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Les forêts sont le premier lieu touristique d’Île-de-France

Une masterclass photo organisée par Enlarge your Paris en forêt de Rambouillet / © Jérômine Derigny pour Enlarge your Paris
Une masterclass photo organisée par Enlarge your Paris en forêt de Rambouillet / © Jérômine Derigny pour Enlarge your Paris

Comment les Franciliens perçoivent-ils les forêts d'Île-de-France et s'y rendent-ils souvent ? Ce sont quelques-unes des questions du sondage mené par ViaVoice au printemps dernier pour l'Office national des forêts et dont les résultats ont été publiés récemment. Décryptage avec Michel Béal, directeur de l'agence ONF-Île-de-France Ouest.

Pourquoi avoir décidé de mener cette enquête sur le rapport des Franciliens à leurs forêts ?

Michel Béal : Quand on est gestionnaire de forêts publiques, comme c’est le cas de l’ONF, on doit allier trois grandes fonctions : une fonction sociale, une fonction environnementale et une fonction de producteur de bois. La première de toutes, c’est la fonction sociale. Nous travaillons avec les élus et les associations locales pour répondre à la demande de poumons verts que représentent les forêts. C’est bien, mais c’est intéressant aussi d’aller voir du côté du public afin de mieux évaluer ses besoins.

52 % des Franciliens déclarent se rendre au moins une fois par mois en forêt. C’est un chiffre assez élevé. Vous a-t-il surpris ?

Plutôt que de surprise, je parlerais de confirmation d’une idée. Grâce aux enquêtes, nous savons qu’il y a environ 80 millions de visiteurs par an dans les forêts domaniales franciliennes. Et ceux-ci ont été encore plus nombreux après le covid. Aujourd’hui, on tourne d’ailleurs plutôt autour de 90 à 100 millions de visiteurs annuels. Ce qui fait de nos forêts le premier lieu touristique d’Île-de-France.

On voit néanmoins que les habitants de Seine-Saint-Denis sont un peu les « parents pauvres » de l’affaire. Ils sont 19 % à déclarer qu’ils ne vont jamais en forêt…

Parce que plus on est près d’une forêt, plus on y va. Quand vous regardez une carte aérienne de l’Île-de-France, vous voyez que la densité de forêts est plus importante dans l’Ouest parisien ou le sud-est du Val-de-Marne. La Seine-Saint-Denis n’a pas de forêt domaniale du tout.

On voit dans l’enquête que la forêt véhicule un imaginaire globalement très positif. En revanche, 41 % des sondés disent ne pas y aller plus souvent car ils répugnent à s’y promener seuls. Elle suscite même peur et angoisse chez environ 20 % des 18-24 ans… Quelle lecture faites-vous de ces résultats ?

On peut d’ores et déjà souligner que, dans les sondés, il n’y a évidemment pas d’enfants ni de jeunes adolescents pour qui la forêt représente un espace d’aventures et de découvertes. Et il faut bien avouer que les grands adolescents constituent une tranche d’âge qui vient moins en forêt. On les retrouve plus tard, une fois en couple, avec des enfants. On constate en tout cas très peu d’agressions dans les bois. Si la forêt peut paraître inquiétante, cela relève finalement davantage de l’inconscient collectif. Des histoires qu’on nous racontait enfants, peuplées de loups et de dangers. Pourtant, je peux vous dire que, par exemple, se promener en forêt la nuit a un côté absolument magique. Mais voilà, sur nos épaules pèse le poids des récits de notre enfance…

L’enquête montre aussi que, si les Franciliens aiment leurs forêts, ils ne les connaissent pas très bien. Ils ne savent pas forcément par qui elles sont gérées ; ils sont 45 % à penser qu’elles sont un espace sauvage…

Je voudrais d’abord citer un autre chiffre qui nous a agréablement surpris : les Franciliens sont 74 % à estimer qu’elles sont assez bien ou très bien gérées. Soit une majorité silencieuse plutôt satisfaite mais couverte par une minorité critique et bruyante. Mais, effectivement, on voit un fossé que nous, gestionnaires, devons combler. Nous avons des efforts à faire en termes de pédagogie et de transmission de l’information. Bref, il nous faut renforcer le dialogue forêt/société. Même si, depuis cinq ans, nous avons fait beaucoup, il faut aller encore plus loin. Car le public ne vient pas en forêt seulement pour se promener. Il découvre, se pose des questions. C’est donc à nous, avec les collectivités, les associations, de jouer le rôle de relais. Nous recevons déjà des milliers d’enfants par an. C’est une dimension éducative très importante. Car plus un être humain comprend la forêt, plus il va être enclin à la protéger.

Parmi les questions délicates, il y a celle de la coupe du bois. On voit bien, dans cette enquête, qu’elle n’est pas forcément comprise. Les gens sont 63 % à penser que couper le bois pour le commercialiser est une mauvaise idée…

Le public comprend que la coupe du bois est utile à la société. Mais il y a un peu le syndrome Idéfix : les gens ne supportent pas que cela se passe sous leurs yeux. Pourtant, ils conçoivent que fonctionner selon des circuits courts est important. De plus, pour que la forêt reste accueillante et vivante, il est nécessaire de pratiquer des coupes et de commercialiser le bois afin que celui-ci soit utilisé. Il faut donc, sur ce point également, renforcer notre communication. Nous n’allons pas nous reposer sur nos acquis ; nous allons poursuivre cette mission de pédagogie et d’éducation.

Infos pratiques : retrouvez les résultats de l’enquête menée par ViaVoice pour l’ONF sur onf.fr

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