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Fontainebleau – Nemours, une croisière à vélo sans partir loin le long du Loing

Sur les bords du Loing à Nemours / / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
Sur les bords du Loing à Nemours / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris

On s'imagine souvent que pour se dépayser il faut nécessairement partir loin. Une autre alternative consiste à s'échapper le long du Loing à vélo pour une balade d'une trentaine de kilomètres de Fontainebleau à Bagneaux-sur-Loing où l'on peut prolonger le plaisir en dormant dans une roulotte ou une bulle avec le ciel étoilé pour plafond.

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Avouons-le : il est des semaines qui s’étirent douloureusement. Notamment celles qui signent la fin des congés. Le repos des vacances ? Il semble déjà évaporé, perdu sous les listes de fournitures, les inscriptions aux activités extrascolaires et la force de conviction qu’il nous a fallu pour faire comprendre à l’ado que non, on ne sponsorisera pas ses velléités de MMA (arts martiaux mixtes). Autant dire qu’on ne serait pas contre une petite escapade qui permettrait d’encaisser septembre et octobre, mois réputés sportifs.

C’est ainsi que je me retrouve un beau matin à la gare de Fontainebleau–Avon (Seine-et-Marne). Au lieu de sortir côté bus comme la plupart des touristes en route vers le château, j’emprunte le passage souterrain pour me retrouver à la boutique Blow Cycles, hébergée au sein de la gare. Ancien journaliste automobile, Guillaume a ouvert ici un magasin de vente et de location de vélos à assistance électrique. « Mon idée était notamment de rendre la forêt de Fontainebleau accessible au plus grand nombre, raconte-t-il. Car elle comprend des zones sableuses, caillouteuses et des endroits où ça monte sévère… Bref, ce n’est pas le bois de Boulogne ! » Me voilà donc au guidon d’un joli vélo corail pétant. Je dois arriver ce soir au camping La Rivière dorée à Bagneux-sur-Loing (Seine-et-Marne) et Guillaume a eu la gentillesse de me préparer mon itinéraire sur une appli avec un bon petit tour en forêt de Fontainebleau.

Dans les décors de Mon voisin Totoro

Il me faut à peine quelques coups de pédale pour quitter la ville et m’échapper au beau milieu des arbres. Guillaume n’a pas menti : ce n’est pas de la gentille route goudronnée façon bois parisiens. Je ne suis pas mécontente d’avoir de bonnes grosses roues pour parcourir les voies parsemées de grosses touffes d’herbes et de cailloux. Ainsi que l’assistance électrique qui me soulage dans quelques montées bien pentues. D’autant que ne pas être obligée de forcer me permet de profiter des paysages. Je suis d’ailleurs étonnée par leur variété.

Bien sûr, on retrouve les rochers et les fougères géantes qui me donnent l’impression d’être plongée dans un décor de Mon voisin Totoro. Mais le paysage sait aussi se faire plus champêtre avec des prairies trouées par le mauve de la bruyère et le jaune du genêt. Sans oublier les pins et les sapins. Au bout de deux heures, me voilà de retour en ville avec une arrivée à Moret-Sur-Loing (Seine-et-Marne), élue en 2019 plus belle commune d’Île-de-France par France Bleu. Un titre qui n’est pas usurpé.

Je passe devant le musée du Sucre d’orge, la spécialité locale : réalisée depuis 1638 par les religieuses, sa recette est demeurée inchangée. Quelques coups de pédale supplémentaires et me voici sur les bords du Loing. Sur les berges, les habitants profitent de la fraîcheur de l’onde tandis que, dans le ciel, une nuée d’hirondelles fait des loopings. Pas difficile de comprendre pourquoi le peintre impressionniste Alfred Sisley a représenté la ville sous toutes ses coutures au gré de multiples toiles. La présence de l’eau, les vieilles bâtisses, tout cela confère une atmosphère apaisante aux lieux et je peine à croire que je suis seulement à une heure de Paris.

