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« The Chômeuse go on » : les autocollants joyeusement militants

Un sticker de "Chômeuses go on" dans le métro à Paris / © Chômeuses go on
Un sticker de « Chômeuses go on » dans le métro à Paris / © Chômeuses go on

Les droits des femmes, la défense de l'environnement, la lutte contre le racisme... Le collectif « The Chômeuse go on » pratique un militantisme humaniste et joyeux à grand renfort d'autocollants. Résultat, entre eux et nous, ça a tout de suite collé.

Comment est né le collectif « The Chômeuse go on » ?

Sofia et Jojo : Pendant le mouvement des Gilets jaunes. On avait envie de l’alimenter avec ce que l’on savait faire. En l’occurrence, faire sourire les gens. On a donc commencé à distribuer nos autocollants dans les manifs, dans la rue, en les proposant à prix libre. Les Gilets jaunes en ont pris plein pour les apporter sur leurs ronds-points, et ils nous ont encouragés à continuer, y compris en les achetant. Ça nous a touchés de voir des personnes en galère être très généreux…

Comment s’effectue la création des autocollants ?

On a une personne qui est à fond sur la création, d’autres qui le sont de façon plus ponctuelle. Parfois on tombe sur un visuel qui nous plaît, alors on demande à son créateur si elle est OK pour qu’on la diffuse dans le cadre de ce projet. Au fil du temps, on a développé un ton qui est plus porté sur l’humour que sur la dénonciation, sur les images sensibles que sur les symboles abstraits. On a envie de redonner aux gens de l’allant et de la joie.

Pourquoi avoir choisi l’autocollant comme média ?

Parce qu’il s’affiche aussi bien dans la rue, que dans les bars et les maisons. Avec l’image, le message est immédiat ; en même temps, cela génère une profondeur différente. L’autocollant capte l’attention, invite à la réflexion mais sans dire quoi penser. Et puis on utilise le verso pour mettre des jeux qui abordent des thèmes en résonance avec l’image. L’autocollant se donne facilement. Ce geste du don, surtout à quelqu’un qu’on ne connaît pas, est de plus en plus rare dans notre société. C’est une expérience singulière. Et on a constaté que ça fonctionnait auprès de tout le monde : les vieux comme les jeunes, les ruraux comme les urbains. Avec l’aide de milliers de « chômeuses », on en a quand même déjà distribué plus de deux millions ! On avait aussi envie de partager des idées d’actions, parce qu’on a toutes et tous plein de pouvoir dans nos vies, même dans les petits boulots. Du coup on a écrit Les Colibris pyromanes, une BD qu’on a commencé à imprimer en photocopie. Elle en est maintenant à son cinquième vrai tirage, et en couleur. Ce n’est pas la même échelle que les autocollants, mais il y a quand même 15 000 exemplaires qui circulent de main en main. Pour une brochure, c’est pas mal !

 
 
 
 
 
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Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, avez-vous constaté une hausse de la demande ?

Déjà, de notre part, il y a eu une forme d’urgence. On a produit des images assez rapidement. Et, effectivement, on a pas mal de demandes en ce moment, ce qui est le cas à chaque grosse mobilisation.

Concevez-vous vos autocollants en tenant compte de leur impact environnemental ?

On fait des formats deux fois plus petits que les autocollants classiques. On les produit sur papier, pas sur du vinyle. Et surtout on s’efforce de créer des visuels sans date de péremption, pour qu’ils aient encore du sens dans des années.

Il est interdit de coller des autocollants dans l’espace public. Alors qu’est-ce qu’on fait avec les vôtres ?

Il y a plein de manières de les afficher : on voit souvent les nôtres sur des coques de smartphones, d’ordinateurs, mais aussi sur des agendas ou des frigos. D’autres se retrouvent sur des couvertures de cahiers ou collés sur les vélos de leur propriétaire. Quand on se balade en France, on voit que ça circule pas mal, de Lille à La Rochelle en passant par Paris. Ça donne un petit côté fight club au projet qui nous plaît bien.

En quoi consiste votre projet de Grand Embellissement ?

Il s’agit d’un appel à coudre des drapeaux à partir de tissus du monde sur lesquels sera écrit « La France est tissu de migrations ». Il y en a déjà des dizaines qui ont été cousus à différents endroits, et une version géante de dix mètres sur six va être dévoilée le 6 juillet à Nantes. On invite vos lecteurs et lectrices à concevoir le leur et à l’exposer à leur fenêtre !

Infos pratiques : les images de « The Chômeuse go on » sont disponibles dans des librairies, ressourceries et cafés répertoriés sur leur carte. Si vous voulez diffuser un lot de 500 ou 1 000 autocollants c’est possible contre une participation de quelques dizaines d’euros (possibilité de donner plus ou moins selon ses capacités financières). Plus d’infos sur chomeusegoon.org

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