"Le Piéton du Grand Paris", c'est lui : Guy-Pierre Chomette, écrivain voyageur qui a suivi le tracé du futur métro du Grand Paris Express - ce gigantesque projet de transports en commun (200 km de rails, plus de 70 gares) qui doit propulser Paris et sa banlieue dans une nouvelle ère économique, sociale et culturelle... d'ici à 2030.
« Le Piéton du Grand Paris », c’est lui : Guy-Pierre Chomette, écrivain voyageur qui a suivi le tracé du futur métro du Grand Paris Express – ce gigantesque projet de transports en commun (200 km de rails, plus de 70 gares) qui doit propulser Paris et sa banlieue dans une nouvelle ère économique, sociale et culturelle… d’ici à 2030.
Mais en attendant le premier coup de pioche (2017), Guy-Pierre Chomette a fait l’inspecteur de travaux pas commencés. A la vitesse qu’il affectionne, celle du piéton. Histoire de voir ce qui se passe là où passeront bientôt (?) les lignes 15, 16, 17, 18… du métro du Grand Paris.
Il a tiré de cette expérience un élégant et amusant récit de voyage, mêlant anecdotes et fines descriptions des gens et des lieux, que soulignent les photos poétiques et decalées de son compagnon de marche, Valerio Vincenzo.
de Guy-Pierre Chomette, photos de Valerio Vincenzo. 282 pages. Editions Parigramme.
Où le Piéton du Grand Paris que vous êtes s’est-il aventuré ?…
Nous avons réalisé une traversée Nord-Sud-Nord depuis Roissy, en contournant Paris par l’Est et en remontant par l’Ouest, ce qui nous a permis de rallier les différentes lignes du futur métro.Mon sujet de prédilection étant les frontières, nous avons cherché celles du futur Grand Paris, aux confins de la banlieue, là où la ville et les champs se rencontrent, se frottent, se cherchent. Nous avons percé le tissu urbain, très dense, de la Seine Saint Denis (Aulnay, Clichy, Bondy), et longé les champs de blé de l’Hurepoix (91 et 78).
Notre périple nous a fait traverser quatre pays qui entourent et nourrissent Paris depuis des siècles : le Parisis, au Nord, des boucles de l’Oise jusque celles de la Marne, qui correspond aux actuels Val d’Oise et Seine Saint Denis ; la Brie, plein Est (Val de Marne) ; l’Hurepoix, au Sud, où coulent l’Yvette, la Bièvre et l’Orge, qui traversent les Hauts de Seine et l’Essonne. Et puis le Mantois – les Yvelines.
Tout cela sera modifié par le métro. Comment, quand ? Personne ne peut le dire.
Et ces vieux « pays », ils existent toujours ? Ils pourraient façonner la future identité grand-parisienne ?
Pas vraiment. Ces pays survivent dans la mémoire de quelques-uns. Je les ai évoqués pour le plaisir de faire un voyage géographique et historique. Alors qu’est-ce qui va créer de l’identité ? C’est une vraie question. Aujourd’hui il n’existe pas de monuments incarnant le Grand Paris. Roissy et la Tour Pleyel sont tristes…
Et pour les gens, c’est une chose soit très abstraite, soit complètement étrangère à leur quotidien. Les gars de Bobigny ne sont jamais allés à Saint Quentin. Mais on en reparlera dans cinquante ans. Parce que selon moi les transports vont fortement contribuer à créer une identité commune.
Justement, les gens que vous avez rencontrés, ils savent que cela existe, ce projet de Grand Paris Express ?
Pas du tout, personne n’en parle, voire même ne connait l’existence de ce projet ! Sauf les élus qui attendent le désenclavement, notamment dans le 93. Mais bon, tout cela, c’est à échéance de vingt ans, c’est très abstrait, et rien n’est certain. Ceci étant dit, le métro va raccorder des territoires décousus, fragmentés. Et ça, on le comprend en marchant. Parce que la topographie parle un autre langage que la carte administrative qui a découpé les territoires selon sa propre logique.
Je vous donne un exemple : quand vous êtes à Clichy Sous Bois (93), vous avez tout d’un coup une perspective qui va jusqu’à la Défense. Le paysage vous fait comprendre que le plus riche et le plus pauvre appartiennent au même ensemble. C’est ça que le métro va rejouer. C’est passionnant. Il faudra juste être patients.
22 juin 2014