Jusqu'en janvier, la Philharmonie de Paris présente l'installation « Zidane, un portrait du XXIe siècle ». L'occasion de s'immerger aux côtés d'une des légendes du foot à travers 17 écrans. Une œuvre unique en son genre qui ne laisse personne sur la touche.
Que ceux qui recherchent une exposition didactique sur la carrière de Zinédine Zidane passent leur chemin. « Zidane, un portrait du XXIe siècle », l’œuvre visuelle et sonore de Douglas Gordon et Philippe Parreno installée à la Philharmonie de Paris (19e), n’a d’ailleurs pas cette vocation. Immersive, conceptuelle, sensible, contemplative, déroutante, fascinante… Les adjectifs sont nombreux pour décrire cet ovni artistique qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui captera peut-être ceux qui pensaient rester sur la touche.
Une chose est néanmoins certaine : pas besoin d’être fan de ballon rond. Le concept ? Fruit du film de 90 minutes centré sur Zinédine Zidane durant un match opposant le Real Madrid au Villareal, réalisé en 2004 par le même duo, l’installation fut déjà exposée au Palais de Tokyo en 2013. Composée de 17 écrans répartis dans une salle sombre, elle forme un kaléidoscope géant à travers lequel le spectateur est invité à se déplacer au milieu des images, avec en fond sonore la musique du groupe Mogwai et les bruitages du match. « C’est la porosité entre le sport et l’art qui nous intéressait ; nous souhaitions qu’en venant pour Zidane on découvre finalement une œuvre d’art, explique le réalisateur Philippe Parreno. Le projet remonte au début des années 2000 quand, avec Douglas Gordon, nous avons eu l’idée de réaliser ensemble un film sur lui. Nous l’avons rencontré dans les vestiaires et il a accepté. Au-delà de la légende du foot qu’il est, Zizou est d’une élégance rare dans sa manière de se déplacer, d’être ; il fait presque penser à une figure tragique ».
« En marchant, on partage un espace particulier avec le personnage »
Il ne s’agit ni de découvrir un match ni le jeu du joueur, que l’on voit d’ailleurs beaucoup marcher et observer. Certes, on avoue avoir mis quelques minutes pour « entrer » dans l’œuvre, car notre cerveau tentait de comprendre, en vain, le sens des images. Le son et la marche sont venus très vite à notre secours et ont fini par happer notre attention. À chacun de projeter ce qu’il veut sur les images. « Nous avons tenté de saisir l’intensité de l’instant. Ensuite, c’est au spectateur de créer sa propre fiction. En marchant, on partage un espace particulier avec le personnage », note Philippe Parreno. Les prises de son ont d’ailleurs été pour la plupart reconstituées en studio avec Zinédine Zidane ou captées pendant d’autres matchs. « Chacun trouve sa propre dramaturgie, ajoute Nicolas Becker. Je crois que la solitude et l’attente du joueur se retrouvent dans le son et dans la musique planante de Mogwai. »
Le résultat est là : à chaque ola, on ressent, comme au milieu du stade, l’émotion provoquée par la ferveur du public. « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept écrans », aurait pu écrire Arthur Rimbaud. Zizou, lui, n’a plus 17 ans, mais continue à faire rêver.
Infos pratiques : exposition « Zidane, un portrait du XXIe siècle », à la Philharmonie de Paris, 221, avenue Jean Jaurès, Paris 19e. Du 5 octobre au 7 janvier. Ouvert du mardi au jeudi de 12 h à 18 h, le vendredi de 12 h à 20 h, le samedi de 10 h à 20 h, le dimanche de 10 h à 18 h (horaires différents durant les vacances scolaires de la zone C). Tarifs : 10 € (plein tarif), 5 € (moins de 28 ans et minima sociaux), gratuit pour les moins de 12 ans. Accès : métro Porte de Pantin (ligne 5), tramway T3b arrêt Porte de Pantin. Infos et réservations sur philharmoniedeparis.fr
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12 octobre 2023 - Paris
