Côté périph intérieur : le meilleur jambon-beurre du monde, dixit Time Out. Côté périph extérieur : le meilleur sandwich du Grand Paris d'après le Syndicat des boulangers du Grand Paris. Pour les départager : Joséphine Lebard, journaliste à Enlarge your Paris.
Il y a des cadeaux d’anniversaire plus inattendus que d’autres. Cette année par exemple, je suis cueillie au tout début de mon année supplémentaire par cette proposition de mon rédacteur en chef : tester dans la même journée le jambon-beurre du Petit Vendôme à Paris (2e) désigné meilleur sandwich au monde par Time Out et le sandwich de la boulangerie La Renaissance à Châtillon (Hauts-de-Seine), élu meilleur sandwich du Grand Paris 2025.
Étant donné le programme, je saute sagement la case petit-déjeuner et me dirige sur les coups de 11 heures vers Le Petit Vendôme. « On a le pain vers 10 heures, donc c’est à partir de cette heure-là qu’on peut commencer à proposer les sandwichs », m’explique très affablement un membre du personnel au téléphone. Qui m’encourage à venir tôt. Le midi, ça afflue dans cette petite rue nichée à l’ombre des sièges des grandes banques. Sans compter les touristes. D’ailleurs, quand j’arrive au Petit Vendôme, trois Japonais sont attablés en terrasse tandis que trois Américains passent commande au bar du fameux « ham and butter sandwich ». De l’autre côté du comptoir, entourée de dodus jambons suspendus ou de voluptueuses meules de saint-nectaire, l’employée attrape une petite baguette individuelle (environ une demi-baguette classique) la tartine d’une généreuse dose de beurre provenant tout droit d’une impressionnante motte d’un joli jaune. Et par-dessus, voici les lamelles de jambon à l’os qui viennent parfaire le tout. Car oui, au Petit Vendôme, le sandwich est réalisé minute.
J’avoue, je me laisserais bien tenter par le Patron (9 € à emporter) au jambon de Bourgogne, mon péché mignon. Ou celui à la terrine maison (7 €). Mais cela a beau être mon anniversaire, je n’en suis pas moins une grande professionnelle. Ce qu’on m’a demandé de tester, c’est le jambon-beurre. À emporter, il est à 6 €. Je décide de m’attabler en terrasse pour le déguster au soleil. Je demande si cela ne dérange pas. « Non, pas du tout, m’assure la serveuse. Le service n’a pas commencé, c’est très calme. Mais merci de demander. Installez-vous, détendez-vous, on s’occupe de tout ! » Ça faisait un moment que je n’avais pas eu droit à un service aussi charmant dans un établissement de la capitale.
La rencontre de Jacques Demy et Michel Audiard
Le sandwich arrive quelques minutes après par un garçon qui chantonne 2 Unlimited : « No, no, there’s no limit ! » Effectivement, au moment d’attaquer ce premier round sandwichesque, je me dis que, question gras, la journée risque d’être sans limite… En bouche, on salue le croustillant de la baguette qui vient de la boulangerie Julien. Le beurre normand apporte ce qu’il faut de souplesse et le jambon à l’os a un léger goût fumé très plaisant. Il coûte 6 € à emporter et 8 € sur place. Et franchement, je n’ai pas l’impression de m’être fait voler, ce qui relève de la gageure dans un quartier qui compte bon nombre d’attrape-touristes. Au contraire, au Petit Vendôme, entre cadres cravatés, touristes en goguette, habitués et gourmands curieux, c’est même une belle mixité qui se déploie. Au moment de l’addition, le serveur entonne My Way qu’on reprend finalement en chœur. Dans ce bar qui cultive le côté « dans son jus », c’est comme si, tout à coup, Jacques Demy et Michel Audiard avaient décidé de cosigner un film.
Mais pas le temps de faire des entrechats. Je file à Châtillon pour goûter l’un des spécimens lauréats du prix de « meilleur sandwich du Grand Paris ». Car, dans les faits, trois spécialités de la boulangerie La Renaissance ont été récompensées. Celui au camembert / émulsion oignon et miel / salade Mizuna, le tout sur du beurre salé. Celui au hareng sauce épicée à la tomate / œuf mimosa / salade Mizuna. Et le classique jambon fromage, sur un lit de beurre aux noix de cajou. Il s’agit d’être fair play. Je choisis donc le troisième sandwich. J’avoue que trouver quelques noix de cajou en morceau sur le jambon et le fromage me laisse un peu perplexe mais bon… Soyons aventureux ! Finalement, en bouche, ce n’est pas si mal. Le beurre de noix de cajou est une jolie trouvaille. Quant aux noix en elles-mêmes, elles apportent un peu de croquant bienvenu. En revanche, déception sur le pain, trop mou. Comme j’ai déjà un premier sandwich dans le cornet, je partage celui-ci avec Bastien. Lui aussi est agréablement surpris par la noix de cajou mais, pour finir, trouve l’ensemble un peu écœurant. Et puis bon, un sandwich à 7,20 € alors qu’on a franchi le périph et qu’on reste sur des ingrédients « basiques », ça fait un peu mal quand même…
Avouons-le : on a préféré le jambon-beurre du Petit Vendôme. Pour ses saveurs, certes, mais pas seulement. Pour le soleil attrapé en terrasse et pour la gentillesse du personnel vraiment aux petits soins. Chez les professionnels du tourisme, on appelle ça une « expérience ». Moi, j’appellerais ça tout simplement un bon moment…
Infos pratiques : Le Petit Vendôme, 8, rue des Capucines, Paris (2e). Ouvert le lundi de 8 h 30 à 16 h 30, du mardi au vendredi de 8 h 30 à 2 h du matin, le samedi de 10 h à 2 h du matin. Accès : métro Madeleine (lignes 8, 12 et 14). Plus d’infos sur lepetitvendome.fr / La Renaissance, 184 bis, avenue de Paris, Châtillon (92). Ouvert du lundi au samedi de 6 h 30 à 20 h 30. Accès : métro Châtillon–Montrouge (ligne 13). Plus d’infos sur larenaissance.metro
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24 mars 2025
