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A Stains, on est à cheval sur la collecte des déchets alimentaires

A Stains en Seine-Saint-Denis, les Alchimistes assurent une collecte des déchets alimentaires à l'aide d'un cheval / © Vianney Delourme pour Enlarge your Paris
A Stains en Seine-Saint-Denis, les Alchimistes assurent une collecte des déchets alimentaires à l’aide d’un cheval / © Vianney Delourme pour Enlarge your Paris

Trois jours par semaine, un cheval de trait parcourt les rues de Stains pour collecter les déchets alimentaires de 400 familles du quartier du Clos Saint-Lazare afin de les transformer en compost. Une initiative lancée par les Alchimistes, spécialistes du recyclage des biodéchets, et dont nous parle Alexandre Guilluy, l'un des cofondateurs.

Pourquoi avoir lancé une collecte des déchets alimentaires avec une carriole à cheval ?

Alexandre Guilluy : La collecte des déchets alimentaires est une pratique encore peu développée en ville. Le cheval nous aide à attirer l’attention des habitants. Les enfants adorent Quêteur, qui touche aussi les plus anciens, notamment ceux d’origine rurale qui ont le souvenir de la présence animale en ville. Et puis, un cheval cela apaise tout le monde. Même les automobilistes ! Ensuite, nous avons voulu créer une boucle vertueuse en associant la plus ancienne ferme du 93 toujours en activité, le ramassage des bio-déchets et leur transformation en compost dans notre petite usine. Et c’est le cheval qui fait le lien entre toutes ces activités.

Combien de familles participent-elles à votre démarche ?

Aujourd’hui, nous ramassons les restes de près de 400 familles du quartier du Clos Saint-Lazare à Stains et dans quelques mois nous collecterons plus de 2.000 foyers ! Les déchets alimentaires représentent 30% du poids de nos poubelles, ce qui fait chaque année jusqu’à 100 kilos par personne. Dans le quartier du Clos Saint-Lazare, qui compte 10.000 habitants, le potentiel est de 1.000 tonnes par an et notre objectif est d’en récolter 20 % d’ici à trois ans. Pour y arriver, il faut une bonne logistique mais aussi convaincre les habitants de faire le tri. C’est pour cela que nous organisons des visites scolaires sur notre site de transformation. Les enfants y découvrent que leurs épluchures et les restes de leurs repas deviennent en six à huit semaines un compost de grande qualité, produit à deux pas de chez eux et qui va ensuite permettre de faire pousser des légumes et des fleurs dans le quartier.

Quel regard portez-vous sur le quartier ?

On entend beaucoup dire que c’est un quartier « difficile », comme si les habitants devaient être définis par leurs difficultés plutôt que par leurs talents. Ce n’est pas notre vécu, peut-être en raison de la présence du cheval, qui donne le sourire à tout le monde. En tous cas, notre démarche prend tout son sens ici, dans l’ancienne plaine des Vertus, une ceinture maraichère aujourd’hui en partie disparue mais qui a longtemps nourri Paris. L’aéroport du Bourget étant tout près, les normes anti-bruit ont limité la pression immobilière et il reste encore des friches agricoles non loties, des jardins ouvriers, sans parler de la superbe cité-jardin de Stains. Depuis quelques années, avec l’agriculture urbaine, la production maraîchère redémarre. Les habitants peuvent désormais acheter fruits et légumes bio à la Ferme des Possibles, à Stains, et à la Ferme ouverte de Saint-Denis. Une troisième micro-ferme devrait ouvrir à côté de notre site de production de compost à Saint-Denis.

On parle beaucoup de nature en ville. Pour végétaliser la ville, il faut un sol riche et donc du compost…

Près de 90% du Grand Paris est un îlot de chaleur. Pour végétaliser la ville, il faut un sol riche. Il n’y a aucune raison d’aller prendre les terres fertiles des zones rurales et agricoles pour reverdir les villes afin de les adapter au changement climatique. C’est pour cela que remettre dans les sols urbains une matière organique abondamment produite sur place est à la fois une démarche éthique, écologique et rationnelle !

Infos pratiques : Plus d’infos sur alchimistes.co

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