantaine de vaches laitières. « Les écoliers de Rambouillet peuvent manger les yaourts et les fromages blancs de ce troupeau, nous indique Frédéric Drieux. Elles ne produisent que 20 litres de lait par jour contre le double en agriculture intensive. Mais elles marchent, mangent le foin du domaine ainsi que les céréales bios de nos champs. Le bien-être animal et les circuits courts sont au cœur du projet de la ferme»

C’est ainsi que la laine, les céréales, la viande et les produits laitiers sont vendus au Mérinos Café à l’entrée du domaine. Depuis la crise du covid, l’intérêt des consommateurs pour le local est de plus en plus palpable à la Bergerie nationale. « Cette année, nous avons comptabilisé 6 000 visiteurs au marché de Noël, contre 3 000 habituellement », se réjouit Frédéric Drieux. D’autres événements comme la tonte des moutons en mars ou les marchés fermiers sous les granges construites par Napoléon III attirent également des milliers de personnes chaque année.

Dans les étables de la Bergerie nationale / © Bergerie nationale
Dans les étables de la Bergerie nationale / © Bergerie nationale

120 000 visiteurs en 2022

Quant aux visites de la ferme pédagogique, elles connaissent elles aussi un franc succès. « En 2022, au moins 120 000 personnes, dont environ 25 000 scolaires, sont venues ici pour découvrir nos manières de produire », précise Frédéric Drieux. Passionné par la dimension pédagogique, il a semé avec ses équipes de nombreux panneaux explicatifs et ludiques. Il propose aussi un large éventail d’activités, des « escape games à la ferme » aux balades en calèche en passant par la possibilité d’assister à la traite des vaches.

Récemment, dans le jardin de Montorgueil (ancien terrain de jeu de Louis XVI pour ses expérimentations agricoles), Frédéric Drieux a fait installer un « parcours pieds nus » ainsi qu’un théâtre de verdure qui accueille des concerts à la belle saison. À l’écouter nous parler de ce lieu chargé d’histoire, on en oublierait presque de rentrer dans nos pénates bétonnés. Et si on laissait plutôt pisser le mérinos ?

Infos pratiques : Bergerie nationale de Rambouillet, parc du château, entrée par la rue de la Motte, Rambouillet (78). Ouvert du mercredi au dimanche de 14 h à 18 h et tous les jours pendant les vacances de la zone C sauf le 25 décembre et le 1er janvier. Tarifs : 7,50 € (plein tarif), 5,50 € (enfants de 3 à 12 ans), gratuit pour les moins de 3 ans. Boutique de la Bergerie et Mérinos Café ouverts du mercredi au dimanche de 14 h à 18 h et tous les jours pendant les vacances de la zone C sauf le 25 décembre et le 1er janvier. Du 23 décembre au 7 janvier, la Bergerie nationale organise « La Bergerie fête Noël ! ». Accès : gare de Rambouillet (ligne N) puis 2,5 km à pied ou bus ligne D depuis la gare. Plus d’infos sur bergerie-nationale.educagri.fr

En partenariat avec Interbev, association fondée en 1979 qui fédère les organisations nationales représentant la filière française de l’élevage et des viandes, ses entreprises et ses métiers : éleveurs, commerçants, bouchers… Elle porte la voix des professionnels et valorise leur volonté de proposer aux consommateurs des produits sains, de qualité et issus d’un mode de production plus durable. Plus d’informations sur l’agriculture circulaire sur agriculture-circulaire.fr

Le site de la Bergerie nationale s'étend sur plus de 1 000 hectares à Rambouillet / © Bergerie nationale
Le site de la Bergerie nationale s’étend sur plus de 1 000 hectares à Rambouillet / © Bergerie nationale

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