Culture
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Comment je me suis occupée toute une journée à la BnF

Inaugurée le 30 mars 1995, la BnF François-Mitterrand dans le 13e célèbre ses 30 ans / @ Fred Romero (Creative commons / Flickr)
Inaugurée le 30 mars 1995, la BnF François-Mitterrand dans le 13e célèbre ses 30 ans / @ Fred Romero (Creative commons / Flickr)

Alors que la BnF François-Mitterrand dans le 13e fête ses 30 ans ce 30 mars, la journaliste d'Enlarge your Paris Joséphine Lebard est allée y passer une journée pour découvrir tout ce que l'on pouvait y faire

Avouons-le sans détour : apprendre que le site François-Mitterrand de la BnF (13e) fêtait ce mois-ci ses trente ans, ça m’a mis un petit coup de pelle. Sans dire que c’était hier, je me souviens bien de l’édification de ces tours en forme de livres ouverts le long de la Seine. Comme des gens qui râlaient, au départ, parce que le bois d’ipé, utilisé pour l’esplanade, devenait une vraie patinoire dès qu’il pleuvait. Mais le 30 mars 1995, personne ne râle : peu de temps avant la fin de son second septennat, François Mitterrand inaugure avec la BnF l’un de ses derniers grands travaux. Il est allé jusqu’à choisir lui-même la moquette rouge écureuil qui en orne les couloirs. Elle ne sera ouverte au public qu’un an plus tard, en décembre 1996.

Trente ans après, je décide, pour l’occasion, d’y passer la journée. Pendant mes années d’études, j’ai fréquenté ses salles de lecture et, régulièrement, je m’y rends pour voir une expo. Mais je me dis que je n’ai sans doute pas exploré toutes ses possibilités. Avant de descendre l’escalier et de passer l’entrée, je me pose sur l’esplanade. Devant les grandes baies vitrées, en dépit de l’heure matinale, quelques groupes de danseurs sont déjà en train de répéter leurs chorés. Comme la piazza devant Beaubourg ou la halle du CENTQUATRE, je trouve chouette que ce lieu de culture réussisse à agréger d’autres pratiques. Accoudée à la rambarde, je laisse mon regard s’égarer du côté du jardin-forêt d’un hectare en contrebas. Pour l’imaginer, l’architecte Dominique Perrault s’est inspiré du cloître médiéval : pins sylvestres, charmes, bouleaux créent ce délicieux enchevêtrement végétal auquel les visiteurs n’ont pas accès. Ce qui favorise l’épanouissement de la faune. La Ligue de protection des oiseaux y a recensé 13 espèces de volatiles dont… des éperviers ! Et ce sont des chèvres qui assurent l’entretien par écopâturage.

Après avoir passé le contrôle, me voici dans le hall d’accueil du public. Près de trente ans après, je suis toujours aussi touchée par l’épure qui domine ici. Le béton et le verre traités sans chichis mais avec chic constituent un ensemble sobre qui pourrait sembler solennel s’il n’était réchauffé par la fameuse moquette rouge et le mobilier en doussié, un splendide bois africain aux teintes brun-rouge. À l’accueil, on me conseille d’opter pour le passe Lecture/Culture : pour 24 € par an, il me donne accès aux salles de lecture ouvertes au public, aux expos, à l’ensemble de la programmation culturelle… Mais pas seulement. Je peux emprunter 5 livres par mois au format eBook, je bénéficie de réductions sur les ateliers et je peux aussi me faire épauler en physique ou en distanciel par un bibliothécaire pour m’aider dans mes recherches. Je signe direct ! Ma carte sera prête dans quelques jours.

