Pierre Priolet est arboriculteur à la retraite. Il y a deux ans, il quitte son Avignon natal pour prendre une chambre de bonne à Villejuif et vendre des fruits et légumes d’Île-de-France à Pantin dans un camion. Nous sommes partis à sa rencontre.
Il fait froid… mais pour une fois, pas de brouillard ! Direction place François-Mitterrand, au cœur de la cité des Courtillières de Pantin (93). Pas la peine de chercher sur Google Map, l’appli ne trouve pas. Mieux vaut descendre au fort d’Aubervilliers, ligne 7, puis demander aux habitants le camion à légumes.
Il est 15h et C’Juste Paris Solidaire trône sur la petite place rénovée. Dans le camion, des fruits et des légumes de saison, provenant de la région. Pierre Priolet et son associé, Barthélémy Leblanc, installent tranquillement les choux, les cèleris raves, les poireaux et… les raisins. Des raisins au mois de décembre !? En Île-de-France ?
« Ici, on vend des produits de saison mais au carreau des producteurs d’Île-de-France à Rungis, on ne trouve pas tout. Le raisin provient du sud. Goûte-le, tu verras, il est bon, c’est du muscat. » Testé, approuvé. Le raisin est pouponné par Véronique Mille à Goult, dans le 84. Vendu 5,80 euros/ kg, payé 2,90 euros à la productrice. Les pommes, elles, sont locales et viennent d’Ezanville (95), de Gambais (78) ou de Pamfou (77). Achetées entre 0,85 euros/ kg et 1,40 euros/ kg. Proposées entre 1,70 euros/ kg et 2,80 euros/ kg.
Tout, tout, vous saurez tout sur les produits
Et c‘est là que se trouve le combat de Pierre Priolet : la transparence sur le prix, pour que le consommateur sache combien est rémunéré l’agriculteur. Sur le site c-justeparis.fr, toutes les infos sont disponibles : prix d’achat, prix de vente et provenance des produits.
Une dame arrive pour remplir son panier. « En grande surface, c’est plus cher qu’ici et en plus la qualité n’est pas bonne. ». Pourtant sur l’étale, il n’y a pas tout. Mais qu’importe. Cette Pantinoise tient à consommer juste : « si j’ai besoin d’autre chose, je vais voir ailleurs ».
Pierre, un maraîcher qui tapine
Si Pierre fait le trottoir depuis un an à Pantin, comme il aime le dire, c’est parce que sa fille y habite. A sa demande, il a débarqué dans sa cour d’immeuble pour proposer des fruits et légumes de qualité. Après trois semaines, il rencontre l’association Banlieues Bleues. Rien à voir avec le business. Eux, ils sont plutôt branchés jazz mais ils aiment bien sa démarche. Du coup, ils lui prêtent leur parking pour qu’il puisse y poser son camion.
Quant à Barthélémy, Pierre le rencontre dans un cabinet de recrutement. Il sort d’une école de commerce de Lille et s’intéresse de prêt à l’agriculture urbaine. Lui cherchait un job, Pierre, un jeune. Une rencontre et c’est parti. « Mon idée c’est de re-créer un lien social, unir la ville à la campagne car l’une ne peut pas vivre sans l’autre. Les agriculteurs ont le droit de vivre de leur travail et les consommateurs de savoir d’où provient la nourriture ! » explique Pierre, un homme dont on peut dire qu’il a les idées sont aussi fraîches que ses légumes.
18 avril 2015 - Pantin