Pour continuer à profiter de la présence du Loing, je m’attable à La Poterne, crêperie située juste sur le pont, dont la terrasse offre une vue plongeante sur la rivière. Les galettes sont délicieuses, l’équipe aux petits soins et je savoure cette pause en solitaire en bouquinant, mon regard s’éloignant régulièrement des pages pour s’égarer au loin sur le Loing, ses cygnes qui y barbotent et ses arbres dont la ramure se penche pour saluer les flots. Avant de repartir, il faut penser à s’accorder un cornet à Mille et une glaces, qui fête cette année ses quatre décennies d’existence. Ici, pas d’œufs dans les recettes (les véganes apprécieront) ni émulsifiants ou conservateurs. Pas difficile de trouver la petite échoppe : une file d’attente d’amateurs de parfums rhubarbe, piña colada ou encore citron-basilic sert d’enseigne.

Un sentier en forêt de Fontainebleau / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
Un sentier en forêt de Fontainebleau / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
La porte de Bourgogne à Moret-sur-Loing / ©  SMA photo Cyril Badet
La porte de Bourgogne à Moret-sur-Loing / © SMA photo Cyril Badet
Le Loing à Moret / ©  SMA photo Cyril Badet
Le Loing à Moret / © SMA photo Cyril Badet

Des libellules en guise d’escorte

Pour la suite du trajet, j’emprunte la Scandibérique, l’une des plus longues véloroutes du monde qui longe le canal du Loing. Un itinéraire 100 % plat qui laisse le temps de se gorger du paysage, entre roseaux ondoyant au bord de l’eau, jolies maisons de plaisance et hérons prenant leur envol. Telles des demoiselles d’honneur, des libellules m’escortent. Je freine pour laisser une cane et ses trois canetons traverser la route tandis que, sur le canal, un couple de cygnes encadre ses deux petits. Décidément, toutes les familles sont de sortie…

À l’entrée de Nemours, le pont Charles-Hochart, avec son pylône duquel partent des haubans, m’obnubile tellement que je manque de finir dans le canal. Après avoir déambulé dans la vieille ville, être passée saluer le château, je m’installe à la Terrasse du Moulin. Située au bord du Loing, cette guinguette déroule ses tables au ras de l’eau. Je me pose à une table abritée par les frondaisons d’un saule pleureur. Un peu plus loin, le terrain de pétanque est occupé par une bande de joyeux boulistes. Nous sommes en fin d’après-midi et, si les lampions ne sont pas encore allumés, le food market, lui, commence à s’animer. Sur place, au gré des stands, on peut croquer dans un hamburger, opter pour une pizza ou s’attabler avec un plat thaïlandais. J’en profite pour faire un tour sur l’île du Perthuis, située juste à côté. Classée Natura 2000, elle est accessible au public depuis 2023. Sur une promenade en bois, je parcours les 5 hectares de ce conservatoire de faune et de flore en plein cœur de ville.

Avant de reprendre mon vélo, j’effectue un dernier stop au Picardeau. Dans la pièce principale de cette ancienne tannerie, ceinte par un splendide parc de près de 5 000 m2, trône un portrait de… Claudia Cardinale. De fait, le lieu a été créé l’an dernier par sa fille Claudia Squitieri. Un lieu enchanteur pour prendre un verre, manger, ou encore profiter des gîtes qui devraient ouvrir prochainement. L’endroit accueille aussi la Fondazione Claudia Cardinale dévolue au soutien de l’art. Des artistes y sont en résidence, à l’instar de Marie Losier qui, le temps d’une pause, se livre à une partie effrénée de ping-pong dans le jardin. « À une heure de Paris, on se trouve ici sur un territoire très riche, indique Claudia Squitieri, qui a ouvert le lieu fin 2023. C’est une ville qui a un potentiel pour éclore. L’Écluse, le Zig-Zag, L’Imprimerie… Il y a ici un mouvement global très intéressant avec l’émergence de plein de nouveaux lieux ! » Au Picardeau, on peut boire un Spritz dans le jardin ou goûter à une cuisine (forcément) d’inspiration italienne. « On propose par exemple la vraie pizza Romana, signale Claudia Squitieri, cuite à blanc, avec une mie pas très dense, coupée en deux puis farcie. Mais on se balade aussi en Sicile avec une caponata. Et on compte aussi aller vers le nord avec des pâtes farcies… »

