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Les fermiers bio toujours plus nombreux en Île-de-France

Les Vergers de Cossigny en Seine-et-Marne, ferme bio tenue par Jacques Frings, président du Groupement des agriculteurs biologiques d’Île-de-France / © Les Vergers de Cossigny
Les Vergers de Cossigny en Seine-et-Marne, ferme bio tenue par Jacques Frings, président du Groupement des agriculteurs biologiques d’Île-de-France / © Les Vergers de Cossigny

Entre 2010 et 2020, le nombre de fermes passées à l’agriculture biologique a été multiplié par 4 en Île-de-France. Une bonne nouvelle pour le Groupement des agriculteurs biologiques qui appelle à ne pas relâcher les efforts, tant du côté des producteurs que des consommateurs.

Petit à petit, le bio fait son nid en Île-de-France. Selon l’Observatoire régional de l’agriculture biologique, plus d’une ferme francilienne sur 10 s’est convertie à l’agriculture biologique qui représente en 2020 11,4% des exploitations, contre seulement 2,7% en 2010. « La courbe est exponentielle depuis 2016, se réjouit Jacques Frings, président du Groupement des agriculteurs biologiques (GAB) d’Île-de-France. La région a rattrapé son retard sur la moyenne nationale », qui en 2019 était d’une ferme française sur 10 passée au bio.

« Le retard de l’Île-de-France pouvait jusqu’à présent s’expliquer par une situation confortable des agriculteurs bénéficiant de terres fertiles, d’un bon climat et de clients accessibles, explique Jacques Frings, lui-même maraîcher bio en Seine-et-Marne. Mais les rendements de l’agriculture intensive ont commencé à plafonner, il y a eu l’agribashing et une prise de conscience de la société sur les produits phytosanitaires. En trois ans, les céréaliers ont aussi connu deux mauvaises récoltes en raison d’étés caniculaires. Cela a pu accélérer le processus de conversion. »

Le bio, un changement de métier pour les agriculteurs conventionnels

Une conversion qui implique une importante remise à plat. Dans l’agriculture bio, l’objectif n’est plus de soigner des plantes malades avec des produits chimiques mais de cultiver la fertilité du sol de manière naturelle. « Pour un agriculteur qui a recouru aux produits chimiques toute sa vie, c’est presque un nouveau métier ! C’est une complète remise en cause de son système. Il lui faut repenser un nouveau mode de fonctionnement de ses sols, souligne le président du GAB. C’est un peu risqué, forcément, mais on retrouve pleinement la passion du métier de cultivateur, d’agriculteur et non plus d’exploitant agricole. »

Alors, pour accompagner les agriculteurs souhaitant se lancer, des formations et des partages de bonnes pratiques sont organisés par des techniciens bio issus des chambres d’agriculture et du GAB. Résultat, près de 6.000 hectares supplémentaires et une centaine de nouvelles fermes se sont converties en 2020. La Seine-et-Marne, plus grand département francilien, compte 49 nouvelles fermes bio depuis l’an dernier, les Yvelines 27, l’Essonne 16, la petite couronne 7 (Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis et Hauts-de-Seine) et le Val-d’Oise 3. Au total, l’Île-de-France abrite 546 fermes bio.

Jacques Frings n’a qu’un souhait : voir se poursuivre cette croissance.« Ma crainte est que les plus grosses fermes aient du mal à opérer leur conversion vers le bio. Mais les structures à taille humaine pourront profiter de la présence des consommateurs, nombreux, pour favoriser les circuits courts. En choisissant la qualité du bio, les agriculteurs pourront mieux se rémunérer. » Dans une région, l’Île-de-France, où 50% du territoire est dédié à l’agriculture, l’enjeu est de taille.

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