Si certaines personnes ont plusieurs cordes à leur arc, en ce qui concerne Hedy Lamarr (1914-2000), il faudrait y ajouter un carquois XXL garni de nombreuses flèches. Jugez plutôt : à 18 ans, dans Extase, elle est la première actrice à apparaître nue dans un film non pornographique et à y simuler un orgasme. King Vidor, Jacques Tourneur, Victor Fleming… À Hollywood, elle tourne avec les grands noms de l’âge d’or. Pendant la guerre, elle imagine un système pour guider les torpilles alliées afin qu’elles échappent aux nazis qui préfigure tout bonnement… le wifi. À ses heures perdues, elle se lance dans la peinture et le dessin qu’elle compose à même le sol. Cette existence protéiforme méritait bien une expo.
C’est chose faite à la Galerie, le centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). Jusqu’au 21 janvier, l’exposition « Hedy Lamarr, the Strange Woman » propose les regards croisés de douze artistes contemporains sur cette personnalité étonnante du XXe siècle, à la croisée des sciences « sérieuses » et de la frivolité hollywoodienne. « Le projet est né d’une collaboration avec l’artiste Nina Childress », explique Marc Bembekoff, directeur de la galerie et co-commissaire de l’exposition avec Nina Childress. « Nina est tombée sous le charme d’Hedy Lamarr, a creusé sa biographie, et a découvert toutes ses facettes. La Galerie étant une villa du XIXe de style néo-Renaissance, je trouvais que l’esthétique des lieux collait bien avec l’idée de cet Hollywood décadent. »
Une soirée sous le signe des drag-queens pour Nuit blanche
Peinture, installation, dessins, performances : Hedy Lamarr a effectivement largement inspiré les participants de l’exposition. « Certaines œuvres préexistaient mais nous avons aussi passé des commandes », précise Marc Bembekoff. Avec Body Double, Brice Dellsperger croise son image – parée de son étonnant costume étoilé – dans La Danseuse des Folies Ziegfeld avec celle de Lynda Carter dans Wonder Woman. Nina Childress la représente magnifiquement quand Cyril Duret reproduit en sanguines des images tirées du film de Cecil B. de Mille, Samson et Dalila, dont elle est la vedette. « L’exposition marie des visions très littérales d’Hedy Lamarr, tel le portrait d’elle par Jean-Luc Blanc, avec des évocations plus lointaines comme les décors de Florian Bézu, qui se situent à la croisée des maquettes architecturales, de la maison de poupée et du décor de cinéma », précise Marc Bembekoff.
On vous conseille de profiter de Nuit blanche pour découvrir cette très belle exposition. Y sera en effet programmée une soirée placée sous le signe des drag-queens. « Cela nous semblait cohérent car, en 1966, Andy Warhol a réalisé le film Hedy dans lequel il faisait jouer le rôle d’Hedy Lamarr par le travesti Mario Montez, explique Marc Bembekoff. Nous nous inscrivons donc pour Nuit blanche dans cette relecture warolhienne. » À partir de 19 h, Félicie Prine et Janine Tendo prendront donc les commandes de la Galerie pour plusieurs sessions de lipsync et un bingo avec des lots à la clé. C’est dire si vous aurez tout à gagner à passer Nuit blanche à la Galerie !
Infos pratiques : Nuit blanche autour de l’exposition « Hedy Lamarr, the Strange Woman » à la Galerie, 1, rue Jean-Jaurès, Noisy-le-Sec (93). Samedi 1er novembre à partir de 19 h. Accès : gare de Noisy-le-Sec (RER E) puis 15 minutes de marche ou arrêt Marché des Découvertes (bus 105). Plus d’infos sur lagalerie-cac-noisylesec.fr
La Galerie à Noisy-le-Sec / © Nathanaëlle Puaud
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23 septembre 2022 - Noisy-le-Sec