![Les paysages du futur Parc naturel régional Brie et Deux Morin en Seine-et-Marne / © PNR Brie et Deux Morin](https://storage.googleapis.com/eyp-wordpress/1/2025/02/pnr-brie2morin-10.jpg)
Elle compte aujourd'hui 4 parcs naturels régionaux (la Haute Vallée de Chevreuse, le Gâtinais français, l'Oise - Pays de France et le Vexin français) qui s'étendent sur une surface équivalente à 27 fois Paris. D'ici deux à trois ans, l'Île-de-France en disposera d'un cinquième avec le parc naturel Brie et deux Morin en Seine-et-Marne. Cultivateur bio et président du Syndicat mixte d’études et de préfiguration du projet, Éric Gobard en dépeint les contours à Enlarge your Paris.
En décembre dernier, vous avez été nommé président du syndicat de préfiguration du parc naturel régional « Brie et deux Morin ». Où se situe ce futur parc ?
Éric Gobard : Le parc, qui s’étendra sur 84 communes et presque 100 000 hectares, est situé à l’Est de l’agglomération parisienne, entre la Marne et la Seine, au cœur d’un grand territoire agricole que l’on appelle le Plateau briard, et qui couvre l’essentiel du département de la Seine-et-Marne. Au milieu de ce gigantesque plateau coulent des rivières – la Marne, le Petit Morin et le Grand Morin – qui ont creusé des vallons très bucoliques. Pour la petite histoire, le cinéaste Jean-Pierre Jeunet y a tourné des scènes d’extérieur d’Un long dimanche de fiançailles, dans un paysage qui était censé être dans le Périgord. Notre idée est de faire de ce territoire aussi beau que méconnu un parc naturel régional pour le mettre en valeur et le protéger.
Qu’est-ce qui menace ces paysages ?
La Seine-et-Marne, c’est 42 % de la surface de la région Île-de-France, et environ 10% de sa population. Nous sommes donc un territoire très rural avec des terres agricoles extrêmement fertiles. La Seine-et-Marne fournit depuis des siècles du blé aux boulangers de Paris ! Le problème, c’est que depuis le XXe siècle les terrains agricoles sont devenues les réserves foncière de l’urbanisation et nous sommes préoccupés par la poussée urbaine de l’agglomération parisienne et de Marne-la-Vallée. C’est pour rester agricoles et pour préserver nos paysages que nous avons eu l’idée il y a une dizaine d’années de créer un parc naturel régional (PNR). Notre objectif est clair : stopper le béton qui vient de l’Ouest.
En quoi appartenir à un parc naturel est une protection contre l’urbanisation ?
Dans chaque commune de France il y a un Plan local d’urbanisme (PLU) qui dit ce que l’on a le droit de bâtir ou pas. Et quand on est dans un PNR, toutes ces règles deviennent très protectrices. Cela va de la préservation des haies et des arbres à l’interdiction de construire sur des terrains naturels. Et cela va très loin dans les détails : tous les petits aménagements du quotidien (ronds-points, abribus, panneaux publicitaires, etc.) sont encadrés afin d’éviter de transformer les entrées de villes et de villages en catalogues de la « France moche ». Mais le PNR n’est pas que défensif. Son rôle est d’appuyer le développement économique des territoires ruraux et de renforcer les filières agricoles. Nous sommes un territoire de production laitière qui permet de produire le brie, spécialité fromagère connue dans le monde entier. Appartenir à un parc naturel, c’est aussi se donner les moyens de soutenir ce type d’activité économique.
![Le PNR Brie et deux Morin est traversé par 3 rivières : la Marne, le Petit Morin et le Grand Morin / © PNR Brie et Deux Morin](https://storage.googleapis.com/eyp-wordpress/1/2019/02/pnr-brie2morin-27.jpg)
Cette démarche de PNR s’inscrit aussi dans les récentes décisions de la Région Île-de-France en termes de préservation des terres agricoles…
En effet, notre projet de PNR fait écho au tout récent Schéma directeur de la Région Île-de-France (SDRIF-E) qui pose comme règle de protéger les terres agricoles ainsi que la biodiversité. Ce schéma, un peu technique mais essentiel pour notre territoire, a été voté par le conseil régional en 2024 et rentre progressivement en vigueur. D’ailleurs la Région Île-de-France soutient depuis le début notre projet, à la fois politiquement, administrativement et financièrement.
En plus d’être maire d’une commune rurale, Aulnoy, votre engagement est nourri par votre métier d’agriculteur. Que produisez-vous ?
Je fais de la polyculture en bio et nous produisons également avec notre blé des farines fermières bio. Pendant très longtemps je produisais de manière traditionnelle, avec des pesticides, et puis un jour j’ai eu une prise de conscience très forte. En dessous de mon exploitation se trouve un affleurement de la très grande nappe phréatique de Champigny, qui constitue le plus grand gisement d’eau potable d’Île-de-France et qui alimente le 77, le 93 et le 94. Je me suis rendu compte que je devais préserver de toute pollution chimique cette ressource naturelle unique et indispensable. Et nous nous sommes mis au bio avec mon épouse. La Seine-et-Marne est le département qui concentre la majeure partie des exploitations bio d’Île-de-France. C’est un trésor sur lequel il faut s’engager, investir et capitaliser.
Quelles sont les prochaines étapes pour la création du PNR ?
Nous avons le soutien de la Région et nous avons transmis un dossier très détaillé au Préfet de Région. Tous les voyants sont au vert et après douze ans de travail et de plaidoyer, nous pouvons espérer une création du PNR Brie et deux Morin d’ici deux à trois ans.
Infos pratiques : plus d’infos sur pnrbrie2morin.fr
![](https://storage.googleapis.com/eyp-wordpress/1/2019/02/pnr-ile-de-france-page-001.jpg)
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7 février 2025