La ferme ouverte de Saint-Denis cultive une autre ville

Caroline Robin, responsable d'exploitation au sein de la ferme ouverte de Saint-Denis / © Mélanie Rostagnat pour Enlarge your Paris — Caroline Robin, responsable d’exploitation au sein de la ferme ouverte de Saint-Denis / © Mélanie Rostagnat pour Enlarge your Paris

Ce reportage a été écrit dans le cadre d’un partenariat avec In Seine-Saint-Denis, marque initiée par le Département de la Seine-Saint-Denis et qui a lancé le podcast mensuel « En mouvement » pour donner la parole à des personnalités locales qui vivent et entreprennent dans le 93. Un podcast à écouter sur inseinesaintdenis.fr ainsi que sur Apple Podcasts, Deezer, Spotify et Soundcloud

Difficile de se douter que derrière le grand portail en bois vert du 114 avenue de Stalingrad à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) se cachent près de quatre hectares d’exploitation agricole. A seulement dix minutes à pied du métro Saint-Denis Université, encerclée par des pavillons et des barres d’immeubles, la ferme ouverte de Saint-Denis produit pas moins de huit tonnes de légumes (choux, courgettes, tomates, courges…) par an. Gérée depuis 1920 par la famille Kersanté, originaire de Bretagne, l’exploitation a été reprise en 2016 par les Fermes de Gally, suite à un appel à projets de la Ville, propriétaire des terres. Désormais, du lundi au samedi, et ce même pendant le confinement, il est possible de venir s’approvisionner. Objectif : casser les frontières entre la campagne et la ville et sensibiliser la population aux enjeux d’une agriculture locale et de saison.

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A la tête de cette exploitation, Caroline Robin, une jeune Nantaise de 26 ans. Issue du monde agricole – son père était éleveur de vaches laitières -, et diplômée en ingénierie agricole, elle a eu envie de participer à l’ouverture de la ferme au public, la dernière en Seine-Saint-Denis. « Quand j’ai postulé pour devenir responsable d’exploitation, je ne connaissais pas du tout le territoire de la plaine des Vertus (ancienne plus grande plaine maraîchère de France, Ndlr) où nous nous trouvons mais j’ai été emballée par l’aspect pluridisciplinaire de ce poste qui concilie à la fois production agricole, pédagogie et ouverture à la population », confie-t-elle.

Car outre l’activité de vente directe de la production, la ferme accueille quotidiennement le public à travers un circuit de visite d’une petite heure. Les enfants peuvent notamment participer à des ateliers divers (fabrication de beurre, de jus de pomme, de pain…) mais aussi se familiariser avec les animaux hébergés à la ferme (les visites et les ateliers sont suspendus pendant toute la durée du confinement, Ndlr). « Nous possédons quelques cochons, des chèvres, des moutons, des lapins et un cheval. Nous accompagnons les enfants dans les enclos où nous leur expliquons comment on les nourrit, comme on les soigne, l’utilité qu’ils peuvent avoir dans une ferme », explique Caroline.

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La ferme ouverte de Saint-Denis / © Mélanie Rostagnat pour Enlarge your Paris — © Mélanie Rostagnat pour Enlarge your Paris

Une ferme historique tournée vers l’avenir

Dans les nombreux espaces ouverts à la visite (la grange – un espace d’exposition qui présente l’histoire de la ferme et de la famille Kersanté -, la grande salle des ateliers, un mini-musée avec d’anciens outils de maraîchage), l’âme des Kersanté est omniprésente. « Nous utilisons toujours le tracteur de René, le dernier descendant de la famille qui est parti à la retraite en 2016 à 80 ans », indique Caroline. Dans les allées de l’exploitation, des outils d’un autre temps sont encore là, permettant aux visiteurs de se rendre compte de l’histoire des lieux.

Les Fermes de Gally ont toutefois souhaité tourner cette ferme vers l’avenir en développant de nouvelles méthodes de production, comme l’hydroponie. Une technique d’agriculture hors-sol qui permet de cultiver les plantes, notamment sous-serre, sans terre mais en les arrosant avec une solution nutritive.

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Et si la famille Kersanté s’était progressivement spécialisée dans la monoculture de salades, à destination de la grande distribution, les nouveaux propriétaires ont également décidé de rediversifier la production, en tenant compte de la demande locale. « La population de Seine-Saint-Denis est multiculturelle avec plus d’une centaine de nationalités représentées », souligne Caroline Robin. Afin de s’adapter aux traditions culinaires du plus grand nombre, mais aussi faire découvrir des légumes rares, de nouvelles espèces ont été plantées (maïs doux, chou kale…). Un choix visiblement payant puisque la ferme ouverte de Saint-Denis attire chaque jour de nouveaux adeptes, se réjouit Caroline. La limitation des déplacements pendant les prochaines semaines pourraient renforcer le pouvoir de séduction des lieux, les produits locaux ayant été fortement plébiscités pendant le premier confinement.

Ecoutez le podcast « En mouvement » avec Caroline Robin sur inseinesaintdenis.fr

Infos pratiques : Ferme ouverte de Saint-Denis, 114 avenue de Stalingrad, Saint-Denis (93). Visite de la ferme et marché de légumes tous les jours sauf le dimanche de 14h à 18h30. Pendant le confinement, seul le marché reste ouvert au public tous les jours de 14h à 18h30. Ateliers famille organisés tous les mercredis et samedis et certains dimanches de l’année (hors confinement). Tarifs : 3€ (plein tarif) pour les habitants de Saint-Denis, La Courneuve, Stains et Pierrefitte-sur-Seine, sinon 4,60€ (plein tarif) et 4,20€ (enfants) pour les visites de la ferme, 4€ (plein tarif) pour les ateliers (réservés aux enfants). Accès : Métro Saint-Denis Université Ligne 13. Plus d’infos sur lesfermesdegally.com