Les tenues d’inspiration gothique qui jalonnent la file d’attente ne trompent pas : nous sommes bien dans la queue permettant d’entrer dans « Le Labyrinthe de Tim Burton », l’exposition immersive proposée jusqu’au 20 août à l’espace Chapiteaux du parc de la Villette à Paris (19e).
Avec mon acolyte du mercredi, nous pénétrons donc à l’intérieur d’une immense structure de 1 000 m2 coiffée d’une tête monstrueuse aux dents acérées, visiblement prête à engloutir le visiteur. À l’intérieur, on nous donne les consignes : dans chaque pièce, il nous faudra choisir entre différentes portes pour poursuivre la visite. Interdiction de revenir en arrière ! La visite sera donc forcément partielle, mais elle permet néanmoins d’accéder à quinze salles. Les titulaires de billets premium, eux, ont le droit d’accéder une deuxième fois à l’expo pour expérimenter un parcours différent.
Une expo conçue pour être « instagrammable »
C’est un buzzer qui détermine la porte de départ. Pour nous, ce sera la 3 qui nous plonge illico dans l’univers de Vincent, court-métrage de Burton réalisé en 1982 (il est alors animateur pour Disney). On y voit un petit garçon obsédé par le comédien, spécialiste du film d’épouvante, Vincent Price (le monologue et le rire démoniaque sur le morceau Thriller de Michael Jackson, c’est lui). Nous voici donc face à des statues convaincantes de Vincent et de son chien. Sur les murs, on retrouve des dessins préparatoires originaux de Tim Burton pour son projet. Tout au long de l’exposition, le principe est le même : une installation largement « instagrammable » et des dessins de Burton en relation avec la thématique de la salle. Les cartels sont plutôt bien faits, créant, via des thématiques, des ponts entre les œuvres du cinéaste.
La visite se poursuit par une incursion dans l’univers de Batman avec la statue du Pingouin et le costume du Joker. Puis, dans une pièce molletonnée de velours rouge, la Reine de cœur d’Alice au pays des merveilles nous désigne d’un doigt vengeur. Notre binôme bloque devant la statue de l’un de ses gardes : « Wouah, je me rendais pas compte que les costumes étaient aussi beaux ! » Avant de nous harponner tandis qu’on regarde les dessins de Burton : « Bon, on choisit quelle salle maintenant ? Vas-y, tu mets mille ans à regarder les trucs là ! »
L’envie de revoir Edward aux mains d’argent
Clairement, entre l’ado et moi, c’est deux salles, deux ambiances. Lui se délecte de l’atmosphère fête foraine de l’expo avec portes à pousser sans savoir ce qu’elles nous réservent. Moi, j’aimerais bien me plonger un peu plus dans les dessins de Burton à la fragilité émouvante, peuplés de monstres attachants, d’antihéros esquissés d’un trait presque chancelant et en même temps terriblement précis. Des dessins qui sont autant de témoignages d’œuvres en train de se faire. Mais bon, justement, l’émotion a un peu de mal à s’épanouir, étouffée par la dimension ludique de l’événement. D’autant que ce sont plus de 150 œuvres originales du cinéaste qui sont exposées, dont on aurait aimé profiter dans une scénographie un peu plus intime.
Il n’empêche, on a un petit pincement au cœur dans la pièce consacrée à Edward aux mains d’argent où le héros est figuré face à la statue en glace qu’il réalise de Kim, son impossible amour. Nous revient en mémoire la sublime scène finale du film où on comprend que c’est en sculptant la neige qu’Edward fait tomber des flocons sur la ville. « Franchement, faudrait trop qu’on le revoie, ce film », souligne notre acolyte. On ne peut qu’approuver.
Reste une question, la même pour toutes les expositions « barnum » de ce type. Vaut-elle le coup ou plutôt… le coût ? Car, avec des billets à partir de 18 €, « le Labyrinthe de Tim Burton » se range dans la catégorie des sorties pas données-données. On a envie de répondre oui si on parvient à résister au dispositif qui incite à aller vite pour découvrir les surprises à venir, à se mettre dans sa bulle pour profiter des dessins exposés, des textes plutôt bien ficelés (et pas trop longs pour les plus jeunes visiteurs) ainsi que des citations bien choisies. À l’instar de celle de Winona Ryder qui nous semble un résumé parfait de l’univers burtonien : « Tim connaît la douleur des incompris, des bizarres et même des fous. Il les célèbre d’une manière à la fois totalement unique, compatissante, tendre, terrifiante et souvent hilarante. Mais ses personnages conservent toujours leur dignité. »
Infos pratiques : « Le Labyrinthe de Tim Burton », espace Chapiteaux, parc de la Villette, avenue Corentin Cariou, Paris (19e). Jusqu’au 20 août. Ouvert tous les jours. Tarif : à partir de 18 €. Accès : métro Corentin Cariou ou Porte de la Villette (ligne 7). Infos et réservations sur timburtonexhibition.com
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5 juin 2023 - Paris