Changer le monde, ça peut se faire depuis chez soi. C'est ce qu'a entrepris Marie Paniez en créant une ferme urbaine dans sa maison de Saint-Denis où se mêlent potager partagé, espace de coworking et atelier vélo.
Lancer son propre projet, aussi fou soit-il, qui n’en a jamais rêvé ? Marie Paniez, trésorière de l’association Vergers Urbains, avait envie de participer à sa façon, et depuis chez elle, à la transition écologique. En novembre dernier, elle a donc choisi avec son mari de quitter la Porte de la Chapelle pour s’installer à Saint-Denis (93) dans une grande maison avec jardin qu’elle a transformée en ferme urbaine multifonction. « Chez Basile », ouvert fin février, mêle ainsi jardins partagés, espace de coworking et atelier vélo. Les lundis et vendredis après-midi, les Dionysiens peuvent ainsi venir jardiner moyennant une adhésion de 25€ par an. “ J’ai choisi des moments où je peux attirer ceux qui sont bloqués chez eux et leur donner une opportunité de s’ouvrir, d’apprendre et de mieux se nourrir, explique Marie. On espère éviter les instincts de propriété du terrain. La distribution des récoltes se fera spontanément entre les adhérents, je ne veux pas intervenir.”
Lorsque son compagnon finit par nous rejoindre, on s’attend à rencontrer Basile. “Pas du tout, moi c’est Raphaël ! On a choisi ce nom en hommage à la basilique de Saint-Denis, à quelques pas d’ici”, répond-il amusé. Un nom qu’arbore également l’un des coqs originaires de Mantes-la-jolie et qui arpentent la basse-cour.
Ces activistes de la terre sont des adeptes de la permaculture. Marie nous explique qu’elle a planté des légumes vivaces, qui résistent à l’hiver et repoussent tout seuls (artichauts choux, poire-melon…). “Les habitants sont nombreux à vouloir acheter nos graines. L’an prochain je mettrai en place une pépinière”, indique-t-elle. Dans le jardin, un atelier de location et de réparation de vélos a ouvert ses portes et reçoit les habitants du quartier tous les après-midis. Un petit commerce qui fonctionne déjà bien.
Quant à l’espace de coworking, il se divise en deux petites pièces pouvant accueillir jusqu’à six personnes. Wi-Fi, café et thé à volonté, cuisine commune et salle de réunion à disposition, le tout pour 230€/mois, accessible du lundi au vendredi de 9h à 19h. Pour les plus nomades, une carte de douze jours est proposée à 150€. Et bien entendu, les coworkers sont invités à prolonger leur pause café les mains dans la terre. Pour le moment, on trouve deux membres de la compagnie de théâtre Terraquée, une traductrice et un journaliste venu terminer l’écriture de son livre.
« Nous sommes en droit de reprendre notre liberté de cultiver »
L’origine de cette aventure est le fruit à la fois d’une envie de partager un savoir-faire et d’une conviction forte. Marie et son compagnon entendent sensibiliser les habitants de Saint-Denis aux bases du jardinage responsable, afin que ces derniers réitèrent l’expérience ailleurs et que la prise de conscience s’étende. “Nous sommes en droit de reprendre notre liberté de cultiver et d’obtenir par nous-mêmes du bio véritable et pas cher”, clame Marie sans pour autant tomber dans le discours moralisateur. Si jamais Rungis fermait, que ferait-on ? L’Île-de-France doit retrouver une certaine autonomie alimentaire. Cet essor actuel de l’agriculture urbaine est nécessaire. Il faut pouvoir toucher tous les profils de consommateurs”. C’est pourquoi Chez Basile on souhaite à terme organiser des débats réunissant habitants et spécialistes autour de ces questions d’agriculture en ville. En attendant, dès que le soleil sera définitivement installé, Marie et Raphaël ajouteront une corde à leur harpe en programmant des séances de cinéma en plein air dans le jardin. La bande à Basile va probablement très vite s’agrandir.
Infos pratiques : Chez Basile, 22 rue de la Légion d’Honneur, Saint-Denis (93). Coordonnées : contact@chezbasile.fr ou 0623363017. Plus d’infos sur www.chezbasile.fr
27 avril 2017 - Saint-Denis