Une scénographie très élégante

D’ici là, je commence par l’expo consacrée à l’Apocalypse qui se tient jusqu’au 8 juin. Gravures de Dürer ou de Goya, toiles d’Odilon Redon, aquarelles de William Blake, peintures d’Otto Dix ou de Georg Grosz… L’ensemble proposé a de l’allure, le tout dans une scénographie très élégante. Je note le nom de plusieurs artistes contemporains que je ne connaissais pas, notamment Laurent Grasso. Je reste en arrêt devant ses toiles qui jouent avec les codes de la peinture Renaissance. J’enchaîne avec une autre exposition, gratuite celle-ci : l’épouse de l’artiste Geneviève Asse a fait don à la BnF de 25 carnets réalisés entre les années 80 et 2000. Ils sont exposés jusqu’au 25 mai dans un cadre intimiste. Après la profusion des œuvres évoquant l’Apocalypse, la simplicité de ces carnets provoque un contrecoup bienvenu. Outremer, indigo, ardoise… On se perd dans les nuances de bleus développées par Geneviève Asse qui invitent à la méditation.

Avec l’envie de prolonger cette pause contemplative, je me dirige vers le hall ouest et le Café des globes. Soyons honnêtes : il s’agit plus d’une cafétéria avec sandwichs qui ne cassent franchement pas des briques. Pour déjeuner, mieux vaut ressortir et se rendre sur le parvis face au MK2 Bibliothèque où stationnent plusieurs food trucks. Mais le café se situe face à une terrasse donnant sur le jardin-forêt. Je m’y installe au soleil avec un gobelet de thé. Dans les arbres, les oiseaux pépient. J’aurais bien aimé voir un épervier mais ce ne sera pas pour cette fois.

Direction les salles de lecture. Pour 5 € – oui, vu que je n’ai pas encore ma carte –, on y a accès pour la journée. Dix salles de lecture sont accessibles au public. De la A (consacrée à l’audiovisuel) à la J (philosophie, histoire et sciences de l’homme). Un peu secouée par l’expo apocalyptique, je décide de choisir celle consacrée à la littérature Jeunesse. J’arrive dans une vaste pièce pleine de canapés moelleux et de sièges colorés. Mais que ne suis-je jamais venue ici avec ma descendance ! Sur des tables, on trouve plein de nouveautés Jeunesse. Dans les rayonnages, on peut farfouiller dans le rayon « Grands classiques » et se refaire l’intégralité des Astérix ou glaner dans la « Bibliothèque Idéale ». J’en profite pour effectuer quelques recherches sur un sujet qui m’intéresse autour d’Andersen, et déniche de nombreuses références passionnantes…

Une salle de lecture de la BnF François-Mitterrand / @  Madeira78 (Creative commons / Flickr)
Une salle de lecture de la BnF François-Mitterrand / @ Madeira78 (Creative commons / Flickr)

La bibliothèque qui ne dort (presque) jamais

Je m’accorde enfin un ultime stop à la librairie Tschann 13. Au-delà d’une très belle sélection, elle propose nombre de livres d’art à prix réduits. Comme cet ouvrage de l’historien Daniel Arasse sur le maniérisme italien qui passe d’une centaine d’euros à… 25 € ! Devant la librairie, je m’arrête devant un ordinateur. On peut y sélectionner des affiches tirées des collections de la BnF et se les faire imprimer à la minute. Je garde l’idée en tête pour les prochains anniversaires et autres Noël. Une bonne idée cadeau !

C’est un peu à regret que je dois partir (oui, il y a des papiers à écrire), ayant bien conscience que je n’ai pas encore tout exploré des mystères de la BnF François-Mitterrand. Le soir de ma venue par exemple : en traînant encore un petit peu, j’aurais pu assister à un concert hommage à Pierre Boulez (on célèbre le centenaire de sa naissance). Dans les événements à venir, je me note une masterclass avec Fabcaro le 8 avril, une conférence sur le personnage du roman arthurien Perceval, « sot ou saint » le 5 mai ou encore le 15 mai un colloque ayant pour thème « Recherches et archives sur les luttes LGBTQIA+ ». Le tout en entrée libre. Mon passe Lecture/culture risque de chauffer…

Infos pratiques : BnF site François-Mitterrand, quai François-Mauriac, Paris (13e). Ouvert le lundi de 14 h à 20 h, du mardi au samedi de 9 h à 20 h, le dimanche de 13 h à 19 h. Accès : métro Bibliothèque François Mitterrand (ligne 14) ou gare Bibliothèque François Mitterrand (RER C). Plus d’infos sur bnf.fr

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