Occuper légalement des friches ou des lieux en attente de rénovation et en faire des espaces de résidence pour artistes, artisans et entrepreneurs, telle est la mission que s'est fixée l'association Soukmachines qui signe une grande première à Bagnolet : investir d'anciennes tours de bureaux en passe d'être transformées en hôtel. Directeur de Soukmachines, Yoann-Til Dimet nous en dit plus.
Comment est né ce nouveau projet d’occupation temporaire dans les tours Mercuriales à Bagnolet ?
Yoann-Till Dimet : L’opportunité m’a été soufflée par l’un de nos résidents. Les tours Mercuriales sont un symbole de la région parisienne ! Je les connais depuis toujours. En plus, elles sont situées dans le 93, dans cet Est parisien qu’on maîtrise bien chez Soukmachines. Les bureaux sont en bon état et la vue est incroyable. Les conditions sont confortables pour accueillir des résidents. On propose le mètre carré à 13,50€, notre prix le plus élevé à ce jour.
Combien de temps allez-vous rester ?
Au moins jusqu’en juin, mais on est quasiment sûrs de rester cet été. On fait le pari d’y aller malgré un temps d’occupation très court. Je suis convaincu que la vue et le lieu inspireront les résidents. La preuve, on a eu plus de 300 visites et la moitié d’entre elles ont débouché sur une demande de local !
Combien d’étages avez-vous réservés ?
On accueillera nos premiers résidents sur deux étages le 18 janvier. Puis nous ouvrirons trois étages supplémentaires début février et deux autres à la mi-février. On pourrait même être amenés à en ouvrir d’autres ! Cela dépendra de la demande. Au total, nous allons atteindre les 800 résidents sur l’ensemble de nos lieux d’occupation. C’est complètement fou.
La coopérative Plateau Urbain a également réservé des étages. Travaillez-vous conjointement ?
Sur les 29 étages, Plateau Urbain en a réservé deux. On a été pris par le temps et on ne s’est pas coordonnés. Mais il est certain qu’on collaborera avec eux une fois nos résidents installés.
Quels sont vos critères pour sélectionner les résidents ?
Il y a tellement d’espace disponible qu’on a finalement peu d’exigence. Il n’y a pas de sélection. On sonde simplement la motivation des gens et on s’assure que les métiers correspondent aux normes incendie de l’immeuble, qui sont assez strictes. On ne va pas mettre un soudeur ici ! Nous allons accueillir des graphistes, des architectes, des illustrateurs, des professionnels de la production sonore ou du cinéma… Des activités créatives qui peuvent se faire derrière un bureau. Notre principal objectif est de permettre à des personnes, notamment en démarrage d’activité, d’accéder à un local pas cher et de participer à une émulation collective.
Les tours seront à terme transformées en hôtel. Cette occupation temporaire va-t-elle inspirer le projet futur, comme ce fut le cas par exemple aux Grands Voisins à Paris ?
C’est une réflexion que l’on a en général sur les sites que l’on occupe. Quand on crée des attaches dans un territoire, on a envie de les conserver. Concernant les Mercuriales, l’occupation sera de très courte durée. Je ne suis pas certain que cela nous donne la possibilité de construire quelque chose de pérenne. Mais qui sait ? Si les investisseurs nous proposent quelque chose, on sera à l’écoute.
Quelles sont les perspectives de Soukmachines pour 2021 ?
On se concentre à fond sur la mise à disposition des bureaux dans les tours Mercuriales ! En parallèle, on prend soin de nos autres lieux, comme le PréàVie au Pré-Saint-Gervais et l’Orfèvrerie à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). On espère très vite pouvoir réorganiser des fêtes. Et surtout, nous travaillons sur un autre projet d’occupation temporaire, dans une banlieue plus éloignée. On commence à cibler des zones hors Paris et première couronne.
Infos pratiques : Appel à résidents « La Tour », bureaux, espaces partagés et ateliers à partir de 94€/mois. Plus d’infos sur soukmachines.com
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13 janvier 2021 - Bagnolet
