Regarde les lumières mon amour, d’Annie Ernaux
Elle a été invitée par Bernard Pivot dès 1984 pour son roman La Place. La romancière confiait alors : « À l’annonce de mon invitation à l’émission, j’ai éprouvé immédiatement une grande paix. C’est peut-être énorme ce que je vais dire : mon livre allait exister totalement. » C’est pourtant dans un texte publié pile trente ans plus tard que nous vous invitons à plonger. Paru en 2014, Regarde les lumières mon amour (éd. du Seuil) nous embarque dans les allées de l’hypermarché Auchan des Trois-Fontaines, le centre commercial de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise), ville où réside la romancière. Ni complaisant, ni condescendant, le texte d’Ernaux frappe juste comme à chaque fois et porte un regard tant littéraire que sociologique sur ce temple consumériste. Pour autant, la plume de celle qui a reçu le prix Nobel de littérature en 2022 égratigne un système, jamais les êtres. Le regard de la journaliste Nora Hamadi sur le texte d’Annie Ernaux est à lire dans notre rubrique Culture
Infos pratiques : Regarde les lumières mon amour, d’Annie Ernaux. Éd. du Seuil. 5,90 €. Plus d’infos sur seuil.com
La Grande Arche, de Laurence Cossé
Dans Le Mobilier national (2001), Laurence Cossé imaginait un haut fonctionnaire qui, afin de limiter les dépenses de l’État, souhaitait supprimer les cathédrales françaises les moins intéressantes. Avec La Grande Arche (2016), c’est à une sorte de cathédrale laïque qu’elle s’intéresse cette fois : la Grande Arche de la Défense (Hauts-de-Seine). Projet fou, puisque le concours fut remporté par un architecte danois inconnu, subit de nombreuses avanies et, aujourd’hui encore, ne fait pas l’unanimité. Laurence Cossé rend ses lettres de noblesse au bâtiment souhaité par François Mitterrand et à son concepteur. Elle livre une variation passionnante sur un motif bien connu dans les romans comme dans la vraie vie : celle du prince et de l’architecte.
Infos pratiques : La Grande Arche, de Laurence Cossé. Éd. Gallimard Folio. 8,90 €. Plus d’infos sur librairie-gallimard.com
Kiffe kiffe demain, de Faïza Guène
2004 : une jeune autrice de 19 ans met un coup de pied dans la fourmilière littéraire. Faïza Guène publie Kiffe kiffe demain, roman dans lequel elle donne la parole à Doria, jeune adolescente grandie à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis). La plume est vive, drôle et dépeint sans fard la vie dans les quartiers populaires. Le livre se vend à 400 000 exemplaires et est traduit en vingt-six langues. Bonne nouvelle : le personnage de Doria revient vingt ans plus tard sous la plume de son autrice dans un livre à paraître en août prochain et intitulé… Kiffe kiffe hier ? (éd. Fayard). Il vous reste donc quelques mois pour rattraper le premier volume.
Infos pratiques : Kiffe kiffe demain, de Faïza Guène. Éd. Livre de Poche. 5,70 €. Plus d’infos sur livredepoche.com
Remise de peine, de Patrick Modiano
Patrick Modiano constitue un autre invité récurrent de Bernard Pivot. Le second a même été invité par le premier à sa remise du prix Nobel de littérature à Stockholm en 2014. Si on pense à Modiano comme à un écrivain du Paris trouble des années d’Occupation, il est aussi un écrivain de la banlieue. Plus particulièrement de… Jouy-en-Josas (Yvelines). L’auteur a en effet passé une partie de son enfance dans ce coin de la vallée de la Bièvre. Il le raconte dans son roman Remise de Peine (1988), un épisode sur lequel il reviendra dans son autobiographie Un pedigree (2004) ainsi que dans Chevreuse (2022), son dernier livre. Pour les fans de Modiano, l’office du tourisme de Jouy-en-Josas a imaginé un parcours dans la ville téléchargeable en ligne pour partir sur les pas du romancier.
Infos pratiques : Remise de peine, de Patrick Modiano. Éd. Points. 7,90 €. Plus d’infos sur editions points.com
La Cuisine de Marguerite, par Marguerite Duras
Elle aussi fut une habituée des plateaux de Bernard Pivot. En 1958, grâce aux droits d’adaptation cinématographique de son roman Un barrage contre le Pacifique, Marguerite Duras achète à Neauphle-le-Château (Yvelines) une jolie maison de quatorze pièces. Une demeure qui, dira-t-elle, la « console de (s)es peines d’enfant ». Elle y tourne des films, y écrit – « toutes les femmes de mes livres ont habité cette maison » – et… y cuisine. Car Duras est un vrai cordon-bleu qui aime régaler ses proches de plats inspirés de son enfance en Indochine comme du répertoire classique de la gastronomie hexagonale. La Cuisine de Marguerite (2021) rassemble ses textes sur la cuisine ainsi que les recettes de l’écrivaine, agrémentés de photos de la maison de Neauphle. Des recettes très « durassiennes » car les proportions ne sont pas toujours là, les explications parfois sommaires – « le reste, je ne l’ai pas noté », indique-t-elle nous laissant en plan avec la recette des boulettes Pojardsky – sinon sibyllines. Cela fait partie du jeu et on se plonge avec plaisir dans cette lecture avec le sentiment d’être assis à la table de cuisine de Duras à Neauphle, en sa compagnie.
Infos pratiques : La Cuisine de Marguerite, recueil de textes de Marguerite Duras. Éd. Benoît Jacob. 9 €.
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6 mai 2024