Qu’est-ce que Geovelo ?
Antoine Laporte-Weywada : Geovelo est né en 2010 à Tours. Après plusieurs années de recherche et développement, nous avons lancé notre application en 2017. Elle est gratuite pour les cyclistes et leur permet de trouver les itinéraires adaptés pour circuler à vélo. Les cyclistes peuvent également suivre leurs statistiques ou accéder à des itinéraires touristiques. A l’heure où je vous parle, l’appli a été téléchargée plus de 850.000 fois. D’ailleurs, les collectivités territoriales et les communes travaillent à partir de nos données pour améliorer les aménagements cyclables.
La crise sanitaire a remis le vélo sur le devant de la scène. Quel bilan en tirez-vous ?
La pratique du vélo s’est en effet largement répandue. Près de 400.000 nouvelles personnes ont rejoint l’appli entre mai 2020 et mai 2021. Au cours du mois de mai cette année, on a enregistré 86.600 trajets effectués à Paris et en petite couronne, soit une hausse de 15% en un an. On assiste à un véritable saut quantitatif en matière d’usage. En Île-de-France, des personnes qui prenaient auparavant les transports en commun ou la voiture se sont mises au vélo. Et d’une pratique ponctuelle, elles sont passées à un usage récurrent. Résultat, la distance moyenne des trajets a augmenté en Île-de-France, passant de 6 à 7 kilomètres. Sur autant de trajets, ce n’est pas rien.
Comment expliquez-vous ce bond en avant du vélo ?
Les aménagements cyclables temporaires, les fameuses « coronapistes », y ont bien sûr contribué. Avant la crise sanitaire, aller à vélo à La Défense ou de Paris à Vincennes, c’était compliqué et dangereux en raison des discontinuités sur les parcours. Avec ces pistes transitoires, dont certaines se pérennisent, faire du vélo paraît bien plus sécurisant et engageant. Un autre point important, c’est le développement du vélo électrique. Il permet de faire du vélo à tout âge et de couvrir des distances assez importantes.
En Île-de-France, les cyclistes sont-ils donc avant tout des vélotaffeurs ?
C’est en effet la catégorie de cyclistes qui a le plus progressé en un an. Concrètement, dès qu’une personne télécharge l’appli, très souvent, elle rentre d’abord l’adresse de son domicile et l’adresse de son travail. Mais on observe un phénomène de vases communicants entre les deux pratiques : les Franciliens commencent par découvrir le vélo pour leurs trajets domicile-travail puis basculent sur notre catalogue d’itinéraires touristiques.
Quels sont les axes les plus empruntés par les cyclistes grand-parisiens ?
Globalement, 80% du trafic vélo est concentré sur seulement 15% des rues. On note une concentration sur le boulevard Sébastopol et la rue de Rivoli, qui représentent à eux seuls environ 10% des trajets à vélo enregistrés par l’appli ! Le boulevard Magenta est aussi très fréquenté, tout comme les quais de Seine de la rive gauche. Dans le Grand Paris, les pistes cyclables sont déjà saturées. D’ailleurs, la vitesse moyenne est passée de 16,5 km/h avant le premier confinement à 15 km/h dès le déconfinement du printemps 2020.
Pensez-vous que les élections départementales et régionales pourront permettre d’aller encore plus loin ?
Le vélo a un énorme potentiel pour améliorer la mobilité du quotidien à l’échelle de toute la région, et non pas juste à Paris. On va être attentifs aux déclarations des prochaines semaines mais c’est clairement le moment pour les dirigeants politiques d’afficher leur ambition en la matière. Ils ont la main pour pérenniser l’usage du vélo.
Infos pratiques : Plus d’infos sur geovelo.fr
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3 juin 2021