Société
|

Les 20 choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur La Haine

La Haine de Mathieu Kassovitz, l'un des blockbusters du Grand Paris © Alatele fr (Creative commons - Flickr)
Vincent Cassel, Saïd Taghmaoui et Hubert Koundé (de g. à dr.) dans La Haine sorti en 1995 / © Alatele fr (Creative commons – Flickr)

Vous n'avez pas vu le temps passer et pourtant La Haine a 25 ans. Une bonne raison de rouvrir l'album souvenirs alors que le film ressort en salles ce 5 août.

Article publié le 27 février 2015 et réactualisé le 6 août 2020

Parfois, comme le disaient les Inconnus, « la banlieue, c’est pas rose ». En 1995, I Am est élu groupe de l’année aux Victoires de la Musique tandis que La Haine sort dans un grand remous médiatique. Vint-cinq ans plus tard, le deuxième long-métrage de Mathieu Kassovitz reste culte, inspirant de près ou de loin tout un genre cinématographique, de Ma 6-t va crack-er au plus politiquement correct Qu’Allah bénisse la France. Retour en 20 anecdotes sur un film toujours d’actualité.

1. « La Haine » est inspirée de l’affaire Makomé M’Bowolé, zaïrois de 17 ans tué d’une balle dans la tête par un policier lors de sa garde à vue dans le 18e arrondissement de Paris en 1993.

2. « La Haine » s’est d’abord appelée « Droit de cité », plus politiquement correct pour convaincre les mairies d’autoriser le tournage. Il aura fallu un an pour pour sélectionner une vingtaine de cités potentielles. Aucune commune n’a accepté, hormis Chanteloup-les-Vignes (78) et sa Cité de la Noé.

3. Le film a été tourné en couleurs, à la demande du coproducteur, Canal +, mais les copies ont été tirées en noir et blanc pour la diffusion en salles. Face au succès rencontré, l’esthétique a été conservée pour le passage à la télévision.

4. À leur arrivée sur place, les membres de l’équipe ont été pris pour des militaires et se sont fait caillasser.

5. L’équipe a vécu deux mois dans la cité, dans deux appartements, dont un qui s’est fait cambrioler. Le reste du tournage s’est déroulé sans encombres, notamment grâce à l’association Les Messagers qui reposait sur le concept de « grands frères ».

6. Le fameux « c’est à moi que tu parles ? » est une réplique empruntée à Robert De Niro dans le film Taxi Driver, de Martin Scorsese. Après avoir tourné la scène, Vincent Cassel a remercié Mathieu Kassovitz, sûr du succès qu’elle aurait.

7. Hubert Koundé a joué notamment dans « Plus belle la vie ». En 1996, il avait obtenu le César du meilleur espoir masculin pour le rôle d’Hubert. Le reste de l »équipe ne voulait pas se rendre à la cérémonie, arguant être contre l’esprit que ces récompenses dégageaient.

8. Le nom Astérix, qu’utilise Saïd lors de la scène de l’interphone, est remplacé par Snoopy dans plusieurs versions étrangères.

9. Sur le tournage, Vincent Cassel trouvait Mathieu Kassovitz si convaincant dans son rôle qu’il souhaitait qu’il le remplace. Le metteur en scène apparaîtra finalement brièvement dans le rôle d’un skinhead.

10. Faute de moyens, le plan de survol au dessus de la cité a été réalisé par un mini-hélicoptère téléguidé. L’ombre de l’appareil, qui se voyait sur la façade de l’immeuble au début de la scène, a été effacée numériquement. Mathieu Kassovitz considère tout de même cette séquence comme ratée.

11. Le DJ qui apparait avant le plan de survol est DJ Cut Killer. Le titre joué, “Sound of da Police”, de KRS-1, est samplé dans “Police”, de NTM.

12. Kassovitz a voulu annuler la première projection aux distributeurs car la copie du film n’était pas la bonne. Son producteur l’en a empêché de force.

13. VSD a fait une Une sur “La Haine”, avec une photo exclusive de Jean-Baptiste Mondino. L’équipe, qui déteste ce magazine, était furieuse, d’autant que l’article comportait de nombreuses informations fausses.

14. Avant la sortie du film, Mathieu Kassovitz et les principaux acteurs sont invités chez Bernard Pivot, dans l’émission Bouillon de culture. Hubert Koundé et Saïd Taghmaoui sont fouillés de près à l’entrée, ce qui provoque ensuite une gêne générale dans l’équipe de France 2. Sur le plateau, Mathieu Kassovitz arbore une casquette avec une feuille de cannabis.

15. Mathieu Kassovitz reçoit le prix de la mise en scène à Cannes. François Truffaut a eu la même récompense au même âge (27 ans) avec Les 400 coups en 1959.

16. À Cannes, les policiers chargés de la sécurité ont tourné le dos à l’équipe à la fin de la cérémonie, en signe de protestation contre le film.

17. Le producteur Christophe Rossignon, fidèle collaborateur de Kassovitz, apparaît à l’écran dans la peau d’un chauffeur de taxi, métier qu’il avait exercé dans sa jeunesse.

18. Jean-Louis Debré, alors ministre de l’Intérieur, a déposé plainte contre la chanson Sacrifice de poulet, du Ministère AMER, enregistrée en 1995 pour un disque hommage au film.

19. Lors d’une interview, Mathieu Kassovitz a fait pleurer un journaliste qui lui soutenait que le policier meurt dans la scène de fin (alors que l’interprétation est libre puisqu’il y a le son du coup de feu sans l’image).

20. Alain Juppé, Premier Ministre à l’époque, aurait organisé une projection spéciale du film pour les membres de son ministère.

Lire aussi : L’école Kourtrajmé à Clichy donne vie à une nouvelle génération de cinéastes

Lire aussi : Le Grand Paris en 40 films

Lire aussi : Quand Chris Marker imaginait le confinement des Parisiens en 1962 dans « La jetée »