Parmi tous les lieux d’urbanisme transitoire qui ont vu le jour dans le Grand Paris ces dernières années, les Grands Voisins, créés par les associations Yes We Camp, Aurore et Plateau urbain, occupent une place à part. Installés depuis 2015 entre les murs de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris (14e) en attendant la construction d’un éco-quartier, ils ont promu une autre manière de penser la ville en mettant des espaces vacants à disposition de projets d’intérêt général (hébergement d’urgence, restaurants solidaires, ateliers d’artistes…). Alors qu’ils doivent fermer leurs portes cette année, le réalisteur Bastien Simon, qui a fait partie des résidents, leur consacre un documentaire, « Les Grands Voisins, la cité rêvée », qui sort ce 1er avril sur la plateforme d’e-cinéma la 25eheure, confinement oblige.
Comment avez-vous découvert les Grands Voisins ?
Bastien Simon : C’est un ami qui m’en a parlé en 2015. On était au tout début de l’aventure. Je m’y suis rendu par simple curiosité et je suis tombé instantanément amoureux de ce que j’y ai vu. Je ne désirais plus qu’une chose, y obtenir un atelier. Si mon premier dossier de candidature n’a pas été retenu, j’ai tout de même fini par obtenir une place. J’ai immédiatement décidé de sortir ma caméra le plus souvent possible pour capter la dynamique des lieux. En 2016, j’ai réalisé 12 mini-films de 15 minutes portant à chaque fois sur une personnalité ou une association emblématiques des Grands Voisins. J’ai pu rencontrer de nombreuses personnes inspirantes et ainsi effectué sans le savoir les premiers repérages pour mon documentaire.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans la démarche des lieux ?
Ce qui m’a plu, c’est la capacité des Grands Voisins à rassembler un large public. Quand on est aux Grands Voisins, on est au coeur des différences mais la force des lieux est d’être parvenu à fédérer tout le monde. Même si tout est fait pour nous diviser dans la société, ce petit village d’irréductibles prône le contraire et met en lumière la cohésion.
Y’a-t-il une séquence du film qui vous a marqué plus que les autres ?
La scène qui me touche le plus se situe à la fin du film, lors d’un concert. Nous sommes en plein hiver, il fait très froid dehors mais à l’intérieur de la salle, nous sommes tous plongés dans un cocon de chaleur humain. La musique qui plus est un peu transcendante. C’est un moment qui m’a marqué.
Que souhaitez-vous faire passer comme message ?
Je souhaite dire beaucoup de choses mais surtout d’oser participer aux changements. Les Grands Voisins est un laboratoire social qui pense l’avenir et qui le teste toujours en avançant. J’espère faire passer l’idée que ces tiers-lieux sont essentiels et qu’ils doivent continuer d’exister.
Infos pratiques : Documentaire « Les Grands Voisins, la cité rêvée », à voir à partir du 1er avril sur 25eheure.com. Tarif : 5€. La société de distribution La 25e Heure propose une expérience comme au cinéma mais à domicile. Les films peuvent ainsi être visionnés en ligne aux mêmes horaires que les séances en salle et via un procédé de géolocalisation.
A lire : Mais au fond, que faut-il retenir de l’expérience des Grands Voisins ?
29 mars 2020 - Paris