Société
|

Le Grand Paris, objet médiatique non identifié

Le Grand Paris vu depuis le toit de la tour Montparnasse / © Gasdub (Creative commons - Flickr)
Le Grand Paris vu depuis le toit de la tour Montparnasse / © Gasdub (Creative commons – Flickr)

A l'heure où la crise du Covid-19 montre l'interdépendance des territoires du Grand Paris, le sujet souffre encore d'une faible médiatisation, même si de nouvelles voix émergent qui relaient la diversité des initiatives en banlieue.

Avec ses 7 millions d’habitants, le Grand Paris est aussi peuplé que la Serbie. Il atteint même la population de la Belgique si on l’élargit aux frontières de l’Île-de-France. Pourtant, le Grand Paris souffre encore d’un déficit d’image et d’un traitement médiatique parcellaire. Il y a encore trois mois, il ne disposait d’aucun quotidien régional de presse écrite portant une vison d’ensemble du territoire, exception faite du Journal du Grand Paris pour le monde économique. Entre-temps, Le Parisien a fait évoluer sa formule et inauguré en juin dernier un cahier « Île-de-France & Oise » en lieu et place de ses suppléments départementaux. 

Mais pour Jacques Paquier, fondateur et rédacteur en chef du Journal du Grand Paris, « il y a encore du travail pour que la banlieue ne soit plus considérée uniquement comme une source de problèmes. » Raison pour laquelle depuis quelques années, de nouvelles voix se font entendre. « De plus en plus de passeurs s’emparent du sujet, constate Léo Fauconnet, directeur de la mission Gouvernance à l’Institut Paris Region. Ces initiatives font vivre les questions métropolitaines au plus près des habitants pour qu’ils se les approprient. »

Le Grand Paris vu de ma Mini, Or Périph’…

Parmi ces passeurs, le journaliste Clément Dechamps a décidé de lancer son propre média,  « Or Périph’ ». Son objectif : « Montrer les initiatives positives qui prennent place dans le Grand Paris. » La mise en ligne est prévue pour le 1er octobre. « Quand on est jeune, on est très tourné vers ce qui se passe dans la capitale, témoigne-t-il. Il y a une forme de désintérêt voire  de honte vis-à-vis de la banlieue. On est content d’y habiter mais on n’en est pas forcément fier, car on ne sait pas ce qu’il s’y passe de bien ! »

En prenant les rênes en 2018 du podcast « Le Grand Paris vu de ma Mini » sur Mon Paris FM, Julie Gourhant a elle aussi souhaité renouveler le récit qui est fait de la banlieue. Elle a choisi pour ce faire de mettre en avant des personnalités aux parcours inspirants. « Depuis quelques temps, j’ai l’impression que Paris s’agrandit, que les frontières tombent, confie-t-elle. D’ailleurs, je ne vais quasiment plus intra muros. » Dans cette même dynamique, Sandrine a quant à elle transformé son blog « Dans la rue d’à côté », créé en 2018 pour partager ses coups de coeur à Palaiseau (Essonne), et fondé l’an dernier « Ma Petite Banlieue », histoire de faire changer les mentalités. « Il n’y a pas que des cités en banlieue », clame celle qui compte des lecteurs de part et d’autre du périph’ et qui a même lancé une marque de vêtements baptisée « Banlieusarde ».

Le Covid-19, un tournant pour le Grand Paris

Pour Léo Fauconnet, le problème du traitement du Grand Paris dans les médias relève également du champ politique. « On ne peut pas reprocher aux médias de ne pas donner corps à quelque chose qui n’existe pas à l’échelon démocratique », souligne-t-il. La crise du Covid-19 est venue en partie changer la donne. « Cela a modifié l’image du Grand Paris dans la mesure où le Covid a montré très fortement, parfois de façon dramatique, l’effet papillon. Il a démontré l’interdépendance des territoires et des habitants et l’intérêt de réfléchir de manière globale car tout est Grand Paris », assure Jacques Paquier, du Journal du Grand Paris. Une analyse partagée par Léo Fauconnet. « La crise sanitaire est un sujet de plus pour sortir de la logique de la grande proximité. Les gens sont conscients des interdépendances fortes sur le territoire, en particulier sur des sujets comme les mobilités, le changement climatique et le social. »

À quelques jours du lancement officiel d’Or Périph’, Clément Dechamps voit lui aussi une opportunité d’incarner davantage le Grand Paris : « Pendant le confinement, les gens avaient encore plus besoin de bonnes nouvelles, d’informations positives et constructives. A nous journalistes de monter que des solutions existent en relayant les initiatives qui naissent en banlieue. » La banlieue influence Paname, Paname influence le monde comme dit la chanson

Lire aussi : Depuis un an, Enlarge your Paris a été lu dans tous les pays du globe

Lire aussi : Sarkozy, Hidalgo et Pécresse en tête d’affiche des 24 heures du Grand Paris

Lire aussi : La « métropolisation », c’est mal, mais c’est quoi exactement ?

Lire aussi : Si l’Île-de-France était un pays, ce serait le 19e le plus riche