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L’école Kourtrajmé à Clichy donne vie à une nouvelle génération de cinéastes

Le réalisateur Ladj Ly (au premier rang au centre) avec les élèves de la première promotion de l'école Kourtrajmé à Clichy-Montfermeil / © Natacha Gonzalez
Le réalisateur Ladj Ly (au premier rang au centre) avec les élèves de la première promotion de l’école Kourtrajmé qu’il a fondé à Clichy-Montfermeil / © Natacha Gonzalez

Fondée par Ladj Ly, réalisateur des Misérables toujours en course pour l'Oscar du meilleur film étranger, l'école Kourtrajmé à Clichy-sous-Bois propose des formations gratuites aux métiers du cinéma destinées à tous sans condition d'âge ni de diplôme. Nous sommes allés à la rencontre de la promo "Scénario" à l'occasion de la sortie dans les salles des Misérables le 20 novembre dernier.

« Je vise l’Oscar au minimum », déclare en plaisantant Maurad, l’un des 15 élèves de la promotion « Scénario » de l’école Kourtrajmé à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Ce qui lui fait au moins un point commun avec Ladj Ly, fondateur de l’école en 2018 et dont le film Les Misérables a été choisi par le Centre national du cinéma pour représenter la France aux Oscars (les 5 nominés qui concourront dans la catégorie « meilleur film étranger » seront dévoilés en janvier). Installé au sein des Ateliers Médicis, espace de création appelé à devenir l’un des futurs pôles culturels majeurs du Grand Paris, ce lieu de formation aux métiers du cinéma est gratuit et destiné à tous sans condition d’âge ni de diplôme. « On n’aurait jamais pu rentrer dans des écoles de cinéma classiques car on ne correspond pas à leurs attentes, assène Hada. L’école Kourtrajmé nous correspond plus. On forme une promotion de 15 personnes de 20 ans à 41 ans et venant d’horizons très différents, de banlieue parisienne ou de province ».

Un esprit d’entraide et de débrouille

Une fois admis dans l’un des deux cursus, « Scénario » ou « Réalisation/Post-production » (un troisième cursus « Art et image » ouvrira prochainement qui sera piloté par le street artiste JR), l’apprenti cinéaste se retrouve instantanément plongé dans une dynamique collective. « On entre dans une grande famille, qui contraste avec le milieu du cinéma généralement assez fermé. Dans cette école, on a l’impression d’avancer ensemble, de se serrer les coudes, de s’entraider », affirme Hada. Une bonne synthèse de l’esprit Kourtrajmé, collectif né dans les années 1990 et créé par une bande d’amis férus de ciné, tous issus de la banlieue parisienne. De la production à la fabrication en passant par la distribution sur des cassettes VHS, ils apprennent les ficelles en autodidactes en veillant à se prêter main forte. Tous sont déterminés à partager une vision du cinéma moins élitiste et à montrer leur quotidien, celui d’une France qu’on ne voit pas. Jusqu’à la consécration à Cannes en 2019 avec le Prix du Jury pour Les Misérables, traitant d’une bavure qui va entraîner l’embrasement d’une cité.

Une réussite qui ne peut qu’inspirer les élèves de Kourtrajmé. En ce mercredi 20 novembre, jour de sortie en salles des Misérables, ils sont en compagnie de la scénariste Virginie Legeay qui leur apprend à façonner un scénario, trouver son enjeu et questionner la profondeur des personnages. Appliqués et consciencieux, les étudiants présentent leurs ébauches griffonnées sur plusieurs pages. Les idées fusent sur des sujets fortement engagés. Tous ont envie de faire passer des messages à travers la caméra. Ils ont trois mois en tout pour être capables de rédiger un scénario. Un challenge qui ne les effraie pas. « Avant tout, on nous apprend à être nous-mêmes », souligne Maurad. L’important ce n’est pas l’Oscar, c’est de pouvoir dire ce que l’on a à dire.

Infos pratiques : Plus d’infos sur ateliersmedicis.fr

A voir : Un oeil sur le Grand Paris avec le photographe Vincent Migrenne