Leslie Garcias est scénographe de formation. Et depuis 5 ans, suite à sa formation à l’Ecole du Paysage de Versailles, c’est le paysage qu’elle a choisi de mettre en scène en créant Lili Garden. Son but : favoriser la biodiversité en ville et démocratiser des modes de culture alternatifs et durables. Installée à Romainville (Seine-Saint-Denis), elle se fait connaître au départ grâce aux fleuristes qui la présentent à leurs clients. “Le bouche à oreille a très vite fonctionné, l’Est parisien se prête bien à la végétalisation. De nombreux habitants ont des petits jardins ou des cours qu’ils aimeraient verdir, les entreprises (bureaux, cafés, restaurants…) me sollicitent également pour végétaliser leurs espaces intérieurs et extérieurs”, témoigne-t-elle.
C’est pour les inciter à développer la nature en ville que Leslie a publié récemment un petit guide Végétaliser les mini espaces urbains (Ed. Alternatives/Gallimard), passant en revue tous les cas de figures de la végétalisation en ville. Elle y détaille les caractéristiques à prendre en compte afin de choisir des plantes adaptées : ensoleillement, humidité, prise au vent, proximité du point d’eau, choix de semences et plants appropriés… « Il y a un grand travail de transmission auprès des citadins pour faire bouger les choses. De nombreuses plantes sauvages et locales sont très belles et durent longtemps, alors qu’une jolie plante achetée en jardinerie peut mourir en quelques jours car inadaptée au milieu. Des plantes locales comme le coquelicot, le bleuet ou la nielles des blés disparaissent des campagnes à cause des pesticides et se plaisent plutôt bien en ville. Certaines présentent en plus un intérêt non négligeable pour la faune qui s’en nourrit. D’autres, comme la fougère, ont une véritable action de dépollution. Je rêverais qu’il y ait des “animateurs nature” qui déambulent dans Paris pour informer les passants de ce qui pousse et vit autour d’eux ».
Histoire de montrer la voie, Leslie a embarqué toute sa copropriété il y a 7 ans afin de d’améliorer les espaces extérieurs et de créer du lien social. Une association est créée et une partie des pelouses de la cour d’immeuble se retrouve rapidement transformée en une prairie fleurie, avec l’aide d’une trentaine de résidents. Des bacs à compost sont mis en place, permettant de diminuer jusqu’à 40% le volume des poubelles des participants à l’opération. Seul hic : un engagement qui fluctue en fonction des déménagements. « Nous avons fini par dissoudre l’association mais au final la nature n’a plus beaucoup besoin de nous et se porte bien. La prairie fleurie est bien plus jolie à l’état sauvage, sans être tondue ».
Une vision élargie de la végétalisation
L’autre showroom de Leslie, c’est son petit jardin, à l’origine une simple étendue de gazon, sans aucune diversité végétale. Afin de nourrir les abeilles et les papillons, le cœur de cet oasis est mellifère : : valériane, angélique, luzule, Fleur des Elfes, bleuets et pieds de houblon, son compagnon, Jérôme Crépieux, étant à l’origine de la fameuse bière MIR. Autour, de nombreux fruitiers apportent de l’ombre et de belles récoltes : cerisier, amélanchier, framboisiers, mûriers, myrtilliers, fraisiers… « J’incite mes clients à planter des fruitiers car contrairement à ce que l’on pourrait penser les polluants restent concentrés dans les racines et les feuilles. Les fruits sont purs et meilleurs que ceux traités et que l’on trouve au supermarché. Les aromatiques aussi sont très généreux et demandent peu de place et peu d’entretien. Les miens sont nichés sur le toit de mon abri de jardin ».
Mais la végétalisation ne doit pas se limiter qu’aux parties privatives pour Leslie. C’est pourquoi elle suggère à ses clients de considérer aussi leurs espaces extérieurs. « L’emprise végétale sur la rue a une fonction écologique évidente : favoriser la biodiversité, rafraîchir les villes en été, absorber l’eau de pluie, purifier l’atmosphère et recycler les déchets organiques. Elle favorise les échanges entre voisins, pousse les voitures à ralentir et les gens à prendre leur vélo. Un espace cultivé est toujours plus respecté. La plupart des villes ont mis en place un permis de végétaliser pour inciter les citadins à entretenir et verdir eux-mêmes l’espace public. Plus les demandes seront nombreuses plus les institutions prendront des initiatives dans le bon sens ». Le verdissement des villes est l’affaire de tous.
Plus d’infos sur liligarden.fr
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29 juillet 2019 - Romainville