Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En septembre dernier, des chercheurs du CNRS et de l’université Paris Cité ont mis en ligne un site foisonnant à la disposition de tous portant sur le marché locatif des meublés touristiques, de type Airbnb, dans le Grand Paris. Pour ce faire, ils se sont basés sur des données d’AirDNA, une entreprise américaine destinée aux investisseurs. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats sont sans équivoque : Airbnb étend désormais son empire jusqu’en grande couronne. En moins de dix ans, le marché a explosé en Île-de-France. Alors qu’en 2016 Paris concentrait 81 % des réservations Airbnb, en 2022, ce sont seulement 54 % des nuitées qui se sont effectuées dans Paris intra-muros. « La progression de la petite et de la grande couronne est en forte progression », résume Louis Laurian, ingénieur en science de l’information géographique au CNRS.
Autre fait remarquable : les annonces commerciales se sont envolées et passent de 24 % en 2016 à 42 % en 2022. Le Grand Paris intéresse donc les investisseurs, un marqueur de l’attractivité de la région. Sans surprise, les secteurs de Fontainebleau (Seine-et-Marne), de la haute vallée de Chevreuse (Yvelines / Essonne) mais aussi de Disneyland Paris (Seine-et-Marne) et des zones aéroportuaires sont les plus demandés. Côté tarifs, si les prix intra-muros sont toujours supérieurs à ceux des autres communes, une nuit réservée en Île-de-France a augmenté en moyenne de 36 % depuis 2016.
Des annonces multipliées par près de 9 en Seine-Saint-Denis en 7 ans
Souvent montrées du doigt, les plateformes comme Airbnb peuvent impacter fortement l’offre de logements disponibles pour les populations locales et causer la hausse des prix de l’immobilier. Alors que les locations de meublés touristiques ont fleuri un peu partout en France, une proposition de loi visant à en durcir la réglementation est discutée depuis fin novembre (elle ne devrait pas être votée avant le printemps).
Pour autant, le sujet est sensible, car les locations Airbnb permettent également d’ouvrir certains territoires au tourisme. « Nous ne sommes pas confrontés au surtourisme en Seine-Saint-Denis. Pour nous, le boom des Airbnb sur notre territoire est plutôt un indicateur positif », nuance Vincent Chartier, directeur de la communication de Seine-Saint-Denis Tourisme. « Ces plateformes ont évidemment besoin d’un encadrement juridique plus strict mais il faut se poser la question de la balance bénéfice-risque. Que les touristes viennent chez nous et fassent sortir certains quartiers de leur isolement et du manque de mixité sociale est une aubaine pour tout le territoire », ajoute-t-il.
Entre 2015 et 2022, la Seine-Saint-Denis a multiplié presque par 9 le nombre des annonces actives, passant de 1 311 à 9 341. Dans le Val-de-Marne, ces chiffres ont bondi de 958 à 7 763 tandis que dans les Hauts-de-Seine on est passé de 2 268 à 12 498. « Cela veut dire que les touristes passent au-dessus des stéréotypes et cela vient désenclaver nos banlieues », insiste Vincent Chartier. La banlieue, the new place to Airbnb ?
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18 décembre 2023