Nous sommes encore en janvier, le temps des bonnes résolutions. Alors pourquoi pas s’engager dans une asso ? Oui, mais laquelle ? On vous propose d’aller voir du côté de Studhelp. Fondée pendant le premier confinement en 2020 par trois jeunes actifs, l’association vient en aide aux étudiants en situation de précarité alimentaire. Pour rappel : selon l’étude menée par Linkee, association qui lutte contre le gaspillage alimentaire, 97 % des étudiants se restreignent sur la quantité et la qualité de leur alimentation et un étudiant sur cinq se présente aux distributions de banques alimentaires. Autre chiffre éloquent, 2/3 des étudiants sont en situation de grande précarité financière. Il ne leur reste en effet que 50 € pour vivre une fois les factures payées. Autant dire qu’il y a du boulot !
Le fonctionnement de Studhelp est simple : il suffit de s’inscrire en ligne. Quelques jours plus tard, vous recevrez les coordonnées de plusieurs étudiants géographiquement proches de vous. À vous d’entrer en contact avec eux car ce n’est pas forcément évident pour l’étudiant de faire le premier pas afin de demander de l’aide. Par mail ou par téléphone, on s’organise avec lui pour lui acheter ce dont il a besoin. Épousant l’air du temps, Studhelp a su capter ce qui rendait l’investissement des donateurs plus simple : un fonctionnement souple qui permet de coordonner son emploi du temps avec celui de l’étudiant, la création de lien social, et la satisfaction de voir le résultat concret de son action : un panier de courses pour un étudiant en difficulté.
C’est ainsi que je me retrouve en contact avec Paola(1), venue du Brésil pour suivre un cursus en urbanisme. Comme elle habite à quelques stations de tram de chez moi, je lui propose qu’on aille faire les courses ensemble. À l’instar de Paola, bon nombre des 4 250 étudiants suivis par Studhelp viennent du monde entier. Car la précarité alimentaire parle aussi d’une forme d’isolement social. Et, parmi les bénéficiaires, 54 % vivent en Île-de-France. Au gré des allées du supermarché, elle me raconte son enfance au Brésil. C’est aussi ce qui est chouette avec Studhelp : au-delà de l’aide apportée, des rencontres se nouent. Des céréales, des pâtes, des légumes, un peu de viande… tout en discutant, nous suivons la liste élaborée par Paola. On évoque la possibilité qu’elle vienne passer Noël à la maison car, évidemment, l’aller-retour pour le Brésil est trop onéreux.
Des étudiants qui demandent le strict nécessaire
Quelques semaines plus tard, je relance Paola, savoir si elle a besoin de quoi que ce soit. Elle me dit que tout va bien pour le moment. Bonne nouvelle : elle a quelques copains brésiliens qui restent eux aussi à Paris et lui proposent de fêter Noël ensemble. Je prends donc contact avec une autre étudiante de l’association : Julie(1) qui fait des études de droit. Cette nouvelle rencontre montre aussi la variété des profils d’étudiants victimes de précarité alimentaire. Julie vient de la classe moyenne, mais ses parents paient à son frère et à elle des logements dans deux villes différentes où chacun d’eux suit son cursus. Ils ne peuvent leur donner plus. Aussi Julie multiplie-t-elle les petits jobs d’hôtesse d’accueil. Mais, en période de partiels, difficile d’allier les missions tard le soir ou le week-end avec les révisions. C’est donc dans ces moments-là qu’elle se retrouve en difficulté.
Contrairement à Paola, Julie passe trop tard chez moi, je lui ai donc acheté son panier de courses en amont grâce à la liste qu’elle m’a envoyée par Internet. Une chose me frappe : Paola comme Julie demandent le strict nécessaire. « C’est déjà super d’être aidé, on ne va pas abuser », justifie Julie. Elle me raconte comment ces rencontres, au-delà des denrées alimentaires, la reboostent et lui redonnent du courage. Une fois partie, elle m’envoie plusieurs SMS de remerciements. Elle s’enquiert, quelques jours plus tard, de savoir si mon fils a été déçu du résultat de la finale de Coupe du Monde ; puis m’informe de la façon dont se déroule le début de son stage. On prévoit de dîner bientôt ensemble à la maison. Tout comme avec Paola qui, en ce début d’année, demande si on peut lui donner un petit coup de pouce. Si on m’avait dit un jour que je trouverais ça chouette d’aller au supermarché…
(1) Les prénoms ont été modifiés
Infos pratiques : pour rejoindre l’équipe des donateurs de Studhelp, rendez-vous sur studhelp.fr
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26 janvier 2023