Culture
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TRAM, passeur d’art contemporain depuis plus de 40 ans dans le Grand Paris

Une oeuvre de la performeuse Emilie Moutsis, artiste soutenue par le réseau TRAM / © TRAM
Une œuvre projetée de la performeuse Émilie Moutsis, artiste soutenue par le réseau TRAM / © TRAM

Depuis plus de 40 ans, le réseau TRAM fait connaître les lieux d'art contemporain de l'autre côté du périphérique. À l’occasion de Nuit blanche, trois balades sont prévues, en bus et à vélo, pour partir notamment à la découverte du Houloc à Aubervilliers, un collectif de 33 artistes, ou bien encore de la Supérette à Malakoff. Coprésidente du réseau, Aude Cartier fait le point avec Enlarge your Paris.

Qu’est-ce que le réseau « TRAM » ?

Aude Cartier : Tout a démarré il y a un peu plus de quarante ans : l’association IAPIF (information arts plastiques Île-de-France) naissait afin de proposer des lieux d’expérimentation situés en périphérie de Paris ou dans la grande couronne. Car, dans les années 1980, on avait tendance à oublier – et parfois aujourd’hui encore ! – que ce sont dans ces lieux souvent éloignés de la capitale qu’émergent les jeunes artistes exposés plus tard dans les grands musées et les galeries parisiennes. Appelé désormais TRAM, ce réseau de sites consacrés à la création contemporaine a toujours eu pour ambition de valoriser la périphérie, de montrer qu’il était possible de circuler d’un territoire à l’autre. Des lieux parisiens sont désormais inclus à ce réseau de 33 structures dédiées à l’art contemporain en Île-de-France. On peut y trouver des écoles, des galeries, des centres d’art et parfois tout cela à la fois. C’est aussi un réseau de professionnels qui permet l’entraide et favorise la circulation des infos et des idées. Enfin, l’un des objectifs de ce réseau – et pas des moindres – est d’amener le grand public vers ces lieux et ces territoires par le biais de « taxitram » (en bus), de « randotram » (à pied), et de balades artistiques à la découverte d’œuvres et d’artistes.

Vous avez d’ailleurs prévu un dispositif spécial pour Nuit blanche…

Nous allons proposer trois balades gratuites en « taxitram », c’est-à-dire en bus, de 19 h jusqu’à environ une heure du matin, avec au programme des expositions, de la danse contemporaine, des installations et des projections de films. Le public aura le choix entre trois parcours possibles : à l’ouest, de la Terrasse de Nanterre (Hauts-de-Seine), à la Supérette de Malakoff (Hauts-de-Seine) en passant par le Centre d’art contemporain Chanot à Clamart (Hauts-de-Seine) ; au nord-est avec le MABA de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne), la Maison populaire de Montreuil (Seine-Saint-Denis) et le Houloc à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), un lieu qui regroupe un collectif de 33 artistes ; enfin au sud-est avec la visite de la Galerie et Centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), la Galerie Jean-Collet de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) et l’École et l’Espace d’art contemporain Camille-Lambert à Juvisy-sur-Orge (Essonne).

Au-delà des aspects liés aux transports, comment rendre accessible l’art contemporain au grand public ?

La médiation et l’éducation artistique sont inscrites dans la charte de TRAM. Chaque lieu du réseau doit proposer au minimum un médiateur ou une médiatrice afin d’accueillir et guider le public. On essaye, à chaque « taxitram » ou « randotram », d’intégrer aux balades les initiateurs des projets voire les artistes eux-mêmes. Nous proposons aussi des livrets de médiation à ceux qui préfèrent les visites libres. Au bout de 40 ans, nous avons assez de recul pour voir les fruits de ce travail de médiation et de proximité. Aujourd’hui, nous recevons des demandes de stages de la part de ceux qui, 15 ans auparavant, ont découvert les lieux d’art contemporain du réseau TRAM grâce à des sorties scolaires ! Et, si tous ne continuent pas à s’intéresser à ces lieux, tous les connaissent. La Maison populaire de Montreuil porte bien son nom par exemple puisqu’elle est implantée dans un quartier plutôt populaire justement. Elle possède des salles réservées aux ateliers artistiques des enfants du quartier qui passent dans le centre d’art pour aller à leurs cours. Ils baignent donc dans la création contemporaine. C’est à partir de petites graines que naissent les grandes forêts !

Infos pratiques : Balades en bus gratuites proposées par le réseau TRAM pour Nuit blanche le samedi 1er octobre. Infos et inscriptions sur tram-idf.fr

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