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« Il faut repenser le rapport aux cours d’eau franciliens »

Baignade dans le bassin de la Villette à Paris (19e) / © Ana Wegner
Baignade dans le bassin de la Villette à Paris (19e) / © Ana Wegner

Ce 17 juillet, trois espaces de baignade doivent être inaugurés dans le bassin de la Villette à Paris. Militants de la première heure de la brasse dans les cours d’eau grand-parisiens, les membres du Laboratoire des baignades urbaines expérimentales plaident pour l’extension du domaine des aires baignables. Co-fondateur du Labo, Pierre Mallet s'est jeté à l'eau pour nous dresser les enjeux de la pratique.

 

Le 21 juin dernier, soirée de fête de la musique caniculaire, une centaine de baigneurs fêtent joyeusement l’été dans l’eau du bassin de la Villette à Paris (19e). Avant même l’inauguration ce lundi 17 juillet des trois bassins amarrés quai de la Loire (19e), la baignade urbaine – même pirate – semble faire partie du quotidien de la capitale.

Cette tendance fait écho à une actualité parisienne particulièrement riche : retour de compétitions de natation en eau vive, projet d’un espace de baignade naturelle dans le lac Daumesnil, et surtout épreuves des Jeux olympiques prévues dans la Seine. Avec en ligne de mire l’objectif clairement exprimé de rendre le fleuve praticable à la baignade libre dans la foulée de l’événement. Le sujet, qui a longtemps souffert de promesses sans lendemain, ne prête aujourd’hui plus à rire, et c’est tant mieux !

Une tendance métropolitaine

Paris semble être prête à devenir pro-active sur le sujet. Si la dynamique actuelle est forcément positive, il est cependant nécessaire que cet enjeu soit appréhendé collectivement avec les territoires franciliens limitrophes, pour que la baignade urbaine puisse aussi s’épanouir au-delà des limites du périphérique. L’annonce récente de l’objectif de baignades dans la Marne pour 2022 et les 49 sites de la métropole identifiés par l’Atelier parisien d’urbanisme comme potentiels sites de baignade sont des signaux encourageants en ce sens. Car l’histoire du siècle passé nous le rappelle, c’est à l’échelle du Grand Paris que la relation baignade / fleuve se joue. Durant toute la première partie du XXe siècle, c’est déjà extra-muros que l’on trouve les meilleurs endroits pour se baigner. D’Ivry-sur-Seine à Meaux, de Champigny-sur-Marne à Ris-Orangis, bains flottants, baignades municipales et plages de sable fin permettent une baignade ludique et sécurisée plébiscitée par les banlieusards et les Parisiens.

À l’époque, ces différents espaces représentent de formidables lieux gratuits de socialisation et d’initiation à l’activité physique. De la base de loisirs à la guinguette populaire, les rives franciliennes accueillaient des lieux associés à la détente et au plaisir. La pollution de l’eau grandissante à partir du milieu des années 60, et l’arrêté préfectoral qui suivra interdisant la baignade dans la Marne, ont cependant eu raison de ces lieux collectifs, en région parisienne comme ailleurs en France et en Europe.

Réinventer le rapport aux cours d’eau

À l’image de nos baignades dans le canal de l’Ourcq depuis 4 ans, impulsons sans attendre un changement de regard sur les rivières franciliennes par une réappropriation joyeuse et spontanée. Réinventons la Seine certes, mais de façon citoyenne, collective et concrète ! Réactivons les espaces vacants et endormis en bordure de rivière, et créons de nouvelles synergies entre les sphères culturelles, sportives, environnementales et associatives pour y développer de nouveaux possibles. Profitons de la dynamique métropolitaine pour changer notre regard sur l’urbain, pour refaire de la ville un terrain d’expériences collectives et de surprises. Pour faire des territoires franciliens des espaces de liberté, permettant à leurs habitants de jouir à nouveau de lieux trop longtemps confisqués à la population. Il serait temps de (re)voir la baignade urbaine comme un outil de valorisation des territoires de même que comme un loisir accessible à tous. A nous d’inventer les équipements baignables du XXIè siècle : permissifs, ouverts sur la ville, respectueux de leur environnement et des paysages alentours. À nous d’agir dès maintenant pour faire de ce Grand Paris “ploufable” une des réalités de demain.

 

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