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Cet été, il est prévu que la baignade publique entre en Seine

La Seine à Paris / © LeFrolin (Creative commons)
La Seine à Paris / © LeFrolin (Creative commons)

Alors que l'ouverture de sites de baignade dans Paris devrait avoir lieu à l'occasion de Paris Plage, Enlarge your Paris s'est entretenu avec l'architecte Julia Moutiez qui étudie le phénomène des baignades urbaines en Île-de-France et en Europe du Nord.

Pourquoi la baignade dans la Seine pendant les JO a-t-elle eu tant d’impact ?

Julia Moutiez : Lorsque la mairie décide de candidater de nouveau aux Jeux olympiques et paralympiques en 2015, il y a un enjeu de renouvellement de l’image de Paris très fort. La ville traverse une série de crises, liées entre autres aux attentats, qui vont donner lieu à une campagne médiatique pointant des « no-go zones » touristiques. Il s’agit alors d’utiliser des événements comme les JO comme des supports pour mettre en scène le cadre urbain parisien et la qualité de vie qu’il peut offrir. Mobiliser la Seine permettait à la fois de montrer en arrière-plan une grande part du patrimoine parisien et de promouvoir la qualité environnementale ainsi que les politiques écologiques mises en place ces dernières décennies. Mais cela ne suffit pas à expliquer l’emballement médiatique autour du fleuve à l’approche de l’événement. Je pense que le fait que jamais des épreuves olympiques n’aient été organisées dans ce type de site, et plus encore le fait qu’il y ait eu peu de grands travaux à inaugurer pour cette édition des Jeux, ont orienté les projecteurs vers le fleuve. Cela permettait aussi de créer du suspens autour de la réussite ou de l’échec du pari de la ville de Paris, et à certains acteurs et actrices en lien avec les enjeux environnementaux de se rendre visibles, comme la fondation Surfrider qui a fait ses propres tests de qualité de l’eau de la Seine.

Quels acteurs ont été mobilisés pour faire en sorte que des épreuves puissent se dérouler dans le fleuve ?

Le fait que les épreuves aient pu se dérouler dans le fleuve est le fruit de longs efforts en matière de qualité de l’eau, qui sont bien antérieurs aux Jeux olympiques. Dans les années 1960-1970, les cours d’eau sont très dégradés. Une première loi en France s’attaque au problème et inspirera des directives européennes plusieurs décennies après. Mais l’objectif de 2024 a accéléré cette dynamique. Il a permis de créer des groupes de travail élargis entre acteurs de l’eau et de l’assainissement, l’État et les collectivités, et de s’attaquer à des problèmes plus complexes à gérer tels que les mauvais branchements.

Deux sites devraient ouvrir dans Paris l’été prochain. Quelles sont les conditions pour que cela fonctionne ?

Le premier enjeu reste lié à la pluie, comme pour les épreuves olympiques. Les grands orages estivaux ou les cycles de l’eau qui se dérèglent peuvent rapidement dégrader la qualité du fleuve. Il existe deux autres problématiques majeures : la cohabitation avec la navigation, qui implique la négociation d’espaces et de temps, et la réalisation d’aménagements dans un contexte très contraint. Ce qui explique le choix d’ouvrir les deux premiers sites de baignade au pont Marie (4e) et à l’île aux Cygnes (15e), des endroits où le fleuve se sépare en deux afin de permettre une circulation alternée. Pour ces premières expérimentations, on s’éloigne du modèle des barges qui délimitent un bassin fermé comme au XIXe et au XXe siècles. L’idée est d’éviter tout risque de collision avec la navigation fluviale. Mais à terme mon hypothèse est que ces deux typologies cohabiteront.

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