Ancienne demeure de Napoléon et de l’impératrice Joséphine, le château de Malmaison (Hauts-de-Seine) est habitué aux mélanges des styles. Déjà en 2019, il avait accueilli des œuvres de l’artiste afro-américain Kehinde Wiley, pour un dialogue insolite avec le peintre Jacques-Louis David, auteur de la fameuse toile du Sacre de Napoléon. Jusqu’au 16 novembre, c’est au tour du graffeur Codex Urbanus, dont le bestiaire fantastique orne les murs de Montmartre, de prendre possession des lieux.
Dès l’entrée, ses chimères colorées se glissent subtilement. Aux murs, des reproductions des oeuvres florales florales de l’artiste Pierre-Joseph Redouté sont visitées par d’étonnantes créatures mi-animales, mi-végétales. Une entrée en matière qui donne envie de partir à la recherche de la trentaine d’œuvres disséminées dans le château.
L’art du détournement
Car c’est tout le talent de l’artiste que d’être parvenu à intégrer ses œuvres dans le décor classique de l’ancienne demeure des Bonaparte. « Cette exposition est originale car c’est assez rare qu’un graffeur, qui ne demande pas l’autorisation pour réaliser ses œuvres dans la rue, s’invite dans un musée, un espace institutionnel », explique Emmanuel Delbouis, consultant en stratégie de marques auprès du ministère de la Culture et qui a orchestré l’exposition. Dans le salon doré, Codex Urbanus revisite le projet de statue-fontaine éléphant voulue par Napoléon place de la Bastille mais qui n’a jamais vu le jour. Dans la salle à manger, la vaisselle raconte l’épopée du street art tandis que dans la bibliothèque, l’artiste s’est réapproprié les objets liés à la conquête militaire : une mappemonde et une carte envahies par ses chimères colorées.
Renouveler l’intérêt du public local
Un mélange des époques voulu par Emmanuel Delbouis. « Chaque époque retient une facette d’un personnage iconique, d’où la nécessité de faire intervenir d’autres artistes pour redonner une pertinence moderne au patrimoine. Ici, les œuvres de Codex Urbanus s’inscrivent de manière discrète dans le décor tout en évoquant le lieu et ses occupants : le propre bestiaire de Joséphine, les conquêtes militaires de Napoléon… ». Une manière également de proposer aux Franciliens une autre lecture du patrimoine. « Avec le contexte de la crise sanitaire, c’est le bon moment pour développer de nouvelles expériences dédiées au public local, pour susciter sa curiosité et renouveler son intérêt. »
Infos pratiques : Exposition « Chimères impériales, chimères vandales » au Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, avenue du château de Malmaison, Rueil-Malmaison (92). Du 13 octobre au 16 novembre. Fermé le mardi. Tarif : 6,50€ (plein tarif), gratuit pour les moins de 26 ans. Accès : Gare de Rueil-Malmaison RER A, puis bus 258 ou 259 arrêt « Le Château ». Plus d’infos sur musees-nationaux-malmaison.fr
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23 octobre 2020 - Rueil-Malmaison