Société
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On a rencontré un empereur de Chine

Plus grand marché d’antiquités du monde, les Puces de Saint-Ouen abritent pas moins de 1.700 marchands. Christophe Zaragoza est l’un d’eux. Il s’est installé au marché Dauphine il y a un an, où il tient la boutique « Passé inoxydable ».

Les Puces de Saint-Ouen : ses meubles en bois précieux, ses bijoux d’époque, ses vaisselles hors de prix…. Certes, mais pas que ! Enchevêtrement de marchés, chacun plus ou moins spécialisé, elles proposent aussi la découverte de marchandises moins clinquantes.

Le marché Dauphine est de ceux-là : installé perpendiculairement à la rue des Rosiers, les échoppes s’articulent autour de trois allées surmontées de coursives et hébergent férus de vieux bouquins ou fans de trouvailles insolites. Le tout sous une belle verrière lumineuse, qui abrite les visiteurs les jours de gros temps.

 

Le Marché Dauphine aux puces de Saint-Ouen / © Rémi Belot

De verre et d’acier

C’est ici que Christophe Zaragoza s’est installé début 2015. Bien qu’amateur d’objets vintage, il n’était pourtant pas programmé pour débarquer dans ces lieux, au milieu de vieux titis, antiquaires depuis des lustres. Photographe de formation, il avait commencé par se faire une place dans ce milieu, au début des années 2000, en tant qu’indépendant. L’occasion de belles expériences, quand il réalise une série de portraits de personnalités pour la revue Médias, entre autres. Mais finalement, c’est le hasard qui fait prendre un nouveau virage à son destin professionnel.

« J’ai retrouvé un vieil ami, perdu de vue depuis quelques temps, explique Christophe. On partageait déjà, à l’époque où on s’était rencontrés, une passion pour les vieux objets : lui plutôt du côté de la culture pop – figurines, jouets… – et moi pour les objets plus industriels. Il s’était récemment installé dans le marché Dauphine et m’a donné l’idée d’en faire de même ». Il faut dire que, depuis des années déjà, il écume les brocantes et pérégrine sur la Toile à la recherche de petits trésors du passé : vielles lampes d’atelier en acier, fioles de verre, casiers métalliques… Son appartement ressemble d’ailleurs à un pavillon témoin des Puces de Saint-Ouen, avec ses horloges au mur et sa déco « indus ». Pas besoin d’aller chercher bien loin les stocks pour un fonds de commerce : même sa cave déborde de trouvailles, qu’il ne lui reste donc plus qu’à déplacer dans sa boutique, au fil des semaines, pour garnir les étagères.

 Christophe Saragoza, pucier à Saint-Ouen / © Rémi Belot

 

So french

Ouvert du samedi au lundi inclus, « Passé Inoxydable« , comme l’ensemble du marché Dauphine et le reste des Puces, grouille de passionnés. Chineurs franciliens du dimanche, touristes… certains font traîner leurs yeux, juste pour le plaisir. D’autres sont en recherche du petit plus ayant la patine du vécu, ou désireux d’apporter une touche « so French » à leur intérieur.

« Parmi mes clients, il y a beaucoup d’étrangers : surtout des Allemands ou des Suisses. Et des Japonais, aussi, qui n’hésitent pas à se faire livrer, malgré la distance ». Et puis il y a les professionnels. Une clientèle que Christophe espère d’ailleurs faire prospérer en travaillant, par exemple, avec des restaurateurs, souvent soucieux de booster la décoration de leur établissement. « Ce sont des gens qui travaillent énormément : ils n’ont pas forcément le temps de chiner. Moi, j’en ai, pendant la semaine, et je prends plaisir à rechercher le petit truc qui fera la différence ».

 

 Dans la boutique de Christophe Saragoza, pucier à Saint-Ouen / © Christophe Saragoza

 

Ce qui l’incite parfois, d’ailleurs, à se mettre en quête de l’insolite. « Il y a quelques jours, j’ai vendu un mannequin de secourisme ! Il avait un petit côté inquiétant, et je ne sais vraiment ce que le client comptait en faire » se marre-t-il. Il reconnaît d’ailleurs aimer l’étrangeté de certains des articles qu’il propose. L’ambiance « cabinet de curiosité » ne lui fait pas peur, et deux bustes anatomiques trônent ainsi fièrement sur la boutique. « Je sais que je ne les vendrai pas comme je peux vendre des spots ou des horloges, par exemple. Mais ça fait partie de l’esprit du lieu ».