Comment les Amarres en sont-elles venues à jeter l’ancre sur les bords de Seine à Paris ?
Suzanne Laquerre : Aux Grands Voisins, l’association Aurore gérait un accueil de jour, destiné aux demandeurs d’asile et aux réfugiés. Quand le site a fermé, la mairie du 13e arrondissement et le Port autonome de Paris ont proposé de l’héberger dans les anciens locaux du Port autonome. Le lieu étant très vaste – 4 000 m2 – et comme cela coïncidait avec un moment où, chez Yes We Camp, nous n’avions plus vraiment de bureaux parisiens suite à la fermeture des Grands Voisins, Aurore nous a proposé de venir. D’autres associations, comme Réfugiés Bienvenue, se sont jointes à l’aventure. L’ADN du projet, c’est le travail social. Toutes les structures qui occupent des bureaux ici œuvrent autour de cette dimension. Le 5 octobre 2020, un accueil destiné aux hommes a ouvert ses portes. Et le 7 décembre 2020, un autre s’est ajouté pour les familles et les femmes enceintes en grande précarité. Les personnes accueillies peuvent manger, se laver, laver leurs vêtements mais aussi prendre des cours de français, bénéficier d’un accueil social. Chaque jour, nous recevons environ 200 personnes sur l’accueil hommes et 100 sur l’accueil familles. Mais, avec l’hiver, nous connaissons des pointes. La semaine dernière par exemple, nous avons pu avoir jusqu’à 400 personnes par jour sur l’accueil hommes.
Pourquoi avoir choisi ce nom, « les Amarres » ?
Il a été choisi de façon collaborative. On a d’abord réfléchi en ateliers ; environ sept noms ont émergé. L’amarre, c’est la corde qui permet de s’attacher à un port, de se poser. On s’y arrête et on en repart quand on veut. Et puis nous sommes situés en bord de Seine. Sans oublier que le mot est facile à prononcer…
Pourquoi choisir d’ouvrir le lieu au grand public ?
Parce que nous l’avons déjà fait aux Grands Voisins et que nous savons que ça marche. Pour les bénéficiaires des lieux, cela permet par exemple d’accélérer l’acquisition de la langue française. Des études prouvent que ce public met un an à un an et demi à avoir des discussions avec des Français hors champ social ou administratif. Côté visiteurs, cela permet de sensibiliser à ces questions des parcours migratoires. Ils peuvent aussi aider en offrant des cafés suspendus à la buvette, en donnant des vêtements. Je comprends que ce désir de mélanger les gens puisse questionner. On essaie des choses, on se trompe parfois, mais on rebondit.
Et ces rencontres ont-elles lieu dans les faits ?
Oui et on fait en sorte de les faciliter. Par exemple, certains accueillis travaillent un peu à la buvette. Cela leur permet d’améliorer leur maîtrise de la langue mais aussi d’être rémunérés en chèques emploi service. Nous avons aussi deux personnes qui prennent activement part à la programmation.
En quoi va consister la soirée d’ouverture du 9 décembre ?
Déjà, en la découverte d’un superbe bâtiment avec vue sur la Seine. Nous allons organiser des visites guidées durant la soirée pour présenter le projet. Elles se dérouleront par petits groupes pour faciliter les échanges et la discussion. Une tartiflette sera proposée par Refugee Food et on pourra profiter d’un concert ainsi qu’un DJ set. Durant le mois de décembre, on pourra aussi compter, entre autres, avec un apéro-fanfare, une boum, un marché d’hiver et un karaoké de Noël.
Infos pratiques : les Amarres, 24, quai d’Austerlitz, Paris (13e). Ouvert du mercredi au vendredi de 18 h à 23 h, le samedi de 10 h à 23 h, le dimanche de 10 h à 18 h. Entrée libre. Accès : métro Gare d’Austerlitz (lignes 5 et 10) / Gare d’Austerlitz (RER C). Plus d’infos sur Facebook
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7 décembre 2021 - Paris