Le 4 mai prochain, dans le cadre du week-end « Esprit Jardin » au Potager du Roi et pour l’ouverture de la Biennale d’architecture et de paysage de Versailles, une randonnée urbaine reliera Paris et Versailles à travers trois forêts qui constituent une partie de la « ceinture verte de la métropole francilienne », un projet de mise en réseau d’espaces verts porté par l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) de la Région. Quelle est l’origine de cette ceinture verte ?
Paul Lecroart : En 1975, alors que l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle vient d’ouvrir, l’Etat commande à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Île-de-France (IAU) une étude portant sur la création d’une forêt de plusieurs centaines d’hectares entre l’aéroport et le front urbain, « le bois de la Porte de France ». C’était une manière, déjà, de tenter de maîtriser l’extension urbaine en tâche d’huile et de compenser le grignotage de la campagne par la ville et ses infrastructures (autoroutes, zones d’activités, villes nouvelles, quartiers pavillonnaires).
Le bois de la Porte de France n’a finalement pas été créé…
Non. Mais ce travail nous a donné des idées. Dans les années 1980, l’IAU a fait l’inventaire des espaces verts existants et potentiels dans un rayon compris entre 10 et 30 km autour de Paris. On s’est alors rendu compte que l’agglomération parisienne était entourée d’une continuité de bois, de forêts et de champs qui méritait d’être protégée et il a finalement été proposé de créer la « ceinture verte de la métropole parisienne ». On avait l’espoir que ce projet aiderait à sauver ce qui pouvait l’être en s’appuyant sur l’idée d’une ville qui intègre, protège et compose avec la nature, au lieu de toujours la repousser à sa périphérie. Au début des années 1990, nous avons présenté aux élus une « trame verte », armature de parcs et de liaisons vertes structurantes au cœur de la métropole. C’est l’une des composantes du Plan vert régional adopté en 1995 et mis en œuvre en particulier par l’Agence des espaces verts d’Île-de-France qui achète et met en valeur des espaces ouverts et naturels pour le grand public.
A quoi ressemble cette trame verte ?
Elle est formée de forêts, de parcs et jardins publics, de bois privés, de terres maraîchères et céréalières, de vergers, de jardins familiaux, de promenades plantées, de liaisons piétonnes et cyclables et possède la Seine comme épine dorsale. A l’Ouest, on trouve les grands domaines forestiers hérités des chasses royales comme le bois de Boulogne et le bois de Meudon ainsi que les forêts domaniales de Versailles, de Malmaison et de Saint-Germain-en-Laye. Au Nord-Est, le paysage se compose de parcs aménagés sur d’anciennes carrières et d’anciennes terres maraîchères, à l’instar du parc Georges Valbon à La Courneuve. Il s’agit du seul ensemble de parcs urbains en Europe labellisé « Natura 2000 ». A l’Est, on bénéficie d’un ensemble assez riche avec le bois de Bondy et le bois de Notre-Dame ainsi que les berges de la Marne transformées en réserve naturelle près du château de Champs-sur-Marne. Toujours à l’Est, il faut également mentionner la présence du site remarquable des rebords du plateau de Romainville pour lequel j’ai proposé à la communauté d’agglomération Est Ensemble un projet de valorisation entre Paris et Fontenay-sous-Bois : le parc des Hauteurs. Notons enfin que lorsque la banlieue parisienne achève sa désindustrialisation dans les années 90, les élus lancent de grands projets d’aménagements, ce qui a ouvert des opportunités de création de parcs notamment dans le Val-de-Marne avec le parc de la Plage Bleue à Valenton ou le parc des Lilas à Vitry-sur-Seine.
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Ces espaces verts, encore faut-il les connaître et pouvoir y aller…
Pour protéger des espaces de nature, quels qu’ils soient, il faut les rendre facilement accessibles et connectés entre eux afin d’attirer un public métropolitain. C’est l’aspect essentiel de notre travail : relier les espaces naturels pour en démultiplier l’impact. La balade du 4 mai entre la Porte Maillot (16e) et Versailles empruntera l’une de ces trames vertes proposées au Plan vert régional.
Quel bilan faites-vous de ce projet de ceinture verte métropolitaine qui a maintenant plus de 30 ans ?
Depuis les années 1980, le regard sur la nature en ville a changé et les projets de nouveaux quartiers s’ancrent souvent sur un parc. En revanche, les continuités vertes sont difficiles à réaliser parce qu’elles ne prennent sens qu’à l’échelle supra-communale. Il faut mobiliser beaucoup d’acteurs pour y parvenir. Or, ce sont ces bouts de nature mis en lien qui feront vraiment la différence, qui créeront un réseau vert métropolitain. Une bonne manière de défendre cette vision, c’est d’arpenter le plus possible les territoires.
Infos pratiques : « La balades des trois forêts, de Paris à Versailles », samedi 4 mai de 9h30 à 16h30. Inscription gratuite. Plus d’infos sur Facebook
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10 avril 2019