Société
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L’habitat participatif dessine d’autres façons de vivre ensemble

Le projet d'habitat participatif Diwan à Montreuil / © Anne-Laure Engelhard
Le projet d’habitat participatif Diwan à Montreuil / © Anne-Laure Engelhard

Apparu au milieu des années 1950, l'habitat participatif fait de plus en plus d'émules en permettant à ceux qui le souhaitent d'inventer des logements collectifs sur-mesure. Une démarche qui sera passée en revue le 14 mars lors d'une conférence gratuite au Maif Social Club à Paris dans le cadre de son cycle "Habitatitude" qui se déroule jusqu'au 6 avril.

Il a longtemps été perçu comme une pratique marginale. Mais par souci d’économies et d’écologie, l’habitat participatif est en train de faire son trou avec de plus en plus d’adeptes désireux de se regrouper pour imaginer des logements qui leur correspondent. Les prémices du phénomène apparaissent au début des années 1950 avec la création du mouvement des Castors initié par des ouvriers bretons pour répondre à un besoin urgent de logements. Une forme d’auto-gestion qui s’affirme encore un peu plus dans les décennies 70 et 80 en défiance aux promoteurs classiques, notamment par le biais du Mouvement de l’habitat groupé autogéré

Pour Anne-Laure Engelhard, membre de l’agence cpa-cps, spécialisée dans l’habitat participatif, et elle-même habitante du projet Diwan (achevé en 2008 à Montreuil, Ndlr), « on n’achète pas un produit, on construit un projet ». « Les témoignages que nous avons récoltés sont unanimes quant à la convivialité incomparable de ce modèle, poursuit-elle. Contrairement à une copropriété classique, les habitants évitent les tensions superficielles car ils mesurent le chemin parcouru pour co-construire ensemble leur cadre de vie. Et c’est aussi une façon d’accéder plus aisément au statut de propriétaire ».  

Le projet d'habitat participatif Diwan à Montreuil / © Anne-Laure Engelhard
Le projet d’habitat participatif Diwan à Montreuil / © Anne-Laure Engelhard

Une démarche qui se professionnalise 

Depuis une vingtaine d’années, la démarche s’institutionnalise et se professionnalise grâce à l’émergence d’acteurs dédiés à l’accompagnement de ces projets et des collectivités de plus en plus ouvertes. Depuis la loi ALUR en 2014, les aspirants à l’habitat participatif peuvent s’associer directement avec un bailleur social comme Coopimmo, très actif en Ile-de-France, pour monter leur projet de façon plus sécurisée et efficace. « Cela reste très compliqué pour des personnes sans compétences spécifiques de gérer seuls le montage financier et juridique de leur projet d’habitat partagé. Beaucoup s’y cassent les dents, surtout en ville où la réglementation s’est complexifiée. Pour le projet Diwan à Montreuil, dont je fais partie des habitants, nous avons commencé par essayer seuls puis nous avons dû nous tourner vers un promoteur pour finaliser le projet », témoigne Anne-Laure Engelhard.

Si construire son lieu de vie sur-mesure avec ses futurs voisins suscite de plus en plus l’engouement, notamment auprès des jeunes familles en recherche d’une organisation mutualisée pour les enfants, les obstacles ne doivent pas être négligés. « Les déceptions sont souvent nombreuses. L’architecte doit sans cesse ramener les habitants à la réalité afin de coller à leurs possibilités financières et à la réglementation urbaine stricte. Le projet immobilier une fois achevé, les frustrations peuvent surgir quant à la répartition des tâches ou la pérennisation de moments de partage. Le bon fonctionnement du site est souvent garanti par la sédentarité des propriétaires. Ceux qui bougent régulièrement, dans leur maison secondaire par exemple, se distancent de la communauté », analyse Anne-Laure Engelhard. Pour les personnes âgées en revanche, le collectif est une solution pour lutter contre l’isolement comme le montre la Maison des Babayagas à Montreuil. Depuis 2013, une vingtaine de femmes de plus de 60 ans vivent ensemble et militent pour préserver leur indépendance et leur autonomie, à l’écart des maisons de retraite. L’habitat participatif n’a pas fini de réinventer notre manière de vivre ensemble. 

Infos pratiques : Conférence « Habitat participatif et mixité sociale » le jeudi 14 mars au Maif Social club,  37 rue de Turenne, Paris (3e). A partir de 19h. Intervenants : Anne-Laure Engelhard, co-fondatrice de Cpa-Cps, « promoteur participatif », Anne d’Orazio, architecte, urbaniste et maître assistant associée à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette, Olivier Launay, directeur général d’Habitat et Humanisme Ile-de-France. Inscription gratuite et obligatoire via maifsocialclub.fr. Accès : Métro Saint-Paul Ligne 1 et Métro Chemin Vert Ligne 8. Plus d’infos sur le cycle « Habitatitude » au Maif Social Club sur maifsocialclub.fr

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