La véloroute Scandibérique longe le canal du Loing / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
La véloroute Scandibérique longe le canal du Loing / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
Le château de Nemours / ©  SMA photo Cyril Badet
Le château de Nemours / © SMA photo Cyril Badet
L'île du Perthuis à Nemours / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
L’île du Perthuis à Nemours / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
Le Picardeau à Nemours / © Le Picardeau
Le Picardeau à Nemours / © Le Picardeau
Le Pavillon Hugo à Nemours / DR
Le Pavillon Hugo à Nemours / DR
La Terrasse du moulin de Nemours sur les rives du Loing / © La Terrasse du moulin de Nemours
La Terrasse du moulin de Nemours sur les rives du Loing / © La Terrasse du moulin de Nemours

Une nuit dans une roulotte au bord de l’eau

Le crépuscule se profile. L’horizon rosit et les eaux du canal se paillettent d’or. Je n’ai plus que quelques kilomètres à parcourir sur la Scandibérique pour gagner le camping de Bagneaux-sur-Loing où je vais passer la nuit. Sachant qu’il est possible aussi de dormir au Pavillon Hugo, une jolie maison rose dans le centre de Nemours qui fait relais vélo avec chambres ou dortoirs.

À La Rivière dorée, on peut évidemment venir avec sa tente. Mais comme j’ai choisi de voyager léger, à moi les joies du logement insolite ! On peut dormir au choix dans une bulle transparente qui permet d’admirer le ciel étoilé, dans un tipi ou un pod (une petite cabane bois). Pour ma part, j’ai opté pour la roulotte. Assise à la table de jardin devant ma chambre pour la nuit, je ressors mon livre et profite de la quiétude du soir avant d’aller grignoter un bout à La Fourchette roulante, le food truck installé au camping. Je me dis que, à 70 km du périphérique, j’ai réussi à vraiment me dépayser et à remettre tous les voyants au vert pour attaquer la rentrée.

Au matin, je repars à pied vers la gare située à quinze minutes de là (ma monture sera récupérée directement par Blow Cycles au camping). Pour la dernière fois, je longe le Loing et me promets de revenir pour pousser plus loin la prochaine fois, au moins jusqu’à Montargis (Loiret). À la gare de Bagneaux-sur-Loing, une ultime bonne surprise m’attend. Sous un auvent à l’extérieur, je trouve un distributeur de produits locaux. Je saisis quelques fromages de chèvre et un pot de rillettes de poulet, afin de ne pas rentrer en ingrate à la maison. J’ai bien fait : mes provisions rencontrent un franc succès. Mon récit aidant, elles motivent même ma famille à m’accompagner la prochaine fois. Banco ! Même si j’avoue que cette virée en solitaire avait un goût particulièrement plaisant. Être égoïste parfois, ce n’est pas désagréable…

Infos pratiques : parcours de 35 km de Fontainebleau (77) à Bagneaux-sur-Loing (77) à travers la forêt de Fontainebleau et le long du Loing. Le tracé est à télécharger gratuitement sur openrunner.com. Location de vélo électrique chez Blow Cylces, place de la gare, Avon (77). Fermé le mardi et le jeudi. A partir de 39 € la demi-journée le vélo électrique, 59 € la journée, 89 € les deux jours. Tél. : 06 99 07 73 24. Accès : gare de Fontainebleau – Avon (ligne R). Plus d’infos sur blowcycles.com / Camping La Rivière dorée, Chemin des Grèves, à Bagneaux-sur-Loing (77). Ouverture du 22 mars au 31 octobre. Tarifs : à partir de 18 € / nuit pour un emplacement. A partir de 162 € la roulotte pour deux nuits. Accès : gare de Bagneaux-sur-Loing (ligne R). Plus d’infos sur larivieredoree.com

Le canal du Loing à Nemours / © C. Badet
Le canal du Loing à Nemours / © C. Badet
Camping de La Rivière dorée à Bagneux-sur-Loing / © La Rivière dorée
Camping de La Rivière dorée à Bagneux-sur-Loing / © La Rivière dorée

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