Avant, les étudiants se rencontraient à la fac, dans les cafés ou dans le cadre de leurs petits boulots. La crise sanitaire a bouleversé les habitudes. Et, surtout, fait éclore un sentiment de sinistrose chez bon nombre de jeunes dont les journées s’écoulent entre cours en visio et vie sociale rétrécie. Alors comment faire pour que leurs vertes années ne deviennent pas noires ? A cette question, une quinzaine de fermes urbaines grand-parisiennes proposent une réponse. A partir du 15 avril et jusqu’au 15 mai, elles invitent les étudiants à venir jardiner près de chez eux. Mais surtout, à faire de nouvelles rencontres grâce au programme « Restaurons durablement les étudiant.e.s #àlaferme ».
À la manœuvre de cette initiative, on retrouve la Ferme Florale Urbaine, Zone Sensible / Parti Poétique, la Cité Fertile ou encore Veni Verdi. Les ateliers proposés sont multiples : bouturage, désherbage, récolte et même bricolage. À Terre Terre, l’une des fermes de la Société d’Agriculture Urbaine Généreuse et Engagée (la Sauge) située à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), les étudiants construiront le nouveau jardin-potager destiné aux riverains. La Ferme du Bonheur, à Nanterre (Hauts-de-Seine), organise elle aussi une opération similaire et ouverte à tous baptisée « Vacances-Chantiers-Volontaires ».
Un prétexte pour recréer du lien social
L’idée de ce projet a germé dans la tête de Swen Déral, l’un des cofondateurs de la Sauge à la fin de l’année. « Quand la communauté Écotable a décidé de lancer un crowdfunding pour produire des repas sains pour les étudiants, j’ai trouvé l’idée géniale, raconte-t-il. Je me suis alors dit que, dans les fermes urbaines, on pourrait organiser des activités pour travailler sur le volet psychologique.«
Et pour cause : les ateliers sont surtout un prétexte pour réunir des étudiants, dans le respect des règles sanitaires. Une façon également de « leur permettre de recréer du lien social », assure Swen Déral. Un site de rencontres in real life en quelque sorte, avec des créneaux spécialement dédiés aux jeunes. Histoire de nouer de nouvelles relations, pelle et binette à la main, le tout en se livrant à une activité physique. Bref, le bon cocktail pour redonner le moral aux étudiants dont la santé mentale a été mise à mal ces derniers mois. Selon une récente enquête de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), 73% des 18-24 ans disent avoir été affectés par la crise sur le plan psychologique, physique ou affectif.
Et après l’effort, le réconfort : les participants pourront pique-niquer ou goûter sur place. Au total, plus de 200 étudiants devraient ainsi profiter du grand air et d’un repas en échange de quelques heures de travail bénévole dans l’une des fermes. « On n’hésitera pas à prolonger l’opération et à ouvrir davantage de créneaux réservés aux étudiants si la demande est importante« , assure le cofondateur de la Sauge.
Ouvrir la voie à des métiers d’avenir
Comme diraient les férus du marketing, avec cette initiative, on est dans le win-win. Les étudiants prêtent leurs bras et, en échange, font des rencontres. Mais pas seulement. « Cette initiative ouvre la voie vers des métiers d’avenir. Pour ces étudiants, c’est parfois une première prise de contact avec l’agriculture urbaine », souligne Swen Déral. L’immersion est donc susceptible d’ouvrir des horizons, au-delà des quelques heures de bénévolat, via une mise en situation des plus concrètes.
« L’idée serait de développer les jobs étudiants l’été dans les fermes urbaines, indique Swen Déral. Les étudiants rempliraient des petites missions, rémunérées, à la journée ou à la semaine. » Une autre façon de refaire le monde, les mains dans la terre.
Infos pratiques : « Restaurons durablement les étudiant.e.s #àlaferme » du 15 avril au 15 mai. Inscriptions sur communaute.ecotable.fr. Les « Vacances-Chantiers-Volontaires » de La Ferme du Bonheur à Nanterre du 17 au 25 avril. Inscriptions à l’adresse contact@lafermedubonheur.fr
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17 avril 2021