D’habitude, moins écolo qu’un cimetière, tu meurs. Car pour soigner son allure, le royaume des morts n’y va pas de main morte avec les désherbants. Ce n’est pourtant pas une fatalité comme le prouve le cimetière des Gonards à Versailles (78), premier en France à s’être vu décerner le label éco-jardin en 2012. La ville, qui pratique depuis 2005 la politique du « zéro phyto » dans ses espaces verts, a décidé en 2009 de bannir l’utilisation de la chimie pour l’entretien de ses cimetières.
« Du bon sens et beaucoup de travail »
Mais alors, comment fait-on pour permettre aux morts de manger des pissenlits bio par la racine ? « Avec du bon sens et beaucoup de travail, répond Cathy Biass-Morin, la directrice des espaces verts. Des fossoyeurs aux maçons, tout le monde est susceptible d’être appelé pour désherber écologiquement. Il faut donc des équipes polyvalentes et qui soient sensibles à l’écologie. La communication auprès du public et le soutien des élus sont aussi d’autres facteurs importants de réussite ». Ensuite, il s’agit de procéder par petites touches : du gazon en remplacement des gravillons dans les allées, du ciment entre les tombes pour s’éviter d’arracher sans cesse les herbes folles, des haies plus champêtres pour une taille moins chronophage, des zones en friches afin de favoriser la biodiversité et garantir moins de tontes, des plantations pour rendre les lieux moins funestes et même la mise en place du concassage des pots de fleurs abandonnés pour décorer les parterres et les pieds des arbres.
Un cimetière à la manière d’un jardin
« Tout cela demande plus d’efforts mais c’est aussi plus valorisant pour les jardiniers et toute l’équipe du cimetière. Ils se sont appropriés les lieux comme un jardin ». Si nous n’avons pas pu demander aux morts s’ils adhéraient à la démarche, faune et flore saluent unanimement cette nouvelle manière de faire. « De plus en plus d’oiseaux nichent dans le cimetière. Et nous avons même des orchidées qui se sont mises à pousser par endroits ». Alors question : pourquoi procédait-on autrement avant ? « L’arrivée des produits phytosanitaires après-guerre a considérablement changé la physionomie des cimetières. Les recherches effectuées entre autres sur le gaz moutarde, qui fut très utilisé pendant les combats, ont montré que l’on pouvait obtenir des désherbants très efficaces. Ce qu’il faut donc maintenant, c’est parvenir à faire évoluer les mentalités ».
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16 octobre 2017 - Versailles