Avec l'arrivée des guichets automatiques, certaines gares de grande couronne ont fermé leurs portes. Mais ça, c'était avant. Via son projet "1001 Gares", la SNCF leur permet de sortir du placard et de s'inventer une nouvelle vie en proposant à des porteurs de projets d'y installer leur offres de services.
La phrase pourrait bientôt devenir banale : « Chérie, je suis un peu short ce matin. Tu peux déposer le bébé à la gare ? » Reposez tout de suite ce téléphone sur lequel vous vous apprêtiez à composer le numéro de l’Aide sociale à l’enfance. Non, les bambins n’ont pas vocation, dans le futur, à être gardés dans les consignes automatiques des gares. En revanche, certaines gares de RER ou du réseau Transilien pourraient bien entamer une deuxième vie : crèche, lieu de coworking ou commerce.
Avec son programme « 1001 gares », la SNCF a en effet décidé de ranimer les gares de grande couronne ayant fermé depuis l’arrivée des guichets automatiques. L’idée ? Permettre à des porteurs de projets locaux de profiter des espaces disponibles d’une superficie comprise entre 30 et 200 m2. « Notre objectif est de faire de la gare un point de destination et non plus simplement un point de départ ou d’arrivée », éclaire Naïma Lalaoui, responsable du programme au sein de Gares & Connexions. Seul impératif : les sites concernés doivent enregistrer « moins de 1 500 voyageurs par jour. » Pourquoi cette jauge de 1500 personnes ? C’est le critère retenu par la SNCF montrant que la gare nécessite une redynamisation autre que par le train.
Recréer du lien
Cours de yoga, services de réparation de vélo et même guinguettes… Des tests ont déjà été menés dans certaines gares peu empruntées de la ligne R et du RER D. En 2021, le projet passe à la vitesse supérieure. 35 gares désigneront leur futur locataire, pour une ouverture prévue courant 2022. D’ici là, la SNCF et le nouveau commerçant devront mener des travaux de mise aux normes ou encore plancher sur le modèle économique. Ils pourront s’appuyer sur l’exemple du précurseur : Le Local de Montigny, service de conciergerie local installé dans la gare de Montigny-sur-Loing (Seine-et-Marne).
« Il agrège toutes les composantes que l’on souhaite valoriser aujourd’hui : vente de produits locaux, location de vélos… Il recrée du lien avec les habitants du village », se réjouit Naïma Lalaoui. Recréer du lien, c’est justement ce que cherchait Michaël Rigard, le fondateur du Local de Montigny. Il y a deux ans et demi, cet ancien responsable commercial dans l’industrie pharmaceutique rêvait de changer de vie professionnelle. Il pense d’abord à monter un food truck devant la station, fermée depuis l’installation des guichets automatiques. « Je ne savais pas qu’on pouvait louer un local dans la gare ! Cette possibilité m’a permis de créer un lieu multi-usages », raconte Michaël Rigard. Repimpé avec ses murs bleu canard, le Local de Montigny a ouvert ses portes le 22 juin dernier, au lendemain du déconfinement.
150 gares de banlieue concernées à terme
Vente de produits locaux, service de plomberie ou de cordonnerie, commande de fleurs ou point de retrait de paniers de légumes… Michaël Rigard s’est tout bonnement transformé en concierge nouvelle génération. Il propose même un service de location de vélos. L’occasion de découvrir la fameuse Scandibérique, la véloroute européenne qui va de la Norvège à l’Espagne et passe à moins de deux kilomètres de Montigny. « Je n’arrive pas encore à me verser un salaire mais je couvre mes charges fixes. Si j’y arrive maintenant, ce sera encore mieux quand il n’y aura plus le Covid ! », assure-t-il.
A l’instar de Michaël, d’autres entrepreneurs montent avec enthousiasme dans le train du commerce et du tourisme de proximité. À Santeuil-le-Perchay (Val-d’Oise), sur la ligne J, Coopvexin s’installera en gare à la fin de l’année pour y vendre les productions locales : fruits, légumes, lentilles, huiles… À Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), un espace de coworking s’est d’ores et déjà installé tandis que la gare de Nogent-le-Perreux (Val-de-Marne) accueille une boutique dédiée aux amateurs de vélo. À terme, ce seront 150 gares de grande banlieue qui bénéficieront du programme. Et sortiront ainsi du placard.
Infos pratiques : Plus d’infos sur 1001gares.fr
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9 mars 2021
