Webinaire « Les arbres sont-ils heureux en ville ? » jeudi 1er avril de 19h à 20h. Diffusion en direct sur Facebook. Inscription gratuite sur la page de l’événement
A partir de quand la nature s’invite-t-elle en ville ?
Chiara Santini : La nature en ville est présente depuis l’Antiquité romaine. La plantation de végétaux va prendre de l’importance avec l’essor des villes fortifiées, dans lesquelles l’indépendance alimentaire revêt un enjeu clé. Des zones de production agricoles y sont aménagées, mais aussi des jardins et parfois des espaces de promenade car on a compris que pouvoir se promener au contact de la nature fait du bien.
Quelle place les arbres vont-ils prendre dans les villes françaises à partir du XVIIe siècle ?
A partir de cette date, les plantations d’arbres font l’objet de politiques publiques. Cela ne relève plus simplement de la coutume. Par exemple, Louis XIV fait raser les fortifications de Paris et planter des arbres le long des boulevards, qui deviennent alors des lieux de promenade. Ces plantations se poursuivent tout au long du XVIIIe et du XIXe siècle.
Durant le Second Empire, les travaux du baron Haussmann et d’Adolphe Alphand, considéré comme le père des espaces verts à Paris, vont encore renforcer la place du végétal peut-on lire dans votre livre Adolphe Alphand et la construction du paysage de Paris…
Napoléon III et le baron Haussmann décident de doter la ville de Paris d’un service consacré à la gestion du végétal à partir de 1854. C’est une grande première. L’arbre, et plus largement, les végétaux, participent à la manière de repenser la ville. À l’époque, on pense que la ville est un corps malade qu’il faut soigner. Et les ingénieurs ne procèdent plus comme sous l’Ancien Régime, en ne s’occupant que d’un quartier ou d’une place. La circulation des habitants est repensée. On renforce l’éclairage, on aménage des trottoirs le long des grandes artères et on crée également un réseau d’espaces végétalisés qui assure le « bien-être des Parisiens » selon les mots de l’administration dirigée par l’ingénieur Adolphe Alphand, directeur du service des Promenades et plantations de Paris.
Comment l’entretien des arbres va-t-il changer à Paris sous l’impulsion d’Alphand ?
Auparavant, des entrepreneurs privés étaient chargés de choisir les arbres, de les planter et de les entretenir. Une fois le contrat arrivé à terme, ils ne s’occupaient plus du tout des arbres, qui mourraient et qui étaient débités. Adolphe Alphand a mis fin à ce système. Désormais, un corps municipal dédié s’occupe de faire pousser les arbres dans des pépinières puis de les entretenir.
Quels ont été les principaux espaces verts parisiens créés par Alphand ?
On lui doit les bois de Boulogne et de Vincennes ainsi que les principaux jardins de la capitale comme les Buttes-Chaumont (19e) ou le Champ-de-Mars (7e). Il est entouré pour cela d’une équipe d’ingénieurs, d’architectes et d’horticulteurs de haut niveau. C’est d’ailleurs à cette époque qu’est créée l’école d’horticulture, l’actuelle école du Breuil dans le bois de Vincennes (12e). On trouve de nombreuses archives sur les transformations entreprises par Alphand car, comme Haussmann, il communiquait beaucoup sur ses travaux à travers les livres et la presse. Grâce à lui, les arbres sont devenus constitutifs du paysage urbain à Paris. Ils structurent et façonnent l’imaginaire de la Ville Lumière.
Infos pratiques : Webinaire « Les arbres sont-ils heureux en ville ? » jeudi 1er avril de 19h à 20h. Diffusion en direct sur Facebook. Inscription gratuite sur la page de l’événement
Cette interview a été réalisée dans le cadre des Rencontres de l’arbre, un cycle de webinaires, de balades et de plantations conçu par le média Enlarge your Paris avec la Métropole du Grand Paris et l’Office national des Forêts
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29 mars 2021