« La culture maraîchère, telle qu’elle s’exerce à Paris, ne laisse jamais aucun loisir à celui qui la pratique s’il veut en vivre honorablement ; et quand l’idée lui vient de transmettre ses connaissances aux autres par le moyen de la presse, sa famille, ses cultures lui montrent assez qu’il n’a pas le temps suffisant à sacrifier à cet objet. » Ainsi les jardiniers-maraîchers J.G. Moreau (on ne connaît pas son prénom) et Jean-Jacques Daverne débutent-ils leur ouvrage Manuel pratique de la culture maraîchère de Paris publié en 1845 et qui vient éclairer la place de l’agriculture dans la capitale au XIXe et les savoir-faire qui s’y transmettent. Une première soutenue par la Société royale et centrale d’agriculture alors qu’à l’époque, les jardiniers-maraîchers de Paris exploitent 1.378 hectares de terres (57 fois le Jardin du Luxembourg) réparties en 1.800 jardins et emploient 9.000 personnes, soit en moyenne 5 par jardin.
Les prémices du changement
Mais déjà les deux auteurs pressentent les changements à venir : « A la vue des chemins de fer qui s’établissent de toute part, à la vue des efforts de l’industrie pour obtenir de la chaleur au meilleur marché possible, il est facile de prévoir que la culture maraîchère de Paris est à la veille de recevoir des modifications, et nous avons cru utile de décrire cette culture telle qu’elle se pratique à Paris en 1844« . Ce que leur manuel passe en revue tout au long de ses 13 chapitres, allant jusqu’à lister tous les fruits et légumes cultivés par les maraîchers parisiens (poireaux, choux coniques de Poméranie, carottes, melons, asperges, fraises, champignons…). Un témoignage à parcourir gratuitement sur le site de la Bibliothèque nationale de France à l’heure où les initiatives d’agriculture urbaine se font de plus en plus nombreuses à Paris.
Infos pratiques : Le « Manuel pratique de la culture maraîchère de Paris » est à consulter gratuitement sur le portail Gallica de la BnF
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25 août 2020 - Paris