L’Allemagne n’est pas la seule patrie de la bière. Les brasseurs franciliens, de plus en plus nombreux, sont là pour le prouver. Mais qu’est-ce qui différencie leurs breuvages des mastodontes comme Heineken et Kronenbourg. La conscience professionnelle chevillée au corps et au gosier, nous avons entrepris avec La Ruche qui dit Oui !, spécialiste du bien manger (et du bien boire) local, de les tester lors d’une soirée mousses mémorable.
Au préalable, nous avions procédé à un inventaire des différents nectars sur le marché. Résultat, une quinzaine de marques identifiées rien qu’en banlieue que nous avons donc sirotées avec application pour en évaluer la buvabilité. Un exercice inspirant qui a donné lieu à des échanges enflammés entre les participants dont voici quelques bribes prises à la volée : « Elle m’encanaille le palais », « On est sur une bière Trans voire Queer », « Celle-ci fait son allumeuse. Elle promet beaucoup mais au final elle déçoit », « C’est une bière blonde bien roulée ».
20 à 30 jours de brasssage pour une bière artisanale contre 48 heures pour une bière industrielle
Si toutes les concurrentes n’ont pas séduit le jury, c’est paradoxalement parce que toutes avaient du goût, ce qui, en matière de bières, n’est pas toujours garanti. Le temps consacré au brassage y est pour beaucoup. Alors qu’il est de 48h en moyenne pour une bière industrielle, il atteint les 20 à 30 jours pour une bière artisanale. Sans parler des ingrédients. D’ailleurs, il nous a fallu enquêter à leur sujet. Nous voulions savoir d’où provenait l’arrière-goût de litchi remarqué dans la plupart des breuvages ingérés. Après, une semaine d’intenses investigations, nous avons fini par trouver la réponse sur le site du Super Coin, l’un des hauts lieux de la bière dans Paris intra-muros :
« Cette merveilleuse liane qu’est le houblon fait partie, tout comme le chanvre, des cannabinacées cultivées, sélectionnées et diversifiées par l’homme depuis l’antiquité. En l’occurrence, c’est écrit au-dessus et c’est pas de la blague, il s’agit parfois de faire pousser une liane parce que ses fleurs donnent une odeur de litchi à la bière. (…) Quelle que soit la bière, le houblon est ajouté sous une forme transformée au début et pendant le brassage. Mais certains brasseurs artisanaux mettent en plus un petit sac de fleurs fraîches de houblon à infuser en fin de brassage ce qui selon la variété utilisée dégage des arômes très fleuris, épicés ou fruités.«
Mettons fin au suspens et dévoilons les podiums respectifs d’Enlarge your Paris et de La Ruche qui Dit Oui ! Vous verrez qu’il en ressort une championne en provenance de Montreuil. Allez, santé !
Top 3 Enlarge your Paris : Deck & Donohue indigo IPA, La Parisis Triple, La Montreuilloise brune
Top 3 La Ruche qui Dit Oui ! : Deck & Donohue indigo IPA, La Parisis Triple, La Volcelest ambrée
On ne va pas vous laisser sur votre soif de connaissances. Voici pour vous les trois grandes différences entre une bière industrielle et une bière de micro-brasserie.
L’odeur : quand les bières industrielles ne sentent rien, les petites artisanales titillent nos narines. Ca sent souvent le houblon que certains prennent pour du litchi, mais aussi parfois le café, les agrumes… La plupart des micro-brasseurs ajoutent le houblon à cru après la première fermentation classique pour dégager de belles notes aromatiques.
Le dépôt : il arrive que l’on trouve un petit dépôt dans les bières artisanales. Normal, la clarification se fait uniquement avec le froid. Les industriels eux utilisent gélatine de boeuf et colle de poisson (à partir de leurs vessies) pour enlever toute trace de levure.
Le caractère : on aime ou on aime pas (nous on adore) mais les bières artisanales ont une vraie personnalité. Rien à voir avec les blondes du commerce qu’on avale par hectolitres sans même s’en apercevoir.
8 octobre 2015