A Montesson dans les Yvelines, le centre hospitalier Théophile Roussel développe une panoplie de thérapies en lien avec la nature. Pour mieux faire connaître sa démarche, il participe au concours de l'Arbre de l'année avec son cèdre bleu de l'Atlas. Directeur des soins honoraire, Didier Sigler nous dit l'importance de cette candidature.
Quelle est l’histoire du cèdre bleu de l’Atlas que vous présentez au concours de l’Arbre de l’année ?
Didier Sigler : Il a été planté avant la Seconde Guerre mondiale au cœur de ce qui est aujourd’hui l’aire de jeux pour enfants du centre hospitalier Théophile Roussel. Le jury l’a choisi parmi 89 arbres franciliens pour représenter la région lors de finale nationale. Il faut dire que ce cèdre est remarquable du fait aussi de ses défauts. Il a perdu sa cime lors de la tempête de 1999, à laquelle son frère jumeau n’a pas survécu. Et il lui manque plusieurs branches. En fait cet arbre est à la fois magnifique et blessé, il est un peu comme nous tous, patients et soignants de cet hôpital.
Où sommes-nous ici ?
Nous sommes dans une ancienne colonie pénitentiaire pour enfants créée à la fin du XIXe siècle pour sortir les mineurs délinquants des prisons parisiennes surpeuplées et insalubres. Jusque-là ils étaient enfermés dans ces cellules collectives avec des majeurs. Ici les enfants étaient entre eux, loin de la ville et au bon air. A l’époque, la plaine de Montesson était en rase campagne. Et plus de la moitié des enfants apprenaient ici à devenir jardiniers, ce qui leur permettait de trouver un travail dès la sortie de l’établissement. Dans les années 1970, la maison d’éducation est devenue hôpital de soins psychiatriques pour enfants, et c’est là que petit à petit les arbres, la nature, sont entrés dans la démarche de soins
De quelle manière ?
Nous avons développé une panoplie de thérapies en lien avec la nature comme par exemple l’hortithérapie, qui repose sur la création de « jardins de soins » où les patients et les soignants font pousser des plantes aromatiques pour faire des tisanes et des légumes. Nous nous appuyons également sur la zoothérapie avec des chiens, des perroquets, des chevaux et des poneys. Au contact de la nature et des animaux, les patients sortent de l’isolement de leur maladie et peuvent exprimer leurs émotions. Nous avons eu envie de symboliser nos méthodes de soin avec la candidature d’un arbre auquel les patients sont attachés. Le cèdre est un symbole vivant de cette démarche, de la résilience du végétal mais aussi de celle des humains.
Qu’apporterait la victoire de votre arbre ?
De la visibilité et du soutien. Nous avons de nombreux projets au long cours, initiés lorsque j’étais directeur des soins et pour lesquels je reste mobilisé afin de renforcer la place de la nature dans les soins. Les enseignants de l’Institut national de la recherche agronomique vont nous aider à réaliser un arboretum pour mettre en valeur nos arbres de plus de deux cents espèces différentes. En 2022, nous allons ouvrir une ferme thérapeutique grâce au soutien d’AgroParisTech et de l’association Plaine d’avenir 78. Le lien à la nature est très important pour nos patients mais aussi pour le personnel hospitalier. Voter pour notre arbre, c’est médiatiser et soutenir une vision du soin par la nature.
Infos pratiques : Pour voter en faveur du cèdre bleu de l’Atlas du centre hospitalier Théophile Roussel à Montesson (78), rendez-vous jusqu’au 5 janvier sur arbredelannee.com
Entretien réalisé dans le cadre des Rencontres de l’arbre en ville, programme de réflexion, de conférences et d’explorations autour de la place de l’arbre dans l’environnement urbain. Ce programme imaginé par Enlarge your Paris est mené en partenariat avec la Métropole du Grand Paris
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15 décembre 2020 - Montesson
