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Des paysans urbains bichonnent une vigne-potager à Villetaneuse

Les vignes de Clinamen à Villetaneuse /  © Jean-Fabien Leclanche pour Enlarge Your Paris
Les vignes de Clinamen à Villetaneuse / © Jean-Fabien Leclanche pour Enlarge Your Paris

En plus d'élever un troupeau de moutons dans le 93, les paysans urbains de l'association Clinamen se sont lancés dans la production de vin naturel sur le campus de Villetaneuse. Une vigne à découvrir le 14 octobre à l'occasion de nos week-ends "Les mains dans la terre".

Les inscriptions pour la visite du 14 octobre se font plus bas

Ils se sont fait connaître avec leurs moutons, que l’on aperçoit régulièrement dans les rues de Seine-Saint-Denis et qui vivent à l’année dans une bergerie bâtie dans le parc de La Courneuve. Mais les bergers de l’association Clinamen poursuivent aussi un autre rêve en dehors de l’élevage : renouer avec la tradition vigneronne de l’Île-de-France.

Un projet qu’ils mènent sur le campus de l’université de Villetaneuse (Seine-Saint-Denis) et qu’ils associent à une production maraîchère. « Au XVe siècle, le potager était situé entre les rangs de vigne, permettant le bon développement du raisin et la lutte contre les parasites. Pour nous, c’est aussi un moyen de réfléchir à un mode de production en culture biologique intensive. L’intérêt économique de cultures associées sur un espace réduit est un enjeu fondamental de l’agriculture urbaine », détaille Guillaume Leterrier, ancien développeur territorial en économie sociale et solidaire, reconverti en paysan urbain. Les deux hectares en culture s’étendent sur l’ancienne plaine des Vertus, autrefois plus vaste plaine légumière de France. “Ici, le terrain qui entoure le campus n’a jamais été bétonné et n’a pas reçu de phyto depuis quinze ans au moins. C’est inestimable  ! », note Guillaume.

Un bataillon d’artisans-actionnaires bénévoles

Un défi qui débute en 2013 par la rencontre entre Clinamen et Marc Fèvre, ancien imprimeur et grand amateur de vin naturel. “Je les ai convaincus de planter du raisin en leur expliquant que si nous voulions continuer à boire des bons vins il nous faudrait les produire car l’engouement qu’ils suscitent va bientôt les rendre hors de portée de nos petits porte-monnaies”.

Très vite, les néo-vignerons reçoivent le soutien de spécialistes du vin naturel d’Anjou et d’Auvergne, très intrigués par cette aventure de vigne-potager qui leur serait impossible chez eux, au risque de perdre leur AOC (appellation d’origine contrôlée) et AOP (appellation d’origine contrôlée). Ils sont aidés également par de nombreux bénévoles, qui ont tous le statut d’artisans-actionnaires. Une heure de jardinage leur est ainsi rétribuée en Tampon Usufruit (TU), c’est-à-dire un pourcentage des récoltes d’une valeur de 10 euros. Depuis le début de l’aventure, les bénévoles ont déjà fourni 5000 heures d’huile de coude lors de chantiers participatifs qui se déroulent les mardis et jeudis après-midis de même que certains dimanches. “C’est aussi physique mais bien plus convivial que la salle de sport. Et on a besoin de bras !”, souligne Marc Fèvre.

A lire : Les week-ends «Les mains dans la terre» vous amènent à la rencontre des agriculteurs urbains

Guillaume Leterrier, l'un des membres de l'association Clinamen / © Jean-Fabien Leclanche pour Enlarge Your Paris
Guillaume Leterrier, l’un des membres de l’association Clinamen / © Jean-Fabien Leclanche pour Enlarge Your Paris

La mutualisation des raisins du territoire

Les cinq premiers litres de rouge (Pineau d’Aunis, Grolleau et Gamay) sont actuellement en pleine vinification. “On a dû vendanger dès le 30 août. Je n’avais jamais vu ça ! Manque de pluie et raisins peu juteux, le résultat ne pèse pas lourd mais on va se faire un bel apéro avec tous les bénévoles, confie Marc Fèvre.  Je vinifie également 25 litres de grappes glanées chez nos bénévoles, qui ont du raisin dans leurs jardins et ne savent pas quoi en faire. C’est une mutualisation logique et une belle façon de valoriser le terroir et de rencontrer ses voisins.” Pas de blanc en revanche cette année car le Chenin est capricieux et les oiseaux voraces.

Quant au potager, il commence lui-aussi à porter ses fruits et fournit céréales (lin, lentille, seigle), aromatiques (basilic, oseille, valériane…) et légumes (salades, potirons, artichauts, petits pois, poireaux, épinards, topinambours…). A cela s’ajoute une ferme pédagogique qui accueille une cinquantaine d’animaux et récupère en prime les invendus des grandes surfaces ainsi que les restes du resto U avec lesquels sont concoctés des plats à très bas prix pour les habitants et les étudiants. Les paysans urbains ne font pas que cultiver la terre.

Au programme de la visite du 14 octobre de 16h à 19h : présentation de Clinamen, atelier d’entretien des vignes, échange sur le vin naturel en Île-de-France, dégustation. Inscription gratuite et obligatoire sur Eventbrite

Infos pratiques : Les vignes de Clinamen se situent sur le campus de l’université Paris XIII, 99 avenue Jean-Baptiste Clément, Villetaneuse (93). Accès : Gare d’Epinay-Villetaneuse Ligne H. Plus d’infos sur association-clinamen.fr

Julie-Lou Dubreuilh et Guillaume Leterrier, membres de Clinamen / © Jean-Fabien Leclanche pour Enlarge Your Paris
Julie-Lou Dubreuilh et Guillaume Leterrier, membres de Clinamen / © Jean-Fabien Leclanche pour Enlarge Your Paris

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