Il y a près de 10 ans, l’association Soukmachines effectuait ses premiers pas dans la friche du 6b à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Depuis, elle ne cesse, au gré d’occupation temporaires, de redonner vie au patrimoine industriel grand-parisien pour y accueillir artistes, architectes, associations et jeunes entrepreneur en résidence et, à l’occasion, pour y faire la fête. A son tableau de chasse on trouve entre autres une fabrique de dentifrice à Nanterre (Hauts-de-Seine) ainsi qu’une ancienne usine à Pantin (Seine-Saint-Denis). Aujourd’hui, le Souk Empire accueille plus de 400 résidents et fait face à une demande croissante « symptôme d’un réel problème d’accessibilité à des espaces de travail à moindre coût », résume Yoann-Till Dimet, son fondateur.
Sa dernière trouvaille : une usine de salaisons desaffectée au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) réhabilitée en quelques mois et rebaptisée le PréàVie. Un site à la physionomie atypique (mis à disposition dans le cadre du dispositif d’occupations temporaires Tempo’ d’Est ensemble) et qui permet d’affecter les espaces à une grande diversité d’usages et de profils de travailleurs avec des bureaux calmes et lumineux, des ateliers et même des ex-chambres froides transformées en studio de répét’. En tout, ce sont plus de 90 espaces de travail qui prennent place sur quatre niveaux à des prix nettement plus abordables que ceux du marché (8 à 12€ le mètre carré).
Faciliter les collaborations
Mais il n’y a pas que les prix des loyers qui attirent les résidents du PréàVie, qui viennent également chercher une atmosphère de travail créative offrant des collaborations sur le pas de la porte. « A partir du moment où tu regroupes des gens, une vie se créé, des projets naissent, explique Yoann. Il y a juste à faire 3 pas pour trouver des partenaires ou des outils. » On se rencontre dans les larges espaces communs dont la grande cuisine mais aussi aux apéros mensuels qu’organise Soukmachines. « Le Covid-19 a démontré l’importance du local », analyse Yoann, décidé à « continuer à créer des espaces dans les interstices urbains pour les jeunes structures. »
Malgré les sourires et le sentiment que la mayonnaise a pris au Pré, l’installation s’est faite dans la douleur confesse Yoann : « Il y a eu autant de problèmes que de folie dans ce lieu. » Entre arsenal de normes contraignantes, diagnostics du site à réaliser et problèmes sur le réseau électrique, l’ouverture du lieu a dû être repoussée de plusieurs mois, ce qui n’est pas anodin dans le cadre d’une convention d’occupation temporaire de deux ans. Depuis janvier tout allait pour le mieux et le PréàVie commençait à prendre son rythme de croisière. C’était sans compter le confinement et l’interdiction d’accès aux espaces de travail pour les résidents. Si un fonds de solidarité a été mis en place, permettant aux plus précaires de bénéficier d’un soutien de la part des autres structures et d’une réduction de loyer, l’interruption risquait de nuire à la dynamique. Heureusement, l’association Soukmachines s’est vue annoncée fin juillet par ses partenaires (la Ville du Pré-Saint-Gervais et la communauté de communes Est Ensemble) une prolongation de son occupation jusqu’en août 2021. De quoi voir venir, continuer à cultiver les synergies, intensifier les visites dans les ateliers à destination des curieux, des voisins et des scolaires, penser des événements légers dans la cour ou hors-les-murs et plancher sur des expositions pour mettre en valeur les travaux des artistes en résidence. Le préavis attendra.
Infos pratiques : Le PréàVie, 25 rue Danton, Le Pré-Saint-Gervais (93). Accès : Métro Pré-Saint-Gervais Ligne 7 bis. Plus d’infos sur soukmachines.com
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3 août 2020 - Le Pré-Saint-Gervais