Que plaident les membres de Paris en selle pour développer la pratique du vélo en Île-de-France ?
Vincent Degove : Paris en selle est une association de lobbying qui met son grain de sel sur les projets d’aménagement urbain afin de s’assurer que les cyclistes sont considérés. A Paris et encore plus en banlieue, les freins à la pratique du vélo sont encore nombreux faute de pistes cyclables en continu. Il ne s’agit pas de créer des pistes partout mais en priorité sur les grands axes, comme c’est le cas par exemple boulevard Voltaire à Paris. On parle ici de pistes à double sens de circulation et de 2,20 mètres de large par piste afin d’éviter le risque d’engorgement comme c’est arrivé sur le boulevard Sébastopol et l’avenue Rivoli. L’idéal est de pouvoir faire rouler 5000 personnes par voie et par heure, ce qui est le cas à Amsterdam par exemple. Néanmoins, il s’agit également de restreindre radicalement la circulation automobile dans les petites rues pour que les vélos puissent y circuler sans danger. Il y a aussi des solutions à trouver quant au stationnement, en particulier dans les gares afin de faciliter l’interconnexion avec les transports en commun.
Êtes-vous optimiste ?
De plus en plus d’aménageurs avec lesquels nous discutons sont eux-mêmes cyclistes et portent cette vision d’une métropole cyclable. La Région vient de lancer son « Véligo« , une location longue durée de 20 000 vélos électriques sur toute l’Île-de-France moyennant 40€/mois. L’évolution est palpable et rapide. Je suis optimiste pour l’avenir. Les vieux militants cyclistes qui s’acharnent depuis 40 ans sont épatés de voir que les planètes s’alignent enfin ! Se fédérer en association pour obtenir l’écoute des municipalités est incontournable sur de tels sujets. Le groupe pantinois de Paris en selle, auquel j’appartiens, compte 60 cyclistes. Notre poids est incomparable avec celui qui aurait été le nôtre en tant que simples citoyens. Nous avons obtenu la création d’un comité vélo et d’un plan vélo pour la commune. La D115 qui relie Pantin à Bobigny et Drancy sera prochainement réaménagée et cyclable. Dans ce cas, ce qui prend du temps, c’est la multiplicité des interlocuteurs puisqu’il faut traiter avec les villes, l’intercommunalité et le département, là où à Paris tout est centralisé.
En quoi consiste votre projet de RER cyclable ?
Il y a un énorme boum de la pratique du vélo à Paris qui a toutes les chances de s’étendre à l’échelle régionale j’en suis persuadé. Les habitants n’attendent que cela et les élus vont bien être obligés de les entendre. Mais il faut une continuité cyclable et des aménagements qui simplifie la pratique. C’est pour accélérer les choses à grande échelle que 33 associations cyclistes franciliennes se sont rassemblées sous la bannière du Collectif vélo Île-de-France. Nous sommes en train de finaliser une proposition de carte traçant un Réseau Express Régional pour les vélos qui sera présentée officiellement en janvier 2020. Les collectivités, Valérie Pécresse, la Métropole, Île-de-France Mobilités, tout le monde est enthousiaste ! Sans parler de la Seine-Saint-Denis qui lance son colossal plan vélo. Le blocage jusqu’à présent était organisationnel et politique mais pas tant financier. L’espace public n’est pas magique. On doit le prendre à quelqu’un. Et là, c’est à l’Etat d’agir contre l’obsolescence de notre réseau routier pro-automobile. Les directives sont encore les mêmes que dans les années 80 : faire de la surcapacité routière pour rapidement évacuer les véhicules accidentés.
A consulter : Le Guide des aménagements cyclables édité par Paris en selle
A lire : Nuit Blanche : On a pédalé sur le périphérique
8 octobre 2019