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Pour ses 40 ans, le Frac Île-de-France rend l’art contemporain accessible

Le Frac Île-de-France dans les anciens laboratoires pharmaceutiques Roussel-Uclaf à Romainville / © Frac Île-de-France
Le Frac Île-de-France dans les anciens laboratoires pharmaceutiques Roussel-Uclaf à Romainville / © Frac Île-de-France

Pour les 40 ans du Fonds régional d'art contemporain Île-de-France, l'exposition « Gunaikeîon » vous fait voyager jusqu'au 24 février dans différents univers entre les murs des anciens laboratoires pharmaceutiques Roussel-Uclaf à Romainville qui abritent aujourd'hui les réserves du Frac ainsi que la Fondation Fiminco.

En partenariat avec le Frac Île-de-France

Sur la toile tendue dans le hall d’entrée des réserves du Frac Île-de-France (Fonds régional d’art contemporain) à Romainville (Seine-Saint-Denis), l’artiste Eva Barto a fait inscrire cette phrase : « Sorry, you are not on the list ». C’est un peu la sensation qu’on peut avoir parfois en visitant une expo d’art contemporain : l’impression de ne pas avoir la carte pour saisir les œuvres exposées. Bonne nouvelle : ce n’est pas le cas en visitant « Gunaikeîon », qui célèbre le quarantième anniversaire du Frac Île-de-France. Gunaikeîon – ou « gynécée » en français – désigne l’appartement réservé aux femmes dans le monde antique. En l’occurrence, elles sont cinq à se partager le commissariat de cette manifestation. Piochant dans les réserves du Frac mais aussi en invitant des artistes, chacune compose un univers dans lequel le visiteur se plaît à déambuler.

Camille Martin nous plonge ainsi avec le chapitre « Mes mensonges sont aussi les vôtres » dans une belle ambiance de polar. Partant d’une toile de Jacques Monory représentant une scène de crime, elle expose les œuvres comme autant de fragments d’une enquête qu’il va s’agir pour chacun de reconstituer. Au gré de la visite, on découvre avec bonheur les photos de Mayssa Jaoudat, capturant l’étrange ambiance nocturne de Vancouver. Face au portrait de Clara d’Abdelhak Benallou, comment ne pas penser à une petite sœur de la fameuse Laura Palmer du Twin Peaks de David Lynch ? Exposées en partie dans la chaufferie de la fondation Fiminco, en face des réserves, les œuvres sont sublimées par l’ambiance industrialo-étrange des lieux.

Avec « Ascendant idéal », Elsa Vettier, elle, interroge nos conversations manquées et nos difficultés à communiquer. Comme quand l’artiste Shimabuku tente désespérément une rencontre entre un poulpe et… des pigeons. Fabienne Audéoud propose une collection de parfums aux noms… perturbants : « Tender Starking », « My Manager » ou « La Chute ». Inspirée par l’afrofuturisme, Daisy Lambert explore avec « Apprendre et s’enfuir » un présent en cours d’effondrement tout en ouvrant la voie à un futur plus désirable. Parmi les œuvres présentées, Glissement de terrain de Stéphanie Brossard fascine : une table en fer surmontée d’un monticule de sable se met à trembler dès qu’un séisme a lieu sur terre avec des impulsions proportionnelles à la magnitude. Lors de notre visite, on a donc pu comparer l’effet d’un tremblement de terre au Japon (10 h 01), aux Philippines (10 h 18), à Java (10 h 22) ou au Nicaragua (10 h 23). Avec The End, Victor Burgin présente une rue de New York dévastée, digne d’un blockbuster postapocalyptique.

L'exposition "40 ans du Frac ! Gunaikeîon" à Romainville / © Frac Île-de-France
L’exposition « 40 ans du Frac ! Gunaikeîon » à Romainville / © Frac Île-de-France

Quand nature et techno s’entremêlent

Jade Barget a pour sa part intitulé son segment « Serum Radiance » et y déploie un univers où nature et techno s’entremêlent comme avec le Love Seat with Aquarium d’Andrea Blum qui accole un fauteuil à un aquarium comme une tentative un peu artificielle d’avoir un lien avec notre environnement. Jürgen Nefzger capte des plaisanciers sur une plage… avec, en fond, la centrale nucléaire de Paluel. Enfin, Céline Poulin déploie quant à elle un univers ludique avec « Joue ou perds » : serez-vous capable de vous glisser à l’intérieur d’un élastique, comme vous le propose Shimabuku (oui, celui qui orchestrait la rencontre entre un poulpe et des pigeons) ? Vous pourrez aussi plonger dans les œuvres « géométricolorées » d’Ad Minoliti.

Petite recommandation : si vous le pouvez, passez voir l’expo avant le 16 décembre. En effet, ensuite, la partie proposée dans la chaufferie sera fermée. Or, même si certaines œuvres seront réexposées dans le bâtiment du Frac, cela vaut la peine de les voir en situation dans cet espace étonnant. Quoi qu’il en soit, avant ou après, laissez-vous enfermer dans ce « Gunaikeîon ». Vous ne le regretterez pas.

Infos pratiques : exposition « 40 ans du Frac ! Gunaikeîon », Frac Île-de-France – Les Réserves – Fondation Fiminco, 43, rue de la Commune-de-Paris, Romainville (93). Jusqu’au 24 février. Ouvert du mercredi au samedi de 14 h à 19 h, fermé les jours fériés. Entrée libre. Accès : métro Bobigny–Raymond Queneau (ligne 5). Plus d’infos sur fraciledefrance.com

L'exposition "40 ans du Frac ! Gunaikeîon" à Romainville / © Frac Île-de-France
© Frac Île-de-France

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